jeudi 6 octobre 2011
Le candidat (recalé puis finalement admis dans la course) du mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) se dit favorable à un gouvernement de transition.
« Les aspirations de notre peuple n’ont pas été prises en compte par les deux régimes Unc et Rdpc qui ont dirigé le Kamerun depuis 1960. L’aliénation est le véritable but poursuivi par ces régimes. Notre économie est ainsi structurée qu’elle sert avant tout les intérêts étrangers. La culture est abandonnée au profit des modèles importés d’occident et d’orient. Notre jeunesse est mal instruite, mal éduquée. Elle est désorientée, en proie au chômage massif et à la débrouillardise ». Tels sont les propos forts prononcés par le candidat Ekanè Anicet Georges lors de ses récentes sorties médiatiques de la campagne électorale en cours..
Ces déclarations contenues dans le programme politique, économique et social de transition du candidat du mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), font un état des lieux nébuleux du Kamerun. « Le constat de cet échec total et global des régimes Unc et Rdpc nous oblige à penser l’avenir sur des bases radicalement différentes ». C’est pourquoi il propose des mesures « originales, audacieuses et réalistes » à la fois et invite les Kamerunais à fournir des efforts supplémentaires pour redresser le pays et le faire décoller du sous-développement.
A cet effet, le Manidem propose une période de transition de trois ans au cours de laquelle un pacte colonial et de nouvelles institutions démocratiques et progressistes seront adoptées. Ce consensus autour de ce socle institutionnel permettra de résoudre le problème de légitimité des autorités et des représentants du peuple qui se pose depuis les indépendances. « La période de transition permettra au gouvernement d’union et de transition consensuel de poser les bases de la rupture. Rupture d’avec le système néocolonial par la sortie de la zone franc, la prise majoritaire d’actions dans les entreprises stratégiques des secteurs de l’Energie, des Mines, de l’Eau, du Transport ferroviaire, des activités portuaires, la définition et la mise en route d’une politique industrielle basée sur les potentialités naturelles de notre pays et des pays de l’Afrique centrale, la réorientation prioritaire de la consommation par les ménages et les citoyens des biens et services produits au Kamerun et en Afrique ».
Des mesures visant à rompre avec l’ordre ancien pour un Kamerun nouveau, en consolidant la démocratie balbutiante, en libérant les énergies et les intelligences, en donnant une forte impulsion à l’économie qui sera orientée pour satisfaire avant tout les besoins de la population, en élevant le niveau de vie des populations par l’amélioration de leur cadre de vie.
Programme politique
S’il est élu le 9 octobre 2011, l’exorciste de service promet quatre orientations majeures pour sauver le Kamerun du chaos. A savoir : consolider les acquis démocratiques du peuple, promouvoir l’unité et la souveraineté nationales en brisant le carcan du néocolonialisme, promouvoir une économie cohérente, performante au service de la nation, et élever le niveau de vie des classes populaires et moyennes que le Renouveau a plongé dans la précarité, la pauvreté et le dénuement.
Parlant de la première orientation, il s’agit de l’ouverture d’un grand débat national pour l’instauration d’un nouveau pacte social et de nouvelles règles du jeu politique. Des états généraux de la nation (Egn) seront convoqués pour la mise en place de nouvelles institutions et d’un code électoral consensuel. Quant à la souveraineté nationale, « l’intérêt du pays doit primer sur tout. Les décisions qui concernent le Kamerun doivent être prises au Kamerun, par des Kameunais pour l’intérêt des Kamerunais. Le Kamerun doit conquérir sa nouvelle indépendance et sa souveraineté », dit Anicet Ekanè. Comment promouvoir l’économie nationale ? Le candidat du Manidem et chasseur du grand sorcier s’explique. « L’Etat doit devenir un partenaire des entreprises et des entrepreneurs au lieu d’en être le fossoyeur. Il faut promouvoir la programmation économique. L’école de la nouvelle indépendance doit s’attarder sur une politique de production, monétaire et financière de développement, une politique sociale d’épanouissement, et une politique d’intégration régionale ».
Mesures fortes
Sur le plan institutionnel, la constitution d’un gouvernement de transition démocratique et économique prendra en compte des représentants de tous les partis ayant contribué au changement démocratique, ainsi que ceux des progressistes du régime battu qui acceptent le programme politique et économique du Manidem dans la phase transitoire. « L’être humain sera placé au centre des préoccupations de notre gouvernement. L’intégrité physique de chaque citoyen sera garantie. Les sévices corporels, les tortures, les traitements inhumains qui ont cours dans les commissariats, brigades de gendarmerie et prisons seront abolis, interdits et sévèrement punis conformément à la loi », dit Anicet Georges Ekanè.
Entre la mise en place d’une dynamique de pardon, la réparation des préjudices, la promotion et consolidation de la personnalité nationale et l’édification d’une défense nationale populaire, le « chasseur du grand sorcier national » est formel. « Nous insistons sur le rapatriement des dépouilles de tous les Kamerunais morts et enterrés à l’extérieur pour des raisons politiques, l’hommage officiel à tous ceux qui ont été emprisonnés, torturés et assassinés pour l’indépendance et la liberté du Kamerun ». Le candidat « rouge » poursuit. « Nous aurons une langue nationale obligatoire par région, sans abandon des autres langues, comme le Swahili qui est une langue panafricaine et l’anglais une langue de communication avec l’extérieur du continent ».
