Patrick Mboma : "Paul Le Guen doit regarder un million de vidéos"

Paul Le Guen, sélectionneur du Cameroun. Mariage d’argent, de raison ou d’amour ?

Je suis persuadé que Paul est intéressé par les Lions Indomptables dans la perspective de la Coupe du Monde 2010. Et non pas simplement pour la Coupe d’Afrique des Nations. J’espère que c’est un coach ambitieux. Maintenant il a son destin entre ses mains. Je lui recommande de gagner les quatre matchs de qualification pour la CAN. Après il pourra faire ses comptes.

Dernier de son groupe de qualification combiné CAN-Coupe du Monde 2010 avec seulement 1 point, le Cameroun attend-il Paul Le Guen comme le sauveur ?

Ce n’est pas le pire. Mais je ne pense pas qu’il y ait un homme de la situation. Dans la conjoncture actuelle, il est difficile de tomber sur la bonne personne. Moi je crois en lui. J’apprécie l’homme, j’ai apprécié le coéquipier. Il a les compétences. A 45 ans, il a pas trop mal commencé sa carrière d’entraîneur.

Quand même, avec Paul Le Guen, le fossé culturel n’est-il pas trop gros ?

La difficulté avec la sélection camerounaise, c’est de s’intégrer. Entre le ministère des Sports, la fédé et les différents groupes au sein de la sélection, il devra prendre la mesure des influences et faire le ménage là-dedans. Car untel veut jouer avec lui, untel boude l’autre. Aujourd’hui le respect vient avec le chèque à la fin du mois. L’atmosphère est délicate. Ce sera donc son premier chantier. Il a un mois pour le remplir. Car dans un mois et demi, il y a les deux premiers matchs. Qui seront déjà couperets. Mais pour José Mourinho aussi, ça n’aurait pas été moins compliqué.

Paul Le Guen n’est justement pas réputé pour savoir gérer les ego, n’est-ce pas donc une histoire vouée d’avance à l’échec ?

Si ça se termine mal, mais que ça se termine en juillet 2010, je signe. En revanche, si on se qualifie pas pour la CAN, c’est obligé que ça se termine mal. Mais on n’en est pas là encore.

Le Guen a toujours eu du mal avec les forts en gueule. Certains ont eu sa peau. Au Cameroun, penses-tu qu’il arrivera à gérer le cas Eto’o ?

Il faudra le prendre par le bon bout. Et c’est pas facile. Laporta nous l’a prouvé récemment. Avec lui, il faudrait que l’entraîneur de sa sélection soit aussi celui de son club. Eto’o sera l’une des clés pour Paul Le Guen. Il faudra gérer la fougue du jeune homme, en faire un leader sur le terrain et surtout dans le vestiaire. S’il y arrive, le contrat sera réussi.

Comment est perçue son arrivée au Cameroun ?

Je n’ai pas pris le pouls. Mais je sais qu’on entend toujours plus ceux qui n’y croient pas. Moi je dis que ce n’est pas simple de prendre une équipe où il y a des Ferrari mortes. Le Cameroun a l’équipe pour se qualifier à la CAN et la Coupe du Monde. Mais ce n’est pas qu’un Paul Le Guen qui peut faire réagir les gens. C’est tout le monde. Ça ne sert à rien de crier au bon ou mauvais entraîneur. On a eu pire que Paul Le Guen et on a fait de grandes choses.

Pourquoi les sélections africaines, et notamment le Cameroun, mettent toujours des Blancs à leurs têtes ?

Vaste débat sans cesse remis au goût du jour. Je ne sais pas. Ici, le technicien camerounais n’est pas traité comme les étrangers. Je ne vous parle même pas des émoluments. Mais un entraîneur noir expérimenté aura moins de crédit qu’un blanc qui n’a pas de background. Si un entraîneur noir arrivait, il serait direct critiqué et jugé sur ses choix. Paul, lui, ne sera pas dérangé. Au moins dans un premier temps.

Le reste du temps, qu’est-ce que Paul le Guen pourra faire de ses journées à Yaoundé ?

Son intérêt est de faire des voyages à la recherche des joueurs qu’il peut prendre. Car ne poser qu’une fois par mois, onze joueurs sur le papier, c’est pas simple. Il devra regarder un million de vidéos et voir les joueurs en live pour vite maîtriser cette équipe. Il n’aura pas grand intérêt à prendre des joueurs locaux.

Par Maxime Marchon(sofoot)