mercredi 30 octobre 2013
Depuis le début de l’exploitation pétrolière, la Guinée Equatoriale subit d’importantes mutations socio-économiques.
Il y a encore quelques années, les Equato-guinéens rasaient les murs à Yaoundé ou Douala. Pour eux, le Cameroun n’était pas loin de représenter la terre promise. Nombre d’entre eux y trouvaient de quoi survivre. Même des musiciens comme Mayélé, alors au faîte de sa gloire, n’y échappaient pas. Le gouvernement, pour boucler les fins de mois difficiles, n’hésitait pas à tendre la sébile à son grand (au propre comme au figuré) voisin. Mais tout ça, c’était avant le pétrole.
Car entre temps, l’or noir est arrivé au pays d’Obiang Nguema Mbasogo. Où il coule à flot. Remplissant du même coup les caisses nationales restées longtemps vides. Créant des emplois que la ressource humaine locale, pas toujours formée, ne peut aujourd’hui satisfaire. Suscitant ainsi la ruée de ceux qui hier, se croyaient mieux. lotis que les Equato-guinéens, vers le nouvel eldorado et les incompréhensions qui vont avec. Mais, développant surtout le pays en infrastructures de base qui lui manquaient si cruellement.
De Malabo a Bata en passant par Mongomo, Mongomeyen, ou Oyala, le regard du visiteur ne peut s’empêcher de se poser sur ces belles avenues à quatre voies éclairées, ces immeubles flambant neuf, les sièges cossus des grandes entreprises installées ici... Non, c’est sûr, la Guinée équatoriale n’est plus ce qu’elle était. Aujourd’hui, elle donne l’impression d’un pays qui se développe à une vitesse fulgurante. Le gouvernement a adopté un programme de développement qui, à l’horizon 2020, dans sept ans donc, devrait permettre au pays d’atteindre le seuil de l’émergence.
Actuellement, les investissements publics en cours d’exécution sont estimés à quelque 9 000 mil¬liards FCFA. Si les dépenses d’investissement sont maîtrisées, les projections budgétaires espèrent sur une amélioration de l’excédent 6.3 % au cours de cette année ! Avec un Pib d’environ 17,7 milliards de dollars (25 milliards de dollars pour le Cameroun), la Guinée surclasse allègrement les autres pays de la Cémac. Pour l’année en cours, les prévisions tablent sur un taux de croissance du Pib de 4,9%. Avec près de la moitié des 7 900 milliards FCFA de réserves de change logées à la Béac, la Guinée équatoriale apparaît donc comme le nouveau riche de la zone Cémac.
Grandes réalisations
Le constat est là. « Les importantes recettes drainées par l’exploitation des hydrocarbures sont à l’origine des changements structurels profonds que connaît la Guinée équatoriale depuis plus de 20 ans, notamment pour ce qui est de la construction et du développement des infrastructures de base », notent les Perspectives économiques en Afrique (Pea) en 2013. Depuis la découverte du pétrole dans les années 90, la Guinée équatoriale a en effet connu d’importantes mutations socio-économiques. « D’un pays pauvre à vocation agricole, elle est devenue le premier producteur de pétrole de la zone franc. Les recettes pétrolières ont contribué à améliorer les infrastructures de base : routes, écoles, hôpitaux, logements sociaux » observe le Pea.
Mais cette nouvelle richesse n’apporte pas que de la joie au pays qui est l’objet de tentatives de déstabilisation. Sa richesse en ressources naturelles suscite une convoitise de la part des entreprises étrangères, notamment les gisements d’hydrocarbures. Conscient que ces multinationales sont généralement le bras séculier de l’impérialisme occidental, le président Obiang Nguéma, même s’il n’a pas sa langue dans la poche, met un soin particulier à manier à la fois le bâton, et la carotte.
Ici, pas de grands discours. Comme dirait certain confrère, c’est du concret. Moins de dix ans après le début de l’exploitation pétrolière, les résultats sont visibles. Les chiffres, publics. La redistribution effective, même si on peut plaider pour une meilleure gouvernance. La Guinée équatoriale peut se targuer de ’grandes réalisations’ qui restent encore au Cameroun un simple concept creux et pompeux.
Par Frédéric BOUNGOU (Le Messager)