mercredi 21 mars 2012
Le marin aujourd’hui révoqué est présenté par ses proches et ses chefs comme un militaire exemplaire.
Dans les couloirs de la marine, les chefs militaires et plusieurs autres cadres travaillant étroitement dans la maintenance des équipements navals, les témoignages sur le capitaine de corvette vont dans le même sens. « C’est un militaire exemplaire qui n’a pas d’antécédent. Son casier est vierge », témoigne un haut gradé de la marine. A l’état-major de cette arme, les officiers supérieurs gardent tous un souvenir heureux de celui qui fut surnommé à sa naissance Ahidjo. « Nous sommes tous surpris par ce qui arrive à Nestor ; mais nous avons espoir que le haut commandement lavera son honneur pour qu’il soit innocenté à tout jamais », espère un autre officier.
Né « coiffé », c’est-à-dire la même année que l’indépendance du Cameroun en 1960, ses parents lui donnèrent le sobriquet d’Ahidjo. « Il est né en 1960 ; comme le président Ahidjo venait d’être sacré premier président de la jeune République, on lui donna ce sobriquet qu’il a gardé jusqu’aujourd’hui », raconte un proche.
Celui qui avant sa mise aux arrêts le 12 avril 2011, s’occupait de la maintenance des engins navals à la base navale de Douala, intègre les forces armées camerounaises après avoir achevé ses études secondaires. En 1983, il est envoyé en stage à Toulon en France pour suivre une formation aux métiers de la marine pour une durée de trois ans. Revenu au Cameroun en 1986, il engage une carrière que ses camarades d’armes présentent comme étant sans histoire. Il gravit les échelons de ce corps des forces de défense et accède au grade de capitaine de corvette en 2006. A 52 ans, le capitaine de corvette Nestor Ndeke était à quatre ans de la retraite officielle des forces de défense avant le décret du chef de l’Etat le révoquant de la marine pour avoir failli à ses missions à la base navale de Douala.
Père de deux enfants, Ahidjo, comme l’appellent ses intimes, s’estime sacrifié par la hiérarchie militaire. Pour lui, bien que le commandant de la base navale, le Bir et les autorités camerounaises aient été mises au courant de cette attaque qui a coûté la vie à cinq hommes des forces de défense et 250 millions de Fcfa à Ecobank, celles-ci n’ont pas réagi. Aussi, il y a comme une sorte de harcèlement contre sa personne qui reste inexpliqué. Tout comme la lenteur observée au niveau de la justice militaire dans l’acheminement de son dossier au haut commandement. Mais malheureusement, la procédure administrative qui vient de rendre son verdict, ne pourra qu’influencer celui de la procédure judiciaire aujourd’hui enlisée.
Par Pierre Célestin Atangana(MUTATIONS)