jeudi 14 septembre 2017
La toute nouvelle Sonacam fait ses premiers pas, et déjà elle doit affronter les contestations. Il faudra pourtant réussir le pari de la réconciliation.
De ce scénario du droit d’auteur dans l’art musical, on pourrait tirer un rouleau long de plusieurs mètres. La Société nationale camerounaise de l’art musical (Sonacam) a à peine écrit ses premières notes depuis l’élection de son conseil d’administration consensuel transitoire le 9 septembre dernier au palais des Congrès à Yaoundé, qu’elle doit déjà faire face à des plaintes d’autres tendances. Outre la répartition aux ayants-droit du bénéfice de leur travail et la stabilisation de la gestion de ce nouvel organisme de gestion collective, Sam Fan Thomas, président du conseil d’administration de la Sonacam et son équipe, devront tenter la réconciliation avec les tendances dissidentes.
Celles-ci se sont opposées à la plateforme spéciale ayant abouti à l’assemblée générale constitutive de samedi, mais aussi à la tenue même de ladite assemblée générale, avec une requête aux fins de sursis à exécution de la décision N° 0141/Minac/CAB du 31 juillet 2017 (sur la plateforme) déposée le 8 septembre dernier auprès du tribunal administratif. Les artistes pro-Cameroon Music Corporation (pro-CMC), partisans de la fusion avec la Socam, affirment mordicus, qu’un agrément ne peut être cédé à la toute fraîche Sonacam, car les deux entités qu’ils défendent sont les seules à détenir des agréments. « La CMC n’a jamais été dissoute. Nous y avons beaucoup trop d’argent, et si jamais cela arrive, nous allons tout perdre », expliquait un artiste à Cameroon Tribune il y a peu.
Se disant embarrassés par le nombre de sociétés déjà créées dans cette catégorie B de l’art musical, et s’interrogeant sur la crédibilité d’un nouvel organisme de gestion collective, ils sont persuadés que la CMC est la seule qui puisse permettre qu’ils rentrent dans leurs droits. « Elle a signé des accords avec les usagers et c’est elle qui est reconnue par la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (CISAC) », disent-ils. Une opinion bousculée par ces propos du ministre des Arts et de la Culture, Narcisse Mouelle Kombi, qui au moment de l’installation des membres de la plateforme spéciale le 7 août dernier, précisait : « Une société sans agrément en cours de validité est juridiquement inapte à la gestion collective. En l’état actuel des choses, aucune société n’est ni légale ni, par conséquent, légitime pour la gestion collective dans l’art musical. »
Cette unification, qui a toujours fait défaut dans le secteur de la musique, se trouve encore une fois en danger. Sam Fan Thomas, bien conscient de cette difficulté se profilant à l’horizon, a déjà signifié que la Sonacam et les artistes qui y adhèrent, emprunteront la voie du consensus prônée par le Premier ministre, et tout le gouvernement. Samedi, il lançait déjà un appel à l’unité. « Ensemble nous devons construire cette nouvelle société : les artistes, les administrateurs et ceux même qui sont en face qui ne regardent pas dans la même direction que nous. Nous devons travailler ensemble. Qu’ils viennent vers nous pour la construction de cette nouvelle société », a-t-il indiqué. « Ce sont nos frères, nos amis. On a vécu tant d’expériences », rappelle Moussa Haïssam, un des vice-présidents de la Sonacam. Entre la quête d’un agrément et la répartition de leurs droits aux artistes, etc., la toute nouvelle Sonacam parviendra-t-elle à rassembler toutes les tendances et ainsi réussir où d’autres échouent depuis tant d’années ? Il le faut bien. Les batailles ne peuvent pas être éternelles.
Par Monika NKODO(CT)