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Discours de fin d’année : Beaucoup de bruit pour pas grand chose !

vendredi 8 janvier 2016


Les discours de fin d’année sont ainsi : beaucoup de bruit pour pas grand chose.

Et pourtant malgré tous les doutes, le scepticisme, les critiques, le discours du Président est commenté dans ses pleins et ses déliés, ses dits et redites, ses non-dits et ses silences. Celui de Paul Biya du 31 décembre 2015, n’aura pas échappé à ce bouillon épistémologique, à la foultitude de mots, aux kilomètres d’émissions, aux cent heures de parlotes, aux serials éditos, très collés-montés, à l’hagiographie emphatique et à la critique acerbe ! C’est ainsi ! Les mots d’un Président malgré ses tares ou ses limites restent les paroles d’un homme par qui tout peut arriver ! Illusion du peuple toujours suspendu aux lèvres du messie, l’homme providentiel.

L’homme par qui la parole arrive et est sacrée ! Forcément. Comme si en une seule soirée, il serait capable de gommer toutes les désillusions consécutives d’une politique sociale inexistante, d’un décollage économique mille fois annoncé mais jamais amorcé, à cause d’une conjoncture internationale structurellement en crise, sans autre forme de salut que... la guerre contre Daech ! En un mot pour contenir mille maux, sans rien à attendre de cette rhétorique de fin d’année qui est la même d’un Président à l’autre. Il se dit d’ailleurs que les mots clés sont les mêmes partout et il est fort probable que les nègres qui rédigent ces textes soient les même. A vérifier ! Cependant le speech de Paul Biya du 31 décembre dernier, ne manque pas de sel : il y a consacré son divorce définitif avec une administration qu’il a lui-même contribué à fabriquer, enjambe ses propres institutions, passe au-dessus d’elles et en appelle désormais à la mobilisation de (son) peuple (chéri) Mieux il prend des airs de Barak Obama. Indigénise son « Yes we can », en le tropicalisant par un « nous pouvons mieux faire ». Ce registre de l’implication de tous est un tournant incisif pour ne pas dire décisif de la pensée politique de Paul Biya, de sa manière de s’adresser au peuple, mais pas seulement lui.

En effet depuis la chute du mur de Berlin, de la Pérestroïka, du Printemps arabe, où le peuples rendent désormais comptables les présidents en tant qu’individus et non plus produits structurels du système, beaucoup de chefs d’Etat subliment l’individualité de leur fonction et en appelle à l’amour du peuple, pour eux-mêmes au nom du Père mais pas du Saint-Esprit. En somme ce que les mots de fin d’année mettent en jeu, c’est une sorte de grammaire politique où les présidents dans leur splendide isolement défient les institutions relais en piétinant leur autorité et prérogatives pour tenter de nouer un lien sacré avec le Peuple. La preuve : tous les exégètes du discours de Paul Biya rappelle qu’il a fondé son texte sur le registre affectif et de proximité, prenant un ton patelin, de père, pour supplier : « Aidez-moi à vous aider ! ». Dans son édition du Lundi 4 Janvier 2016, Cameroon-Tribune affirme : « Nouvel An, Paul Biya mobilise la Nation ». Mais ironie du sort on n’est pas très sur que la nation ait été frappée par la grâce du sermon ou même attentive aux slogans, puisque de nombreux foyers camerounais furent privés de lumière ce 31 décembre. Ce qui peut vouloir dire que Paul Biya a fait non seulement son discours dans l’obscurité mais aussi qu’il a prêché dans le désert. En clair-obscur ! Ses hagiographes n’ont pas mesuré la portée de leur exégèse. En somme le discours commenté dépasse sa propre portée et il est magnifié ou critiqué, sans une mise en perspective. Qui a écouté ? Combien ? Mais c’est la règle en politique. Il faut expliquer la syntaxe du Président. En expurger les mots de sa politique, même si en réalité personne n’y croit. Ce sont des mots automatiques. Des mots qui se veulent apaisants. Des mots vides. Des mots coquilles. Des mots lacustres. Des mots mutants. Il revient à la science politique de décortiquer les signaux sous-jacents de chaque discours au fil des années. Saisir la récurrence des mots clés. Débusquer les usages de la syntaxe, de certains adverbes ou adjectifs. Décrypter le ton. D’où parle le Président ? Quel est son corpus ? A qui s’adresse-t-il ?

2013.2014.2015 ! En trois ans, le ton de Paul Biya a glissé du courroux simple et de l’exaspération contre son administration, pour devenir désormais une supplique, un appel au « nous », à la mobilisation. Du peuple. Mais l’ambigüité réside dans le « nous ». En effet à qui et à quoi renvoie le « Nous » de Paul Biya ? Car contrairement à son homologue américain, Barak Obama, qui se réfère au « Manifest Destiny » (texte fondateur de la Nation Américaine) et qui peut se prévaloir du « We » pour la Nation américaine avec son Manifeste fondateur. Or le « We » de Paul Biya n’est que projet sans bases fondamentales. Lui n’a pas établi ce lien, ce « contrat de confiance » qui le ferait porteur des rêves et désirs d’une Nation. Alors comment peut-il « remobiliser » la Nation, lui a qui a rompu avec elle, après le pacte de 1984 ? La grande question capitale à laquelle Pal Biya refuse de répondre dans ses discours est : quel est le Pacte National et les valeurs qui le fondent ? Comment La Nation peut-elle mobiliser le peuple, elle qui est si souvent déchirée par ses milles fanions identitaires ? Suffit-il des quelques moments d’élan « patriotique » dans la mobilisation contre Boko Haram, pour croire avoir réglé la question de la Nation Kamerunaise et du contrat de confiance ? Certes Paul Biya sourit et son visage fatigué parfois s’éclaire. Mais les quatre points cardinaux relevés par notre confrère de Cameroon-Tribune ne constituent pas des axes stratégiques d’une nouvelle politique. Ils restent des points cosmétiques qui ne bousculent pas véritablement la donne. Il est vrai que ses adversaires ne font pas mieux et ne disent pas mieux. Leurs mots sont figés à la pétition de principe tribunitienne, à la critique d’un régime qui a sans doute trop duré pour laisser aux autres le génie de l’imagination créatrice et des utopies mobilisatrices. .Et ne fait pas la part belle à l’espoir de voir grandir un autre Kamerun, fondé sur un Pacte national. Un contrat. Un engagement. A comitment. Alors Le peuple, agacé par cette antienne rituelle, vaque à ses occupations sans se mobiliser derrière autre chose que la recherche de sa pitance pour survivre au jour le jour. Et le discours passe. La fin de l’année avec. Arrive alors janvier et son nouvel an. Les jours s’allongent. Les journées se débattent dans un labyrinthe de problèmes. Un rébus toujours irrésolu. Une pluie de tracasseries, qui fait dire : « à quand l’année prochaine ? ». Oui parce que malgré la vacuité des mots, cette logorrhée de vœux, reste beaucoup de bruits pour pas grand-chose. Mais il y a une obligation pour le peuple à son pouvoir. Alors chiche ? Pourquoi ne pas essayer le changement démocratique ? Yes, we can ? We must do better ! En disant dignement aurevoir à Paul Biya. Et tourner la page.

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