dimanche 17 octobre 2010
Joseph-Antoine Bell est une légende. Meilleur gardien africain de tous les temps, le Camerounais a surtout brillé sur le continent. Par ses coups d’éclats mais aussi ses coups de gueule. De Marseille à Saint-Etienne, en passant par Bordeaux et Toulon, Bell a étalé tout son talent au cours d’une longue carrière, achevée à l’âge canonique de 40 ans.
Joseph-Antoine Bell n’a jamais rien fait comme les autres. Aujourd’hui consultant à l’œil avisé, le portier camerounais est arrivé sur le tard en Europe (31 ans), privilégiant les titres sur le continent africain. Et il n’a pas chômé : deux Coupe d’Afrique des Nations (1984 et 1988) avec le Cameroun qui viennent compléter une Coupe d’Afrique des clubs champions (1979) avec l’Union Douala, une Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupes (1983) avec Al Moqaouloun al-Arab et deux titres nationaux avec l’Union Douala (1976 et 1978) et avec Al Moqaouloun al-Arab (1983).
Voilà pour son palmarès. Car, arrivé en Europe, Bell n’a ajouté que des places honorifiques : finaliste de la Coupe de France avec l’OM (1986 et 1987) et double vice-champion de France avec Marseille (1987) puis Bordeaux (1990). Malgré tout, gardien félin, réputé pour son caractère bien trempé, il a été élu meilleur gardien africain de tous les temps. C’est pourtant du banc qu’il a observé la légendaire épopée des Lions Indomptables lors de la Coupe du monde 1990. Alors que Roger Milla et ses coéquipiers faisaient danser l’Italie, celui qui est alors gardien des Girondins de Bordeaux ronge son frein sur le banc. La faute à des problèmes disciplinaires qui l’obligent à laisser son éternel rival Thomas N’Kono briller en équipe nationale : capitaine de la sélection, Bell s’était opposé au retour de Roger Milla et avait menacé de quitter les Lions si le vieil attaquant revenait.
Critique
Mais Joseph-Antoine Bell est aussi le symbole de la montée du racisme en Europe. Nous sommes au début des années 90 et, lors de Marseille-Bordeaux de triste mémoire, le gardien camerounais fait son retour au Stade Vélodrome. Pendant toute la rencontre, des bananes ont été lancées en sa direction depuis les tribunes par certains supporters marseillais. Ce scandale révélera au grand jour la montée du racisme dans les stades français à la fin des années 80 et incitera par la suite les responsables des clubs français à se pencher sérieusement sur ce problème pour y remédier.
A 56 ans, il est aujourd’hui consultant pour Africa 24 et RFI après avoir été un temps dirigeant au Cameroun (président de l’AS Babimbi). Comme de nombreux anciens joueurs, il garde un oeil critique sur ses successeurs. Et un sens de la formule, comme il le démontrait avant la Coupe du monde 2010, en parlant de Paul Le Guen. "Logiquement, on ne droit pas avancer à reculons. Il n’a pas été satisfait de ces joueurs cadres à la dernière CAN, il l’a fait savoir en les sortant du groupe des titulaires, il ne peut pas pertinemment expliquer pourquoi il les convoque encore cette fois ci, assurait-il. Il faudrait que nous puissions grandir et sachons nous élever. A partir du moment où pendant longtemps vous avez été titulaire indiscutable et qu’à un certain âge on vous sort d’une compétition, il faut que vous sachiez comprendre le message pour ne puis embarrasser les gens."