Sur le plan économique, « le gouvernement de transition fera un audit de toutes les sociétés publiques et parapubliques, un audit des privatisations réalisées, un audit des liquidations d’entreprises publiques et parapubliques, un audit de la dette publique intérieure et extérieure ». Ces mesures visent également l’administration fiscale. « Il y aura suppression d’impôts au moment de la création d’entreprise, la soumission de la procédure de contentieux fiscal à la justice. Les impôts sur les sociétés seront de 15% du résultat brut au lieu des 38,5% actuels. L’impôt sur les grandes entreprises sera de 33% au lieu 38,5%. Il y aura révision à la baisse des prix des services bancaires. La banque va vivre de son activité qui est l’octroi du crédit à partir de la collecte de l’épargne ». Le Manidem annonce l’élaboration d’un nouveau code d’investissement privilégiant les investissements. « Ce sont les investissements industriels qui valorisent la transformation des matières premières agricoles, forestières et minières locales. Ces investissements sont importants dans la conservation des produits agricoles et leur distribution sur le territoire national, ainsi que leur exportation hors du Kamerun ».
Toutes ces actions que le Manidem se propose d’implémenter, visent un assainissement du secteur agricole, par le lancement de l’opération « coopératives agricoles », conçue pour inciter les petits et moyens paysans à se regrouper en coopératives afin de bénéficier des crédits bancaires et de l’appui des organismes d’encadrement des agriculteurs, des éleveurs et des pisciculteurs. « Nous allons faire adopter des mesures obligeant les industries brassicoles à utiliser au moins 80% du maïs local dans la composition de la bière comme cela se fait au Nigeria. Cette mesure permettrait d’économiser les devises et est susceptible de créer entre 50.000 et 100.000 nouveaux emplois ». Ou encore « faire adopter des mesures créant obligation aux sociétés multinationales de sous-traiter au moins 75% de leur exportation à des coopératives agricoles kamerunaises, selon le modèle de la Sodecoton, où des agriculteurs kamerunais sont propriétaires et exploitants des superficies cultivées. Encourager la création des coopératives de crédit qui soient dans la proximité des agriculteurs et éleveurs ». C’est pourquoi d’après Anicet Ekanè, une réforme foncière s’impose dans les zones à forte intensité agricole comme le Mbam, l’Adamaoua, le Nkam, la région de l’Est…, où la spéculation foncière tend à déposséder les natifs de ces régions de leurs terres au profit des « hommes d’affaires véreux ».
Sur le plan socio-culturel, il y aura « suppression de l’impôt sur le revenu pour tout salarié touchant mois de 75.000 Fcfa par mois, suppression de la Tva sur les factures d’électricité dans les modestes ménages et des frais de coupure, gratuité de l’école publique de la maternelle à la fin du secondaire, suppression des frais de scolarité dans les universités publiques et contrôler ces frais dans les universités privées ».
« Ces mesures permettront au Kamerun d’entrer dans la modernité en sortant progressivement, mais résolument de la division, de l’obscurantisme et de la pauvreté. Elles permettent à notre pays de progresser dans tous les secteurs. Elles ambitionnent de rendre à notre peuple sa souveraineté et sa dignité. Tout dépend de vous », tranche Anicet Georges Ekanè, d’après qui « le sorcier oublie très souvent ses victimes mais les victimes et les parents des victimes n’oublient jamais le sorcier ». En dehors de sa participation à la présidentielle de 2004, il est difficile d’oublier les campagnes du Manidem contre le tribalisme, la prime fixe et les délestages d’Aes-Sonel, le commandement opérationnel dans l’affaire des neuf disparus de Bépanda, la vie chère, la corruption dans les hôpitaux, la recolonisation de l’Afrique par la France, la défense des intérêts des étudiants…Arrêté le 19 février 1990, il est traduit devant le tribunal militaire de Yaoundé et condamné en avril. Il écope de 4 ans d’emprisonnement ferme, 20 millions Fcfa d’amende, l’obligation de payer les frais de tout le procès, la déchéance de ses droits civiques. Et si l’ancien militant de l’Upc combattante devenait un homme d’Etat ?
Par Etame Kouoh(Le Messager)
Bio-express
Georges Anicet Ekanè
Né le 17 avril 1951 à Douala
Ecole primaire à l’école principale d’Akwa
Secondaire au collège Libermann, au lycée Joss (probatoire D), collège Alfred Saker, et au collège de Lille (baccalauréat D)
15 janvier 1971 : assiste à l’exécution d’Ernest Ouandié à Bafoussam
21 septembre 1971 : adhésion à l’Unek
1973 : adhésion à l’Upc
Février 1990 : arrêté pour ses activités politiques
Avril 1990 : reconnu coupable d’activités dangereuses
21 avril 1983 : retour au Cameroun
14 août 1990 : sortie de prison
Décembre 1991 : porte parole de l’Upc-Manidem
1995 : création du Manidem
Père de quatre enfants
Ceinture noire Aïkido 2è dan
Ancien président du Manidem
Diplômé en économie de l’université de Lille 1 et de l’école supérieure de commerce et d’administration des entreprises