jeudi 23 juillet 2009
L’éphémère directeur général raconte son très controversé bail de six mois dans l’instance fédérale.
3 ans. C’est le temps que l’auteur a pris pour écrire ce véritable brûlot. Desperate football house est plus qu’un livre, il s’agit du testament de Jean Lambert Nang sur son éphémère bail à la direction générale de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Le ton est donné dès la page de garde : sur fond noir, le titre emprunte largement aux films d’horreur avec ses bouts effilochés sous forme de sang qui s’écoule et qui tombe juste sur un sous-titre fort évocateur : six mois dans l’enfer de la Fécafoot. Pour ceux qui en doutaient encore, une tête de mort encastrée dans le logo de l’instance fédérale finit par convaincre que le sujet abordé est tout sauf réjouissant.
C’est que Jean Lambert Nang, ancien rédacteur en chef du service des sports à la Crtv-télé, 25 ans d’expérience, dans un style journalistique vif, s’emploie à raconter dans les menus détails, les dessous de son séjour controversé. « On m’a vilipendé, traité de tous les noms d’oiseaux, raconté tout et n’importe quoi sur moi. Ce livre est une réponse à mes détracteurs », reconnaît-il lors d’un point de presse improvisé à Douala le 9 juillet courant. Pour autant, l’auteur se défend d’avoir voulu régler ses comptes. « Si vous trouvez le ton dur alors que je ne fais que relater des faits, vous pouvez imaginer dans quel environnement j’ai vécu », répond-il à ceux qui l’accusent de « tirer » sur ses amis d’hier. Desperate football house lève un pan de voile sur le fonctionnement de la Fédération camerounaise de football qui a en charge la gestion du sport-roi camerounais : une sorte de Cosa nostra où l’omerta est la loi absolue.
Tous complices !
« Les barons de la Fécafoot n’ont jamais été aussi solidaires que lorsqu’il s’agit de défendre leurs intérêts mafieux. Leur machine à broyer se met dès lors en branle pour écraser tous ceux qui regardent d’un oeil désapprobateur leurs manigances ou qui jugent leur activité répréhensible. A coups de millions, ils ont acquis des complicités, acheté des consciences, assuré leur impunité. Sans jamais se préoccuper de l’avenir du football », écrit-il. Pour le nouveau Dg, la maison s’avère très rapidement « un incontrôlable capharnaüm » : complots, tripatouillages, guerre de réseaux, marchandages, calomnies, etc., la réalité vécue dans « la tour de Tsinga » dépasse la fiction véhiculée par l’opinion publique sur les moeurs qui ont y cours Isolé de tous, y compris de son mentor Iya Mohammed, Jean Lambert Nang se refuse pourtant à démissionner. « Ceux qui m’attendaient au tournant l’auraient pris pour de l’incompétence », justifie-t-il.
Dans cette peinture crue qui met à nu la maison du football, le jugement de l’auteur est sans équivoque, tous coupables ! Des dirigeants de la Fécafoot aux différents ministres des Sports successifs en passant par le citoyen lambda, chacun a sa part de responsabilité dans l’immense gâchis. « Desperate football house est une relation minitieuse des faits connus ou inédits, situés dans l’espace et dans le temps, avec des personnages connus et reconnus. Tous ceux qui jusqu’ici se faisaient passer pour les critiques les plus féroces de la Fécafoot, apparaissent, à la lumière des faits décrits dans cet ouvrage, comme de complaisants complices ». Tout est dit dans cet extrait de la préface signée par Joseph Antoine Bell à qui nous empruntons volontiers cette phrase en guise de conclusion : « Ce travail n’est pas destiné à nuire mais à ouvrir la conscience de tous et d’abord celle de nos gouvernants sur la situation de notre meilleur produit à l’exportation et à la consommation interne ». Seront-ils assez lucides pour le comprendre ?
Par Frédéric Boungou(lemessager)
Desperate football house : six mois dans l’enfer de la Fécafoot, 10 000 Fcfa, Editions Inter Press, Yaoundé Cameroun, 2009, 426 pages.