lundi 11 décembre 2017
Le virtuose de la guitare est décédé le 8 décembre dernier des suites d’une longue maladie.
En août dernier, Cameroon Tribune a eu le privilège d’obtenir un entretien long, profond et poignant avec Vincent Nguini. Peut-être l’un des derniers accordés à la presse camerounaise, avant de s’envoler pour l’Amérique, cette terre qui a bâti ce monument de la musique internationale. Le célèbre guitariste était là pour un break. Un peu d’air du pays pour se requinquer.
Jamais en vacances, Vincent Nguini avait toujours à cœur un projet. Album ? Spectacle ? Collaboration musicale ? Ses notes de musique ne le quittaient pas. Ces dernières années, même la maladie n’a pas suffi à stopper ses allées et venues à travers les continents, à la recherche de ce quelque chose qui rendra céleste un arrangement. Malgré la volonté, malgré le charisme, malgré le génie, rien n’est éternel.
L’auteur de « Symphony Bantu », « Traveler », « Duma », etc., a rendu les armes le 8 décembre dernier. Il serait mort au Brésil, où il était sous traitement pour un cancer. C’est donc à des milliers de kilomètres de son Obala natal que Vincent Nguini a définitivement quitté la scène. Sur les réseaux sociaux, les hommages de proches du milieu comme Richard Bona ou Lady Ponce, sont venus confirmer la pénible nouvelle.
Le livre de la carrière de Vincent Nguini est bourré de pages et de péripéties aux quatre coins de la planète. Ancien chef d’orchestre de Manu Dibango, il a convaincu par son doigté à la guitare. Du philharmonique au bikutsi, son touché ne souffre d’aucun obstacle. En 1968, il se fond dans l’époque de la pop music, en s’abreuvant entre autres des sonorités des Beatles.
Nigeria, Ghana, Etats-Unis, se réjouiront de son passage, après avoir écumé les plus grandes scènes du Cameroun. Il n’a jamais renié ce côté anglo-saxon très prononcé. « Le Ghana a été le tournant et l’éclosion de ma carrière musicale », disait-il souvent. En solo, en collaboration (à travers ses arrangements) ou en groupe, sa marque est visible.
Valery Lobe, Ben’s Belinga et même le Malako de Paris, pour ne citer qu’eux, tirent des bienfaits de son talent. Depuis près de 30 ans, il vit aux Etats-Unis, et est indissociable de Paul Simon.
Il est son chef d’orchestre, son arrangeur, son guitariste, au gré des projets Blues, folk, jazz peut-être, mais le bikutsi avant tout. Ce rythme de ses origines a eu un grand rôle dans toute sa carrière.
Il regrettait d’ailleurs que toutes les potentialités du bikutsi, « riche, large, complexe », n’aient pas encore été complètement exploitées. A la guitare, son instrument de prédilection, il s’inspire de Jimmy Hendrix bien sûr, mais aussi de John McLaughlin, Jimmy Page ou Alvin Lee.
Par Monika NKODO(CT)