jeudi 5 janvier 2012
Un des problèmes majeurs des femmes en Asie du Sud-est est celui de la contraception. La sexualité de la femme étant une sorte de tabou, il leur est difficile de parler de contraception ou de protection contre les IST (Infection Sexuellement Transmissible). Les femmes sont souvent mariées très tôt et on attend souvent d’elles qu’elles enfantent le plus rapidement possible. L’information est quasi-nulle ou carrément inexistante et ce sont les adolescentes qui en pâtissent le plus.
Les rôles respectifs de la femme et de l’homme est un élément crucial du problème de la contraception, l’éducation est différente, la place professionnelle est différente, les attentes de la société sont différentes. La fertilité de la femme doit être prouvée le plus rapidement possible dès lors que l’adolescente ou la jeune femme se marie. Toutefois, on peut noter qu’une majorité de femmes mariées sont au courant des méthodes de contraception modernes telles que la pilule (99% en Thaïlande par exemple), tout comme l’IUD (IntraUterine Device ou stérilet) est devenu la méthode la plus connue au Vietnam par l’intermédiaire d’une politique étatique. Le Vietnam est aussi un des pays les plus informés en matière de préservatifs, talonné de près par l’Indonésie (53%), les Philippines et la Thaïlande (85-89 %). 22% des Philippines, 43% des Thaïlandaises et 45% des Indonésiennes utilisent un contraceptif, le plus souvent dit réversible. Les méthodes irréversibles sont de moins en moins utilisées, voire utilisées de manière infinitésimale (0,5% en Thaïlande). Il se passe plus ou moins la même chose pour les méthodes traditionnelles.
Un autre problème que rencontre la contraception en Asie du Sud-est est celui de l’utilisation discontinue de celle-ci, surtout chez les adolescentes. Le manque d’éducation sexuelle se fait cruellement ressentir et c’est le facteur le plus important dans l’incompréhension des méthodes contraceptives chez les jeunes femmes. Autres facteurs : le mari et la religion qui ont un ascendant certain chez les jeunes épouses.
Toutefois, il reste que les adolescentes déjà mariées sont plus au courant que les autres. Le sexe hors mariage est tabou et peu de jeunes femmes acceptent de révéler qu’elles sont sexuellement actives avant le mariage (2% au Vietnam). L’utilisation d’un contraceptif dans leur cas est très inégale, et seuls, d’après les rares études qui ont été faites, 32% utiliseraient des préservatifs ou une contraception traditionnelle. Un cas particulier : les Philippines où 50% se protègent.
Les femmes en Asie du Sud-est sont souvent mariées très jeunes et ce n’est que rarement de leur plein gré. Elles ne peuvent jouer que deux rôles : celui de l’épouse et celui de la mère. Les carcans qui entourent cette visions sont serrés tant socialement qu’économiquement. Toutefois, la lutte étatique pour protéger ces femmes d’une patriarchie annihilante est en marche, tant dans le cas des violences sexuelles que dans celui de la contraception qui donne à la femme le choix de faire ce qu’elle veut de son corps, d’apprendre à le maîtriser.
Par Rodrigue Tchuidjan