mardi 14 décembre 2010
Déjà projeté en novembre dernier au festival international du film d’Amiens, « Maman Marthe » a crevé l’écran mardi 7 décembre à Yaoundé. Le public ne s’est vraiment pas ennuyé au Centre culturel français (Ccf) de Yaoundé.
Un documentaire de 26 minutes intitulé « Maman Marthe » et réalisé par le Camerounais Mbouobouo Mama en 2010. La scène se passe à Briqueterie, un quartier de Yaoundé. À la faveur des opérations d’assainissement engagées par Gilbert Tsimi Evouna, délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy), de nombreux logements « insalubres » sont démolis. Parmi les 10000 personnes qui se retrouvent dans la rue à l’issue de ce « toilettage, figure en bonne place maman Marthe, une septuagénaire originaire de Nkolkoulou et qui vend du bois pour « joindre les deux bouts ». Lors de la destruction de sa bicoque, elle était à l’hôpital. De retour sur les lieux du sinistre, elle n’a que ses yeux pour pleurer. On peut comprendre sa douleur. Il ne lui reste plus rien. « Tout ce que j’avais, ils ont détruit. Je ne sais pas où je vais aller. Je suis fini », se lamente-t-elle avant d’élever une tente malfamée sur les cendres de l’endroit où se trouvait sa cabane.
« Maman Marthe » brosse en effet le tableau pathétique du destin des populations victimes de déguerpissements. Ces nombreuses familles qui ont à contrecœur abandonné leurs domiciles pour devenir des « sans-abris ». C’est aussi sans doute le lieu pour le réalisateur de condamner la très controversée campagne de déguerpissement des commerçants et autres habitants des zones à risque de la capitale politique. Campagne menée des mains de maître par celui qu’on a surnommé « Jack Bauer ». Cet homme doté d’un courage fou et qui rase tout à son passage. Allusion faite ici aux quartiers tels que Carrière, Mbankolo, Oyamabang, Etetak, Mvogmbi, Briqueterie, Ntaba, Mokolo, Marché central… Normal donc que les spectateurs qui ont regardé ce documentaire en ressortent avec la mine défaite. Assurément un premier pas et un pari gagné pour Simon Pierre Bell, le directeur du festival, par ailleurs directeur de l’association « Africadoc ».
« Notre objectif c’est de présenter au plus large public possible, les films documentaires de jeunes réalisateurs de tous continents. Il s’agit également de réunir à Yaoundé, les techniciens du cinéma, impliqués dans le soutien à la jeune création. Faire profiter les jeunes créateurs camerounais de l’expertise étrangère, favoriser les échanges entre le public et les réalisateurs invités en organisant des débats sur leurs films. Susciter réflexion et débats autour des thèmes abordés dans les films et encourager l’intégration culturelle sous régionale en rapprochant le cinéma du public camerounais via Images en Live », explique-t-il.
Par Christian TCHAPMI(Le Messager)