samedi 28 mars 2009
Pour un programme TV, 20 ans, ce n’est certainement pas loin d’être le plus bel âge de la vie. Un âge canon, en tout cas, presque canonique. Car il aura fallu bien du talent à ce programme court pour devenir vieux sans être lassant pour l’audimat. C’est que, d’évolution en révolution, les ingrédients ont gardé la même efficacité et la même fraîcheur.
20 ans en prime time
C’est le 16 mars en prime time sur Canal+. En coulisse, on parle de surprises comme l’intervention de vrais personnages (PPDA à la place de sa marionnette, Carla Bruni ?...) Mais l’émission sera surtout l’occasion de montrer des sketches inédits et de revenir sur une des plus belles réussites du P.A.F. Pourtant, rien n’était joué d’avance…
L’ombre des Nuls
Quand les Guignols apparaissent sur Canal, par la volonté d’Alain de Greef, c’est pour remplacer le “JTN“ (le JT des Nuls) dans “Nulle Part Ailleurs“. Nous sommes fin août 1988, et le programme est baptisé “Les Arènes de l’info“. Pendant deux ans, l’émission, enregistrée trois semaines à l’avance, tâtonne, pâtit de la concurrence du tandem Chirac “Crac Crac“ - Roucas dans le “Bébête show“. Départ difficile, pendant que les Nuls enchaînent les succès avec les cultes “TVN 595“ et “A.B.C.D. Nuls“.
La Renaissance
Ce qui va vraiment lancer les Guignols, c’est la “Guerre de le Golfe“. Appuyées sur le déluge médiatique de CNN et de TF1, les marionnettes achèvent enfin leur traversée du désert. Une renaissance flamboyante en plein cœur de la tempête. Sauvée par le commandant Sylvestre et sa “World Company“, l’émission colle à l’actu avec un point de vue décalé. Le concept, imparable, est né.
La période dorée
Mais le temps fort de l’émission coïncide avec la nomination d’Edouard Balladur au poste de Premier ministre puis la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 1995. Bruno Gaccio, Jean-François Halin et Benoît Delépine s’en donnent à cœur joie. “Putain deux ans“, “Mangez des pommes“, “J’ai niqué Couille Molle“ : on a l’impression que ce sont les marionnettes qui ont fait la campagne. De nombreux analystes pensent d’ailleurs que l’émission a significativement participé à l’élection de Jacques Chirac. A l’époque, on parle de “l’effet Guignols“… Une consécration, saluée par un 7 d’or et un immense succès d’audience.
Une entreprise monumentale
Depuis l’origine, les marionnettes sont créées par l’équipe d’Alain Duverne. Aujourd’hui, plus de 300 personnes travaillent sur le programme pour donner vie à près de 314 marionnettes. Les premières réalisées étaient celles de Johnny, de Gainsbourg et de PPD. La dernière celle de Dominique Besnéhard.
Un réservoir de talents
Les Guignols ont révélé de nombreux talents : Nicolas Canteloup, Sandrine Alexis, Jean-Luc Reichmann (Yves Lecoq avait déjà une forte notoriété avant l’émission) chez les imitateurs. Bruno Gaccio, Benoît Delépine (devenu Mickael Kael dans Groland), Christian Borde (le Jules-Edouard Moustic de Groland), Alexandre Pesle (le Sylvain de “Caméra Café“) chez les auteurs… Une bien belle écurie, d’où sortiront encore sûrement de nombreux talents !
Poids lourd du P.A.F., les Guignols ont su évoluer avec l’actualité. Or celle-ci ne s’arrête jamais. Tant que les marionnettes arriveront à lui emboîter le pas en offrant une lecture décalée et drôle, on peut parier qu’elles resteront en haut de l’affiche. A Lyon, le vrai Guignol a bien fêté ses 200 ans en 2008. Alors pourquoi pas une grande émission spéciale en 2188 ? Putain, 200 ans ?
Guillaume Portaux