Cinéma : Ma belle handicapée

Dans son documentaire, Deza Nguembock veut changer le regard des personnes « normales ».

« Egalité des chances », « priorité aux personnes handicapées », « non à leur stigmatisation ». Les slogans ne manquent pas pour montrer l’engagement des uns et des autres dans l’amélioration des conditions de vie de cette couche dite vulnérable. Mais dans les faits, le regard sur les personnes handicapées reste gêné et plein de préjugés. D’où le combat de la Camerounaise Deza Nguembock dans son documentaire « Miroir de mon âme ». Le film plonge le téléspectateur au cœur de la philosophie du concept « Esthétique et Handicap » à travers quatre modèles, dont la réalisatrice. Souffrant de handicaps plus ou moins lourds, ils vivent quotidiennement dans une relative harmonie avec eux-mêmes. Audacieux, sexy, nos mannequins osent, jouant avec leur physique. Mais ils ne font pas que prendre la pose. Ils s’expriment aussi sur l’actualité, les conditions d’intégration. Et sur des sujets plus personnels : le désir, la maternité, les relations amoureuses, etc.

Le documentaire veut clairement montrer que le regard porté sur les personnes en situation de handicap est quelquefois plus pesant que le handicap lui-même. Et la réalisatrice compte sur les médias pour mener à bien cette mission. Car ils ont le pouvoir de « modifier nos perceptions et d’ajuster nos comportements dans une certaine mesure. Plus, nous verrons des personnes handicapées dans d’autres situations que celles de la charité ou de la victimisation, plus vite notre subconscient ou notre conscience se mettra à jour pour une autre définition de la normalité », explique Deza Nguembock. « On pourra alors dire : « il est handicapé ; oui mais, il est beau et il représente telle ou telle autre marque », ajoute-t-elle. Ceux qui pensent donc que l’image du handicap n’est pas vendable peuvent aller se rhabiller.

Ce document-vidéo de 52 minutes est le prolongement d’un combat entamé en 2008 à travers l’exposition « Esthétique et handicap ». L’occasion, selon la réalisatrice, de « sortir l’image de la personne handicapée du placard pour permettre des rencontres ». Une sorte de coming-out donc pour la personne handicapée qui veut s’accepter telle qu’elle est, sans tenir compte des regards extérieurs. L’exposition a, en tout cas, favorisé la création d’une agence de communication, E&H Lab, qui a produit le documentaire et qui se spécialise dans les problématiques de la diversité, principalement du handicap.

Par Josiane R. MATIA(CT)