dimanche 7 février 2016
C’est le titre du dernier ouvrage de Jean Emmanuel Pondi. Un livre qui regorge d’informations et de leçons sur la gouvernance d’un chef d’Etat visionnaire assassiné. L’auteur propose Thomas Sankara à la jeunesse africaine.
En 194 pages et six chapitres, « Thomas Sankara et l’émergence de l’Afrique au XXIème siècle » est un livre de Jean Emmanuel Pondi. Un livre qui restitue la vie et l’œuvre d’une personnalité qui a marqué non seulement le Burkina Faso et l’Afrique , mais aussi l’ensemble des pays, des continents et des peuples du monde de plusieurs générations qui croient en un certain nombre des valeurs telles que l’intégrité, l’humilité, la modestie, la justice sociale, la solidarité, la dignité humaine, l’inclusion sociale, la fidélité en amitié et aux principes et convictions. Mais aussi le travail, le développement, le respect, le mérite et l’honnêteté : « Le XXIème siècle aura grand besoin de leaders africains à l‘éthique irréprochable. Ne disons plus aux jeunes que l’Afrique devra les chercher hors du continent », écrit Jean Emmanuel Pondi à la conclusion de son livre.
Un panafricaniste qui prêche par l’exemple
Cette référence aux valeurs morales et éthiques est déjà perceptible dès la préface où Mariam Sankara, l’épouse de Thomas Sankara assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou, montre comment ce dernier a suscité « en peu de temps l’adhésion du peuple à sa politique voir au-delà du Burkina ». En s’attaquant à la corruption, à l’injustice sociale, aux opposants des droits de la femme. Mais aussi en s’attelant « à la protection des plus faibles de la société, à la satisfaction des biens essentiels de la population par le développement autocentré et à la valorisation du patrimoine national .Thomas Sankara était un panafricaniste. Il a pris faits et causes pour toutes les luttes de libération en Afrique (…) », témoigne Mariam Sankara.
Toujours dans la préface de l’ouvrage, Mariam Sankara note avec justesse que « l’ouvrage de du professeur Jean Emmanuel Pondi donne un aperçu des résultats obtenus par Sankara. C’est une contribution essentielle et originale qui remet en relief et en perspective l’œuvre du président Thomas Sankara (...) Ma conviction est que la jeunesse actuelle, ainsi que les dirigeants africains d’aujourd’hui, gagneraient à s’inspirer de l’expérience sankariste… », a poursuivi Mariam Sankara. Par la qualité des arguments développés et soutenus et la profondeur de l’analyse , le livre de Jean Emmanuel Pondi est à la fois un livre d’histoire, un livre d’instruction civique et politique et un essai politique qui promeut un panafricanisme authentique à travers une gouvernance éthique.
L’Onu a-t-elle plagié Sankara ?
L’auteur y souligne la vision prospective, les actions décisives et l’esprit d’anticipation de Thomas Sankara. A travers la présentation de l’ensemble des programmes socio-économiques et politiques élaborés par la révolution burkinabé entre 1984 et 1987. Lesquels « ont été repris dans le cadre des 8 (huit) Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) présentés par l’Organisation des Nations unies le 8 septembre 2000 à New-York, lors de la 55 ème session de l’Assemblée générale de l’organisation mondiale. Pure coïncidence ou plagiat international ? », s’interroge l’auteur. Avant de préciser qu’ « il est heureux qu’un jeune leader politique africain Thomas Sankara avait, de son vivant, pris à cœur de mettre en œuvre de façon concrète, visible et palpable ce qui avait été présenté au monde en l’an 2000 sous la forme de projet à réaliser dans un intervalle de quinze années, 2000-2015 ».
Au sujet de la disparition tragique de Thomas Sankara, l’auteur fait savoir que : « la grande leçon à tirer de scenario de fin d’une élite à tous points de vue exceptionnelle et multidimensionnel est que, sans se compromettre, ce dernier aurait dû identifier des alliés potentiels de bonne foi dans le camp d’en face afin de renforcer son combat, et s’appuyer sur eux en tant que de besoin (...) ». Avec d’importants discours de Thomas Sankara, dont le dernier prononcé au sommet de l’Oua du 29 juillet 1987 avant son assassinat, en pages annexes, l’ouvrage est bien illustré et bien documenté. Il est aussi agréable à lire et bien rédigé pour un large public.
Par Edmond Kamguia K.(LNE)