mardi 12 juillet 2011
Le festival tenu la semaine dernière à Douala vise à entretenir la flamme du cinéma camerounais.
Le court métrage trace son sillon au Cameroun. Depuis la fermeture des trois dernières salles de cinéma en 2008, les responsables de ce festival tentent de promouvoir le 7ème art. En l’absence des salles, les Camerounais se contentent des projections sporadiques du Centre culturel français (Ccf) Blaise Cendrars de Douala. Pour apporter un second souffle au 7ème art camerounais, Michel Kuaté et son équipe ont lancé le festival de Rencontres de films courts de Douala. Les cinéphiles attendent avec patience ce moment. Pendant une semaine, ils ont droit gratuitement à la projection des films courts d’ici et d’ailleurs.
D’année en année des innovations et améliorations sont apportés au concept. Rendue à sa 4ème édition, le festival a eu lieu du 27 juin au 1er juillet 2011 sous le thème de « l’Afrique et le cinéma du réel ». Selon le promoteur, l’objectif est de promouvoir le cinéma camerounais et africain, afin de lui donner une réelle visibilité et d’encourager les jeunes cinéastes. « Le choix de ce thème naît du souci d’évaluer les jeunes cinéastes et de donner une nouvelle ère au Cameroun. Notamment en ce qui concerne la vie du cinéma », poursuit Michel Kuaté, qui avoue que la fermeture des salles de cinéma a ralenti l’évolution du septième art au Cameroun.
La différence qui existe entre un film court et un film long se trouve tout d’abord au niveau du timing et varie aussi en fonction des festivals. Pour le cas de ce festival, y sont admis des films de 26, 30 et 40 minutes. Ces durées représentent le meilleur temps d’un court métrage, selon les spécialistes. Ce timing dépend aussi des écoles et des contextes bien définis. Il y a des écoles où l’on parle de moyen métrage dont la durée du film varie entre 40, 50 et 60 minutes.
On peut aussi parler de court métrage de moins d’une heure. Le court métrage est un genre cinématographique qui ne nécessite pas autant de moyens financiers que le long métrage. Car, « avec 400.000 Fcfa ou 500.000 Fcfa, on peut faire un bon film court », confie le promoteur des films courts de Douala, Michel Kuaté. Ce que soutient Albert Ouandé réalisateur. « Par contre, un film long exige beaucoup de moyens et de temps. Celui-ci peut prendre cinq ou dix millions de Fcfa pour qu’à la fin, le film ne sorte même pas en salle », ajoute-t-il.
Renaissance
Selon Françoise Elong, la réalisatrice qui a gagné trois prix pendant le festival (le Grand prix du festival, Prix meilleur image et meilleur décor), mieux vaut faire des films courts avec peu de moyen que de longs films qui demandent plus d’argent. Et d’après elle, « cela permettra que le cinéma camerounais ne reste pas désert ou aride et qu’on continu à en parler, même hors de nos frontières ». Le court métrage permet un grand développement du cinéma notamment dans la valorisation de nos films dans tout le monde entier.
Nous avons par exemple le court métrage de la Camerounaise Françoise Ellong, « Nek », qui a fait le tour du monde et a eu le mérite de faire connaître le cinéma camerounais à l’international. Tout comme « Métaphore du manioc », un autre court métrage qui représente valablement nos couleurs dans les festivals de courts métrages européens. Cette visibilité permet une grande éclosion du cinéma camerounais.
La régularité du festival des Rencontres de Films courts de Douala, en quatre ans, a beaucoup apporté au cinéma camerounais à travers la formation des jeunes réalisateurs. Le jury de cette édition (Jonas Leboum et Gérard Nguélé) a d’ailleurs relevé les nombreux progrès ont été faits. Notamment dans la réalisation, la qualité des films et le nombre de films retenus. Pour preuve, à la première édition du court métrage, 41 films avaient été envoyés. Mais seulement 15 d’entre eux avaient été retenus. En 2011, par contre, 122 films ont été envoyés et 61 d’entre eux ont été retenus. Ce qui prouve une grande évolution dans le cinéma camerounais. Ce n’est d’ailleurs pas la seule innovation.
Ateliers
De la première à la troisième édition, les projections n’étaient faites qu’au Ccf avec une délocalisation des ateliers au centre culturel camerounais et au café du Mboa. A cette 4e édition, la projection a fait le tour de huit quartiers de la ville de Douala. En plus de l’île de Manoka, située dans l’arrondissement de Douala VI. Un pari gagné pour les organisateurs dont l’ambition est de vulgariser et d’asseoir le court métrage dans la capitale économique.
Les nombreux ateliers ont permis aux jeunes réalisateurs d’accroître leurs compétences mais aussi d’échanger avec les cinéastes venus du Mali, de la France et Maroc et du Cameroun. Beaucoup reste encore à faire mais Jonas Leboum, réalisateur reste convaincu que « le second souffle du cinéma Camerounais viendra du Court métrage au vu des moyens mis à la disposition des jeunes réalisateurs d’abord, ensuite par le fait que ce genre à beaucoup de plateformes commerciales en Europe et enfin parce que la reconstruction se fait à petits pas ».
Par Manela Ehole(Mutations)