samedi 10 avril 2010
Careen Piloh sort son premier roman, « Sous le charme d’une prostituée ». Encourageant.
En refermant la 121e page, le lecteur peut se dire qu’il y a eu tromperie sur la marchandise. Il n’aura pas totalement tort. Entre le titre accrocheur « Sous le charme d’une prostituée », et la réalité du récit de la jeune romancière, il y a un certain écart. En fait, l’auteur et son éditeur semblent avoir volontairement forcé sur l’image très vendable de prostituée de l’héroïne, Lolita. Sans doute pour capter rapidement l’attention. C’est réussi.
Mais en parcourant le récit, l’on se rend vite compte que c’est davantage d’une ancienne prostituée qu’il s’agit. Lolita, jeune femme, maîtrise en philosophie et sans emploi, est en proie à une véritable crise existentielle. Rapports conflictuels avec la famille, incertitude des lendemains la poussent à quitter la maison sans projet concret. Dans la rue, elle est sauvée d’une agression par un inconnu apparemment bien intentionné. Mais c’est lui qui va pourtant la vendre à une maison close. Résultat : quelques années de prostitution forcée, au cours desquelles l’héroïne se découvre. Au moment où elle décide de quitter le lieu de prostitution, elle a le coup de foudre pour Marco, un beau médecin espagnol, client de la maison...Le roman relate davantage l’histoire d’une jeune femme déterminée à se reprendre en main après avoir quitté le lieu de prostitution où elle a vécu. Elle a pris un appartement, est admise dans une grande école de la place. Bref, une vie normale, rythmée par les apparitions et disparitions du beau latino qui fait chavirer son cœur.L’histoire finit comme souvent. Dernière phrase : « Je t’aime, ma reine africaine ». Tout un résumé de l’idée de l’auteur. L’amour finit par triompher des barrières et obstacles. Un amour vrai, qui pousse l’amoureux à enjamber la différence raciale d’abord. Puis la différence sociale. Lui, grand médecin, et elle qu’il a connue comme vendeuse de plaisirs, vont s’unir pour la vie. Un amour réparateur aussi, puisqu’il marque la fin du cauchemar et la réconciliation. Lolita a retrouvé son père et sa belle-mère, ses frères et sœurs. Et grâce à son mariage, elle va revoir sa mère biologique émigrée en Espagne.
Tout est bien qui finit bien. Peut-être trop bien. L’auteur développe une vision des choses parfois un peu naïve. Le récit est haletant, mais l’écriture peu imagée, l’intrigue simpliste, les rebondissements trop prévisibles. Sans oublier ces petites incohérences dans le récit et ces nombreuses coquilles dans le texte. Toutes choses qu’on peut aisément attribuer à la jeunesse et à l’inexpérience de l’auteur, sans les excuser. Mais au final, l’auteur mérite d’être encouragée.
Careen Pilo, « Sous le charme d’une prostituée », Ecrire l’Afrique, L’Harmattan, Paris, 2009, 121 P.
Source:Cameroon Tribune