samedi 30 juillet 2011
Le thème du Ngondo 2011 a été rendu public samedi 23 juillet 2011. Les chefs sawa disent non à la violence et oui à la paix.
« Musango ». Tel est le thème retenu pour la fête du Ngondo 2011. L’information a été rendue publique samedi, 23 juillet 2011 au cours d’une rencontre de lancement entre autorités traditionnelles, bureau du Ngondo et de nombreux invités. Si en langue vernaculaire ce vocable signifie la paix, son choix se justifie par le contexte sociopolitique de l’heure. D’après sa majesté Din Dika Akwa III, président en exercice du Ngondo, « on a connu le maquis, les villes mortes, les émeutes de la faim. Nous ne voulons plus de désordre aussi bien à Douala que dans tout le Cameroun. Rien de grand ne peut se construire sans la paix. C’est pour cela que nous avons choisi ce thème fort évocateur pour sensibiliser les populations sur le nécessaire maintien de la paix et la cohésion sociale ».
En rappelant les responsabilités du Ngondo qui concernent la préservation de son espace naturel, la promotion de l’entente et le dialogue entre les différentes forces vives dudit espace, le secrétaire général du Ngondo a édifié les populations sur la culture de la paix par le biais d’une leçon inaugurale. Selon Sammet Bell, « La paix ne peut être atteinte au sein d’un ou de plusieurs peuples que par la contribution volontaire de toutes ses composantes. C’est une vertu aussi bien noble que difficile à atteindre. Elle ne peut être un état absolu ou définitif, mais une quête permanente, c’est la transformation pacifique du conflit. On transforme le conflit, non pas pour le supprimer, mais pour le résoudre pacifiquement, c’est-à-dire sans violence ». Il poursuit. « Notre pays est appelé à affronter dans quelques mois une étape importante du processus démocratique dans lequel il est engagé, à savoir la présidentielle prévue en 2011. Quand on sait que certains pays africains ont subi les affres inhérentes à ces réalités de démocratie en mouvement (printemps arabe, crises électorales et post électorales), on est appelé à mener une réflexion dans le sens d’envisager de vivre de manière positive ».
Par ailleurs le président en exercice du Ngondo a également demandé aux populations de s’inscrire massivement sur les listes électorales. « Je demande une fois de plus à nos concitoyens de se rapprocher des équipes d’Elecam pour s’inscrire. Un élu du peuple (hon. Dooh-Collins, ndlr) a facilité cette opération par une campagne de proximité qui sillonne tous les cantons. C’est à ce prix que le Cameroun sera politiquement un pays émergent en 2011. Le message du Ngondo est celui de la paix, aujourd’hui et demain ». Tout s’est achevé par un rite d’exorcisation des démons de la violence. Avec les chasse-mouches et aspersoirs (Janjo la musango, en duala), les démons virtuels de la violence ont été annihilés. Afin que la fête qui se célèbre chaque fin d’année sur les berges du Wouri soit une réussite. Dans la paix.
Par Etame Kouoh(Le Messager)
Frayeurs
De quoi a peur le Ngondo ?
A l’image des caciques du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qui organisent des campagnes de sensibilisation pour le maintien de la paix en 2011 et au-delà, notamment avec la soirée républicaine organisée par la communauté urbaine de Douala au Castel hall, l’assemblée traditionnelle du peuple sawa prend le relais. Et désigne la paix comme vecteur des festivités de cette fête de l’eau. Dans l’une de nos précédentes éditions, nous titrons à la Une « Présidentielle 2011 : de quoi le Rdpc a-t-il peur ? ». Par extrapollation, on pourrait dire « Présidentielle 2011 : de quoi le Ngondo a peur ? »
D’après Pascal Ndamè, natif de Djéballè, « l’organisation du Ngondo risque d’être perturbée. Le Ngondo ne peut pas se tenir en période de trouble. C’est cet argument qui a présidé au choix de ce thème. Les chefs ont choisi ce thème non pas pour leur amour pour la patrie mais leurs appétits. Ils vont perdre beaucoup d’argent si la fête était annulée ». D’autres personnes accusent l’autorité traditionnelle d’intelligence avec le parti au pouvoir. « Nos chefs sont tous des militants du Rdpc et tout ce qu’ils font est pour le maintien du statu quo. Il savent que le Rdpc va frauder et qu’il y aura soulèvement, c’est pour cela qu’ils nous préparent psychologiquement à ne pas descendre dans la rue pour défendre nos votes ».
Par E.K.