samedi 17 janvier 2009
Le leader de l’opposition au Zimbabwe Morgan Tsvangirai a annoncé jeudi qu’il rencontrerait prochainement le président Robert Mugabe pour tenter de sauver un accord de partage du pouvoir, dans l’impasse depuis sa signature mi-septembre.
Leur réunion aura lieu "dans la semaine qui vient" sous l’égide du président sud-africain Kgalema Motlanthe, également à la tête du bloc régional d’Afrique australe, a précisé le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) lors d’une conférence de presse à Johannesburg.
Malgré la détérioration de la situation au Zimbabwe et les appels internationaux à la démission de M. Mugabe, l’Afrique du Sud a de nouveau assuré jeudi que la seule issue possible impliquait le président zimbabwéen, 84 ans et au pouvoir depuis 1980.
"Si on exclut Mugabe, cela sera encore plus difficile de résoudre les problèmes car il y a des gens qui croient encore en lui", a estimé le directeur général du ministère sud-africain des Affaires étrangères, Ayanda Ntsaluba.
Le président Motlanthe a confirmé sa venue lundi au Zimbabwe à la tête d’une délégation de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) pour relancer le dialogue entre les responsables politiques.
La délégation comprendra "le président (Armando) Guebuza du Mozambique et l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, facilitateur dans le dialogue entre les différentes parties zimbabwéennes", selon un communiqué publié jeudi par la présidence sud-africaine.
La réunion des dirigeants de la SADC sera suivie par une rencontre des équipes de négociation zimbabwéennes qui doivent discuter des problèmes liés à la mise en application de l’accord de partage du pouvoir signé il y a quatre mois.
Jeudi, M. Tsvangirai a réaffirmé, jusqu’à un certain point, son soutien dans l’accord de partage du pouvoir, signé le 15 septembre avec Robert Mugabe mais resté lettre morte en raison notamment de désaccords sur la répartition des ministères clés au sein du futur gouvernement d’union.
"Un accord politique reste le meilleur moyen d’empêcher le Zimbabwe de devenir un Etat en faillite", a estimé Tsvangirai. "Mugabe n’est pas un partenaire crédible mais je dois faire avec."
Cet accord, censé mettre fin à la paralysie née de la victoire historique du MDC aux élections générales fin mars et de la réélection controversée de Mugabe fin juin, prévoit que ce dernier reste président et que M. Tsvangirai devienne Premier ministre.
Il garantit également que les partis politiques ne soient victimes d’aucune forme de harcèlement ou d’intimidation". Le MDC estime cependant que le gouvernement ne respecte pas cette clause, en poursuivant les arrestations des partisans de l’opposition.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a réclamé jeudi "la libération immédiate" de 32 militants de l’opposition et des droits de l’Homme, enlevés pour certains depuis octobre. L’Etat avait dans un premier nié ces arrestations avant de faire comparaître ces partisans le 24 décembre. HRW a également demandé où se trouvait onze autres personnes, toujours portées disparues.
M. Tsvangirai a également tenu le régime pour responsable de la crise humanitaire qui ravage le Zimbabwe, où plus de 2.100 personnes sont mortes depuis août du choléra.
Cinq millions de personnes, soit plus de la moitié de la population du Zimbabwe, dépendent désormais d’une aide alimentaire et la crise pourrait s’étendre jusqu’en 2010, a estimé jeudi l’organisation d’aide internationale Oxfam, dont le siège est à Londres.