dimanche 30 janvier 2011
Vous voulez changer de sexe ? Une seule destination : la Thaïlande. C’est du moins le message que veulent faire passer un groupe de médecins spécialisés ainsi que certains officiels commerciaux du pays. Il est vrai que le royaume bénéficie d’atouts considérables dans sa quête pour s’octroyer la part du lion du marché mondial de la chirurgie transsexuelle. La qualité de la main-d’oeuvre d’abord : une dizaine de chirurgiens thaïlandais sont reconnus être parmi les meilleurs dans le monde très fermé de ces sommités de la chirurgie plastique.
La faiblesse du baht la monnaie thaïlandaise aidant, vous pouvez vous doter d’organes sexuels féminins flambants neufs et d’une poitrine à faire pâlir de jalousie votre voisine de palier pour 30 000 francs tout compris. En Europe ou aux Etats-Unis, le même type d’opération coûterait deux à trois fois plus cher. « C’est un moyen pour la Thaïlande de redresser son économie », explique Suwattana Aribarg, psychiatre spécialisée dans le « désordre identitaire ». La chirurgie transsexuelle n’est que l’un des nombreux services médicaux que le département de promotion des exportations souhaite développer : les soins gériatriques, la médecine par les herbes, les massages traditionnels. Avant la crise financière, des hôpitaux privés de Bangkok s’étaient luxueusement équipés à grand renfort de prêts bancaires. Depuis le krach, la clientèle thaïlandaise est repartie vers les hôpitaux publics moins chers. L’idée est donc de s’adresser aux clients étrangers, d’« exporter » le savoir-faire médical. Et c’est particulièrement sur le créneau transsexuel que la Thaïlande tranche par sa compétitivité. Un des hôpitaux privés les plus luxueux de Bangkok propose ainsi des « packages tours » pour 5 000 dollars (environ 30000 francs) pour une opération de changement de sexe à partir des Etats-Unis, billet d’avion et service limousine à l’aéroport inclus.
« Je suis infirmière. Cet hôpital est phénoménal, je n’ai jamais vu un tel niveau de service ailleurs dans le monde », s’exclame Jodie Macintosh, 45 ans, à sa sortie de l’hôpital Bumrungrad, dans le centre de Bangkok, où elle a été transformée en femme. Pendant cinq ans, Jodie, une Britannique résidant à San Francisco, a évalué les mérites des chirurgiens plastiques du monde entier. « Au final, il s’est avéré que ce chirurgien thaïlandais était le meilleur en ce moment », explique-t-elle.
Certains docteurs spécialisés restent toutefois réservés. « Le trouble identitaire est une maladie. Ethiquement, on ne peut pas faire de promotion pour une maladie », considère le docteur Preecha Tiewtanon entre les mains duquel sont passés un millier de candidats au changement de sexe. Mais la plupart considèrent que l’image des médecins thaïlandais a tout à gagner de cette politique. « Que voulez vous dire par éthique ? Cette spécialité médicale existe. Elle est bien développée en Thaïlande. Le reste est une affaire personnelle entre le patient et le médecin », considère le docteur Surapong Ambhavong, président de l’Association thaïlandaise des hôpitaux privés .