dimanche 9 août 2009
L’entraîneur des Lions Indomptables du Cameroun était l’invité de France 24 Jeudi dernier dans le cadre de son émission Entretien. La rédaction de lecamerounaisinfo.com retranscris ici pour vous l’intégralité de cet entretien. Lisez.
Vous avez été recruté en juillet dernier à la tête de l’équipe nationale du Cameroun. C’est un défit considérable…
C’est un gros challenge. C’est une mission intéressante. Je suis engagé pour cinq mois dans un premier temps avec l’objectif de se qualifier pour la coupe du monde. L’équipe du Cameroun est en difficulté dans son groupe. On est dernier, mais on a l’ambition de passer devant les autres. Ce sera compliqué mais ce n’est pas impossible.
Vous avez été reçu avec enthousiasme au Cameroun. Cela tranche-t-il avec vos habitudes en France ou en Ecosse ?
C’est différent et c’est très particulier. J’ai été très sensible à cette marque de sympathie.
Etes-vous l’homme de la situation comme on a pu le lire sur une pancarte ?
Je vais essayer de l’être. Ces pancartes sont très aimables. Mais, c’est après l’état de grâce que les choses deviennent très importantes.
Pourquoi avez-vous choisi le Cameroun ?
J’ai trouvé que le Cameroun correspondait à ce que je voulais en ce moment. C’est-à-dire une mission courte avec un rythme de travail assez différent. Je vais vivre des matchs en continuant à m’intéresser au football européen puisque les joueurs camerounais sont en Europe. Je n’aurai pas la charge d’une équipe tous les jours. C’est peut-être pour cela que j’ai choisi le Cameroun. Mais le challenge m’intéresse énormément.
Le Cameroun est dernier de son groupe avec une défaite contre le Togo et un nul contre le Maroc. C’est dur de remonter la pente…
Oui. Parce que c’est très court et il n’y a que six matchs pour chaque équipe. Le Cameroun a accusé un petit retard, mais ce n’est pas une mission complètement impossible. On a la double confrontation contre le Gabon et si on a le bonheur de remporter les deux matchs, on passe devant le Gabon.Ensuite il y aura le match contre le Togo à Yaoundé et le match au Maroc. C’est compliqué et ça paraît compromis…
Sur le papier vous avez des noms prestigieux comme Rigobert Song, Samuel Eto’o, ce qui fait de vous un favori de ce groupe. Comment se fait-il qu’on en soit arrivé là ?
Le retard pris dans un groupe aussi ramassé et aussi court est très pénalisant. Vous avez raison de signaler notre potentiel. Il y a des joueurs qui ont fait leurs preuves dans le championnat de France. Il y a Mbia, Emana, Makoun et d’autres encore. Il y a Samuel Eto’o qui est la figure emblématique de cette équipe. Maintenant il faut parvenir à les concentrer sur l’objectif. Il est suffisamment fort. Aller à la coupe du monde, si qualifier évidemment pour la Can. Si tous les joueurs sont concentrés sur cet objectif et s’ils arrivent à faire une véritable union sacrée, on a de bonnes raisons d’y croire.
La tâche semble plus facile pour Alain Giresse qui entraîne le Gabon avec certains joueurs qui sont sur le territoire gabonais, que pour vous qui avez des joueurs dispersés en Europe… Vous avez un match le 12 août contre l’Autriche à Vienne. Allez-vous avoir un entraînement ?
Nous aurons un entraînement, mais simplement un entraînement. Parlant d’Alain Giresse, je l’envie parce qu’il a cinq points d’avance sur nous. Mais je tiens à dire que les joueurs camerounais sont dispersés en Europe parce qu’ils sont bons, parce qu’ils ont de la valeur. Il ne faut pas se plaindre de cela.
Malgré l’enthousiasme avec lequel on vous a accueilli, on a bien entendu les gens se dire « encore un Blanc. Pourquoi faut-il toujours que des équipes africaines soient encadrées par des Blancs ? »
Cela n’a pas toujours été le cas. Le sélectionneur précédent c’était un Camerounais, Thomas Nkono. De toutes les façons c’est leur choix et c’est à eux de s’en expliquer. Je pense qu’ils apprécient l’expérience d’un entraîneur européen qui a une bonne vision des différents championnats d’ici. Ce n’est sûrement pas un hasard. Ils apprécient l’autorité d’une personne extérieure, pas imperméable aux pressions, mais plus indépendante par rapport aux influences locales.
On vous décrit comme un entraîneur froid, ombrageux, cassant et pas un bon communicateur. Pensez-vous aujourd’hui qu’il faut être un grand communicateur pour occuper le type de place que vous occupez ?
La qualité de communication est très importante. Maintenant, il faut savoir ce que vous mettez dans « grand communicant ». Il y a différentes manières de communiquer et pour moi la non communication est aussi importante. Je préfère souvent ne pas parler du tout. C’est vrai que j’ai un peu exagéré au Psg, j’aurai dû parler un peu plus. J’essaie de rectifier le tir. J’essaie d’être le plus sérieux possible dans mon métier. On me dit très austère, mais je ne pense pas que ce soit le cas.
Interview réalisée sur France 24 et retranscrite par Duvalier Kamdoum Soh