mercredi 25 mars 2015
Contrairement aux allégations de Jérôme Valcke, la mission conduite par Louis Paul Motazé ne s’est pas engagée à faire modifier la loi camerounaise.
La correspondance adressée au président du Comité de normalisation le 20 mars dernier par le secrétaire général de la Fifa a fait bondir quelques membres du gouvernement. Cette lettre a été envoyée à Joseph Owona au lendemain d’une rencontre au siège de la Fifa avec des émissaires du gouvernement camerounais, dont le ministre secrétaire général des services du Premier ministre, Louis Paul Motazé et le ministre des Sports, Adoum Garoua. Voici l’un des extraits de la lettre de Jérôme Valcke qui suscite l’ire des émissaires du gouvernement à Zurich : « Nous avons clairement exprimé l’incompatibilité entre cette disposition qui permet à ladite Chambre [Chambre de conciliation et d’arbitrage du Cnosc] de prendre des décisions unilatérales et l’obligation pour les membres de la Fifa de gérer leurs affaires de façon indépendante. Les deux ministres ont exprimé l’intention des autorités d’amender la loi afin de surmonter cette difficulté et nous vous
engageons à les contacter afin d’assurer une rapide matérialisation de leurs engagements. En admettant que la compatibilité entre la loi et les statuts ne posera désormais plus de difficultés, nous sommes d’avis que vous mainteniez inchangées les dispositions des statuts proposés en août 2014 qui prévoient des prérogatives de la Chambre de conciliation et d’arbitrage, à savoir avec l’accord préalable des parties impliquées. » Cela signifierait en clair, que Louis Paul Motazé et Adoum
Garoua se seraient engagés à faire modifier la loi camerounaise du 15 juillet 2011 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives afin de l’adapter aux statuts de la Fécafoot dont certaines dispositions, notamment celles concernant la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif, avaient été jugées contraires à ladite loi. Une des raisons pour lesquelles le Tribunal arbitral du sport (Tas) avait d’ailleurs annulé les statuts de la Fécafoot. « Faux », rétorque une source ayant pris part aux discussions avec la Fifa à Zurich. « Tout cela est absolument faux. Aucun engagement n’a été pris à la Fifa de modifier la loi camerounaise. Mais alors aucun. Vous devez savoir que seul le chef de l’Etat a la possibilité de demander à l’Assemblée nationale de modifier une loi. Comment donc des émissaires auraient pu prendre un engagement aussi lourd ? » Il s’agit donc, à en croire notre source, d’une pure manipulation du secrétaire général de la Fifa.
Selon nos informations, au cours de la même réunion au siège de la Fifa, il a également été demandé aux émissaires du Cameroun de s’engager à faire retirer une plainte de 54 clubs de football du Cameroun, qui est pendante en ce moment devant le Tas. Là encore, la délégation camerounaise a refusé de s’y engager, ne pouvant logiquement prendre de décision à la place d’entités morales autonomes que sont ces clubs.
Il apparaît donc que, contrairement aux allégations faites par le Sg de la Fifa, Jérôme Valcke tendant à parler d’un consensus entre le gouvernement camerounais, les candidats aux élections à la Fécafoot et les responsables du Comité de normalisation, la bataille risque d’être encore longue. Ce d’autant que le gouvernement garde en travers de la gorge la mission du 19 mars à Zurich qui, de l’avis de nombreux observateurs fut un échec. D’aucuns parlent d’humiliation pour le gouvernement camerounais.
Par Jean-Bruno Tagne(Le Jour)