dimanche 7 décembre 2008
Dans l’attente du respect de l’article 19 de la Charte des Sports, ils ont décidé de surseoir au processus du renouvellement de leurs structures.
Pour la deuxième fois en moins de 3 semaines, les présidents des fédérations sportives civiles nationales se sont retrouvés au siège du comité national olympique à Yaoundé. D’abord le lundi 11 novembre 2008, puis le lundi 1er décembre 2008. "Nous n’avons rien contre le ministère des Sports et de l’Education physique (Minsep), notre tutelle. Nous voulons juste qu’elle veille à l’application stricte des lois de la République, notamment l’article 19 de la Chartre des Sports. C’est pour cette raison que nous avons décidé, d’un commun accord, de suspendre le processus électoral", soutient Jonas Syapze, le président de la Fédération camerounaise des Danses sportives et Assimilées (Fécadansa).
Le mécontentement des présidents du mouvement sportif national trouve son fondement dans l’instruction ministérielle, qui s’appuie notamment sur les articles 15 et 16 de la loi N°96/09 du 5 août 1996. Elle définit les modalités pratiques d’organisation des assemblées générales et des opérations de renouvellement des organes dirigeants au sein des Fédérations sportives civiles nationales. Or, l’article 19 de cette loi promulguée par le chef de l’Etat stipule que : "Chaque fédération sportive civile détermine librement ses statuts et règlements de fonctionnement, en tenant compte des lois et règlements en vigueur, des règles de l’olympisme, ainsi que des règlements des organismes sportifs internationaux auxquels elle est affiliée en ce qui concerne les normes techniques. Le ministre chargé des Sports en est tenu informé."
On s’achemine donc vers une sorte de bicéphalisme dans l’organisation des différents scrutins. Il pourrait donc y avoir, d’un côté les fidèles à la tutelle et de l’autre, les présidents des fédérations respectant leurs textes. Ce qui pourrait être à l’origine d’imbroglio, notamment à la régionale d’athlétisme du Centre. Là, on a annoncé la tenue de 2 élections le samedi 6 décembre 2008, bien avant la décision de suspension du processus électoral. L’une convoquée par l’actuel président Clisford Mbaku, qui se déroulera au siège de la Fca, selon les textes de cette association sportive. L’autre, organisée par l’ex président de la ligue, Dieudonné Mbarga, suspendu pour une durée de 3 ans par le congrès de la Fca, est prévue au Secrétariat à l’éducation de l’archidiocèse de Yaoundé (Sedy). Parmi les deux, une sera forcément invalidée le moment venu.
"Le mouvement sportif camerounais a d’autres chats à fouetter au lieu de se retrouver dans cette situation déplorable. Encore que la tutelle n’avait pas besoin de ça", estime Basile Junior Emah, le président de la Fédération camerounaise de Karting (Fécakart). Qui reconnaît avoir pris part à la première réunion, mais pas à la seconde.
Déplorable
D’autres présidents sont dans la même situation que le président de la Fécakart, c’est le cas de Jules Moudime Njalla du handball. "Le ministère des Sports n’a rien à dire sur cette situation. Tous les cas de figure sont prévus aussi bien pour ceux qui refusent de s’aligner que pour ceux qui s’alignent. Toutefois, il y a des présidents de fédérations qui se désolidarisent de ce mouvement. Nous ne pouvons pas vous donner les noms de ceux-ci", soutient Linus Pascal Fouda, le chef de la cellule de Communication du Minsep. En outre, au-delà du respect strict des textes exigés par les présidents des fédérations, il y a également un besoin de soutien, d’assistance et d’appui de la tutelle. "Le ministère ne doit pas exiger le respect d’un calendrier sans s’assurer que nous disposons des fonds pour l’organisation de ces différentes échéances électorales.
A la Fécadansa par exemple, nous n’avons pas de ressources et sommes par conséquent encore à la recherche de financements. On aimerait bien savoir si dans les lignes de subventions, quelque chose a été prévu à cet effet ", se demande Jonas Syapze. C’est cette fin de semaine qu’on saura si l’appel du 1er décembre dernier a été respecté ou non. On indique notamment qu’un scrutin s’est déroulé à la ligue départementale de karaté du Wouri dans le Littoral.Toujours est-il que le fait que les deux réunions des présidents des fédérations sportives civiles nationales se tiennent au Cnosc n’est pas anodin, puisque cet organe veille au respect et à l’application de la Charte des Sports. Après s’être rétracté une première fois en modifiant et complétant son instruction ministérielle le 26 novembre dernier, on pourrait s’attendre à ce qu’Augustin Edjoa annule cette disposition. Selon certaines indiscrétions, les présidents de fédérations sont décidés à aller rencontrer le Premier ministre, Chef du gouvernement, Inoni Ephraim.
Priscille G. Moadougou