samedi 26 décembre 2015
Les deux hommes jusqu’ici considérés comme les plus puissants de la planète football ont été frappés hier, par la Commission d’éthique de l’instance mondiale du football.
La Commission d’éthique de la Fédération internationale de football association (Fifa) a donné son verdict hier, dans l’affaire du paiement controversé de 1,8 million d’euros liant Joseph Blatter, président de cette instance mondiale du football depuis 1998, et Michel Platini, président de l’Union européenne de football association (Uefa) depuis 2007. Les deux hommes, jusqu’ici considérés comme les plus puissants de la planète football ont été suspendus huit ans de toute activité liée au football, a indiqué lundi la justice interne de la Fifa. La Commission d’éthique de la Fédération internationale estime que les deux hommes ont « abusé » de leur position dans cette affaire. Michel Platini écope en plus de la suspension, d’une amende de 80.000 francs suisses (74.000 euros), un montant largement au-dessus de celui réservé à Sepp Blatter qui, lui, va payer 50.000 francs suisses (46.295 euros).
La candidature de Platini menacée
Les conséquences de ce jugement de la justice interne de la Fifa sont plus lourdes pour le Français que pour le Suisse. Sepp Blatter, 79 ans, ne souhaitait en effet que présider son instance jusqu’à l’élection de son successeur le 26 février 2016, puis passer la main à cette date, contraint et forcé par l’accumulation des scandales autour de son instance. De son côté, Michel Platini peut sérieusement commencer à se demander s’il ira vraiment à cette élection. Sa candidature étant hypothétique au regard de la sanction qui lui a été infligée. Les deux anciens « amis » peuvent cependant faire appel devant la Fifa, puis devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Mais le calendrier des recours risque d’empêcher Platini de se présenter à la présidence de l’instance mondiale du football. L’ex-triple Ballon d’Or, 60 ans, a besoin de l’accord de la Fifa pour saisir le TAS, ce qui paraît peu probable, selon des sources proches de l’instance internationale.
Platini avait vu juste
Michel Platini avait donc vu juste. Lui qui a boycotté les auditions de vendredi dernier, devant la Commission d’éthique de la Fifa. « J’ai décidé de ne pas venir devant vous (les membres de ladite Commission, Ndlr.) présenter moi-même mes explications. Pour une raison et une seule : je suis déjà jugé, je suis déjà condamné », a-t-il affirmé le même jour dans une déclaration lue par son avocat et transmise à l’Agence France-Presse (AFP). Pour lui, les instances disciplinaires de la Fifa « ont montré leur partialité, leurs préjugés, leur incapacité à respecter la confidentialité, la présomption d’innocence et les droits de la défense ». Pour mémoire l’affaire part du versement contesté de 1,8 million d’euros en 2011 par Blatter à Platini, sans contrat écrit, pour un travail de conseiller achevé en 2002. Les deux hommes étaient pour cela déjà suspendus provisoirement jusqu’au 5 janvier prochain, en attendant le jugement sur le fond d’hier. Ce verdict tourne une page de 40 ans d’histoire de la Fifa avec un Sepp Blatter qui y était entré en 1975 avant d’en gravir les échelons pour accéder au sommet depuis 17 ans. Réélu pour un 5e mandat le 29 mai 2015, il avait annoncé le 2 juin dernier sa démission future avec prise d’effet dès l’élection de son successeur le 26 février prochain.
Par Arthur Wandji(LNE)