mardi 6 octobre 2015
De New York, où il s’est exprimé devant la tribune des Nations unies, le président de transition burkinabè Michel Kafando a pu expliquer les derniers événements au Burkina Faso, évoquer le sort des putschistes et l’organisation des élections.
Pouvez-nous nous confirmer le sort du général Gilbert Diendéré ?
Le général Diendéré - qui s’était réfugié dans une ambassade - a été transféré à la gendarmerie nationale de Ouagadougou. Il est en sécurité et dans de bonnes conditions. Par ailleurs, comme lui-même avait éprouvé le désir de se présenter à la justice, eh bien nous n’attendons plus, justement, que le moment venu pour qu’il réponde devant la justice.
Pouvez-vous nous confirmer le sort qui sera réservé aux putschistes qui ont essayé de renverser le gouvernement ?
Je ne peux rien vous dire à ce sujet car c’est une question de justice. Ils vont certainement passer devant la justice et c’est la justice qui en décidera. Ce que je sais simplement, c’est qu’au niveau du gouvernement, nous avons institué une Commission d’enquête qui a pour but d’élargir un peu les investigations et de voir quels sont ceux qui ont pu être complices, en dehors évidemment de ceux que nous connaissons et qui ont fait partie de la junte qui a fait le coup d’Etat.
On a parlé d’amnistie aussi pour certains putschistes. Est-ce que c’est quelque chose qui est toujours dans l’air ?
Je ne sais pas si la question de l’amnistie est toujours à l’ordre du jour. En fait, l’amnistie avait été envisagée pour persuader ceux qui ont fait le coup d’Etat de se rendre. Dans la mesure où ils ne l’ont pas fait et que c’est sous la pression de l’armée ou encore sous la pression populaire qu’ils se sont rendus, je ne pense pas que la question de l’amnistie soit encore à l’ordre du jour.
Croyez-vous à la thèse d’un général Diendéré manipulé de l’extérieur ou pensez-vous qu’il soit vraiment le cerveau du putsch ?
Ce qui est certain, c’est que le général Diendéré a fait un coup d’Etat. Ceci étant, qu’il ait été manipulé de l’extérieur ou manipulé à l’intérieur, l’essentiel est que nous, nous savons qu’il a fait un coup d’Etat et que c’est répréhensible. C’est une atteinte à la sécurité et à la sûreté de l’Etat et le général devra en répondre. Maintenant, pour les connivences, lorsque l’on sait que le général Diendéré a été quand même un très haut confident du président Blaise Comparoé - réfugié à Abidjan - je ne pense pas qu’il ait pu faire le coup sans avoir l’aval, en tout cas, de son mentor. Mais tout cela, nous le saurons lorsque la Commission d’enquête déposera ses résultats, à la fin de ce mois.
L’ancien président Blaise Compaoré pourrait être derrière le putsch ?
Cela m’étonnerait que quelqu’un comme Gilbert Diendéré - qui a travaillé pendant trente ans avec le président Blaise Compaoré - ait pu faire ce coup-là, sans que le président Blaise Compaoré soit au courant.
Pour quelles raisons les autorités de transition ont-elles décidé d’arrêter Djibril Bassolé ?
Sur l’arrestation de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré. En fait, le général Djibril Bassolé est soupçonné d’avoir été complice de ce coup d’Etat. On a repéré un certain nombre de messages qui font dire que non seulement il était au courant du coup d’Etat, mais qu’il aurait été vraiment un complice plus ou moins actif. C’est cela qui a fait que le général Bassolé a été arrêté. Ceci dit, nous, nous travaillons vraiment dans la clarté et dans la liberté. Aussi, s’il advenait vraiment que le général Djibril Bassolé n’a pas trempé dans ce coup d’Etat, il n’y a pas de raisons de garder le général Bassolé à la gendarmerie.
Pouvez-vous confirmer quand auront lieu les prochaines élections ?
Je ne peux pas vous dire, avec certitude, quand est-ce que nous allons reprendre le chronogramme des élections. Nous avons encore besoin de nous concerter car nous ne pouvons pas fixer une date sans nous en référer aux Forces vives du pays. Nous allons donc nous retrouver et voir quelles sont les nouvelles échéances que nous pouvons retenir pour aller aux élections. Nous-mêmes sommes pressés d’organiser ces élections mais, le peuple est traumatisé par ce qui s’est passé. Il faut voir déjà la question de la restructuration de l’armée qui est absolument indispensable. Nous ne voulons plus avoir une armée où il y a une armée dans l’armée.
Envisagez-vous une réouverture de la procédure de dépôt des candidatures à la présidentielle pour permettre un scrutin plus inclusif ?
Je ne peux pas vous dire non plus quelque chose sur cette question car c’est vraiment du domaine des experts. C’est la Céni, la Commission électorale nationale indépendante, qui nous dira ce qu’il faut faire car ce sont eux qui peuvent véritablement nous conseiller dans ce sens-là.
Source : Rfi