dimanche 25 juin 2017
Face à la concurrence des anciens succès et des sonorités étrangères, la jeune génération doit faire ses preuves.
La 36è édition de la Fête de la musique s’est célébrée hier à travers le monde. Au Cameroun et principalement dans les villes de Yaoundé et Douala, cette célébration a donné lieu à des concerts offerts gratuitement par des artistes, tous âges confondus, amateurs et professionnels. Elle a surtout permis aux mélomanes de réécouter les œuvres de ceux qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire de la musique camerounaise. On peut citer de manière non exhaustive Manu Dibango, André Marie Talla, Toto Guillaume, Grace Decca, Henri Dikongue, Anne Marie Nzie, Messi Martin, Nelle Eyoum, Eboa Lottin, Ekambi Brillant, Ben Decca, Richard Bona, Mbarga Soukous, Nkodo Sitony… Chacun à sa manière a contribué à hisser l’art musical camerounais le plus haut possible sur la scène internationale. En plus des sonorités envoutantes et percutantes, ces vielles gloires font toujours rêver une génération de mélomanes. Dans la polémique des générations, une certaine opinion tend à croire que la musique camerounaise d’avant était porteuse de « message » et qu’aujourd’hui nombre de chansons sont vides.
Chaque époque ayant ses réalités, l’univers musical camerounais aujourd’hui est à l’image de l’auberge espagnole. Les rythmes et les styles ont changé. Les mentalités aussi. Il y a toujours dans la jeune garde, ceux qui vendent honorablement le nom du Cameroun au-delà des frontières nationales. Cette légion d’honneur est composée des artistes comme Lady Ponce, X-Maleya, Kareyce Fotso, Sergeo Polo, Sally Nyolo, Charlotte Dipanda, Richard Bona. On remarque dans leurs productions, marketing et stratégies, une dimension professionnelle qui les situe au-dessus du lot.
Mais à coté, la razzia de la musique urbaine a jeté sur le marché discographique des productions diversement appréciées par le public. Les phénomènes Maahlox le Vibreur avec son morceau à polémique « Ça sort comme ça sort », et Franko avec son single à scandale « Coller la Petite » ont révélé au grand jour les différentes facettes de cette musique. Pour certains, l’auteur de « Coller la Petite » a consacré l’apogée de la dérive pornographique alors que pour d’autres, ce tube constitue une inspiration géniale. Mais la chanson, qu’elle divise ou « enjaille », n’a laissé personne indifférent. Rien à voir avec « La sauce » de Reniss, apprécié par plus d’une génération de mélomanes. Le choc de gout et de vision vient certainement des subtilités langagières. La musique urbaine empruntant plus au pidgin ou au camfranglais, et longtemps considérés comme des langues de voyous.
Loin du style sarcastique d’Eboa Lotti, les expressions familières typiquement camerounaises ou issues de néologismes scandées par Stanley " Hein Père », Jovi « Mets l’argent à terre », Mink’s « Le gars-là est laid », Janea Pol’Anrhy « Tu dors ta vie dort », Tenor « Kabangondo » ont réussi à se populariser et à conquérir les foules.
La musique camerounaise affronte aussi aujourd’hui la concurrence de la musique nigériane. La nouvelle génération d’artistes nigérians fait une véritable irruption dans l’univers musical camerounais. Dans tous les points chauds du pays, les chansons de P-Square, Flavour, Chidinma, Yemi Alade, Davido,Tekno Miles, etc. sont sans cesse distillées. Si la part belle était faite aux artistes ivoiriens et congolais, il y a quelques années, la donne a changé aujourd’hui.
Par Grégoire DJARMAILA(CT)}