mardi 20 septembre 2011
Quelle est la valeur de l’échéance du 9 octobre 2011 pour les Camerounais ? La question mérite bien d’être posée au regard de la floraison de productions littéraires au cours de cette année électorale. Acteurs politiques, Hommes d’églises, historiens et autres passent au scanner le Cameroun sous toutes ses formes.
Homme politique, l’ingénieur polytechnicien, Jean Jacques Ekindi est aussi un férue de l’écriture. Candidat à la présidentielle du 9 octobre prochain, le « chasseur de lion » a pu trouver du temps et de l’énergie pour produire « Politique du Cameroun et d’Afrique, les défis ». C’est un ouvrage de 458 pages publié aux éditions Amalthée, dans laquelle il analyse l’Afrique en général et le Cameroun en particulier. Confusion entre le parti au pouvoir et l’Etat, relations floues avec le Fond monétaire international (Fmi), corruption et perte des repères moraux sont quelques thèmes abordés dans cette réflexion. Lors de la cérémonie de dédicace de cet ouvrage, Jean Jacques Ekindi a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas d’un livre de campagne électorale.
Corruption, détournement de deniers publics, crimes, hypocrisie dans l’Eglise, dépravation des moeurs…Robert Kong, pasteur et principal du collège Alfred Saker de Douala n’a pu se contenir face à tous ces maux qui gangrènent le Cameroun. « Crimes et responsabilités métaphysiques au Cameroun, perspectives », paru aux éditions Africavenir/exchange and dialogue tire la sonnette d’alarme. L’homme de Dieu rappelle sur 111 pages à chaque Camerounais, qu’il sera appelé à répondre de ses actes devant le tribunal Suprême.
C’est également dans cette perspective que s’inscrit « Ma foi : un Cameroun à remettre à neuf » du Cardinal Christian W. Tumi, archevêque émérite de Douala. Souveraineté de l’Etat, Etat de droit, de la nation, corruption, Amour ; socle de toutes les vertus, relation personnelle avec Dieu…Tumi, comme un sage, conseille ses concitoyens et les dirigeants du Cameroun. Son message ? « On ne peut pas gouverner un peuple sans penser à son Créateur ». Sur le plan technique, « Ma foi : un Cameroun à remettre à neuf », 217 pages a été publié aux éditions Macacos.
Pour sa première expérience dans l’écriture, Hemley Boum explore le sillon de la politique culturelle. En racontant l’histoire de Sarah dans « Le clan des femmes », édité par l’Harmathan, Hemley sur la base des confidences de sa grand-mère, montre combien il est important pour les parents de transmettre l’héritage culturel à leurs enfants. Une déconnexion dont souffrent les jeunes du 21ème siècle.
La célébration des cinquantenaires de l’indépendance et de la réunification du Cameroun est une autre source d’inspiration pour les écrivains de la présidentielle de 2011. Parmi ceux-ci, le prince Kum’a Ndumbe III, écrivain, historien et promoteur de la maison d’édition Afric’Avenir /exchange and dialogue. A l’occasion de la célébration de ses 40 ans de publications internationales, ce témoin de l’indépendance en 1960 a voulu dans son livre « 50 ans déjà ! Quand cessera enfin votre indépendance-là ??? » ressusciter le débat sur le sens et la célébration de l’indépendance le 20 mai.
Match sans retour
L’encre a davantage coulé du côté du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). On est à la publication du sixième volume de « Appel du peuple ». C’est une compilation de motions de soutien et d’appels à candidature des « inconditionnels » du parti des flammes à leur président national, Paul Biya. Avec quelque succès d’ailleurs : Le « Nnom Ngïï » succède à lui-même à la tête du parti des flammes et est de nouveau candidat à la présidentielle du 9 octobre 2011. Des publications qui portent les signatures de Philémon Yang, Jacques Fame Ndongo, René Emmanuel Sadi, Shey Peter Marie Claire Nana etc. L’on remarque, par ailleurs, au cours de cette année électorale, la résurrection de l’œuvre de François Mattei, « Code Biya », sortie en 2010. Le livre a pour objectif de lever le voile qui entoure et semble mystifier la personnalité du Chef de l’Etat pour donner des clés au grand public et ses concitoyens en particulier. Le regain de popularité que connaît cet ouvrage à caractère polémique ( ?) justifie l’intérêt qu’il a dans l’espace sociopolitique camerounais. Au final, l’on est tenté de déduire que le match va se jouer sans retour dans les urnes le 9 octobre prochain.
Par Adeline Tchouakak(Le Messager)