mercredi 1er février 2012
Ils viennent régulièrement lui rendre visite à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso. Des enseignants aussi.
La petite Vanessa Tchatchou va passer sa 165ème nuit sur un lit à la maternité de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso ce mercredi. Un lit désormais exposé aux passants, contrairement aux autres. Les rideaux de séparation ont été ôtés, sur instruction de Ndoh Anderson, le directeur de cette institution hospitalière. « Même la moustiquaire m’avait été enlevée. C’est en fin de semaine dernière lorsque je suis revenue de chez le procureur qu’ils me l’ont remise », rapporte Vanessa.
Chaque jour qui passe, cette fille qui a refusé d’interrompre sa grossesse malgré son jeune âge (17 ans) prie l’Eternel pour que son enfant lui soit remis. Les intrigues et les menaces dont elle est victime au quotidien ne la font pas reculer. Bien au contraire, cela booste ses convictions. Surtout que les soutiens lui viennent de partout. « Je résiste grâce à ma mère qui me console, à mes camarades de classe qui viennent ici au moins trois fois par semaine, à mes professeurs qui viennent souvent ici lorsqu’ils ont un malade à visiter dans l’hôpital, à vous les médias qui garantissez ma sécurité et à des hommes de cœur comme Shanda Tonmé, Sosthène Fouda et les autres. Le père de mon enfant est encore très jeune. Il fait le transport à la moto et pleure plus que moi. Mais il n’a pas de force. Il se contente de venir dormir ici avec moi après le travail », confie la jeune fille.
Sur place au Lycée de Ngousso-Ngoulmekong, situé sur l’axe Yaoundé-Soa, les responsables se caractérisent par leur mutisme. Le surveillant général reste muet. Le proviseur aussi. « Je suis désolé. Mme le proviseur dit qu’elle ne peut pas s’exprimer sur le sujet parce que cela ne concerne pas l’établissement », se contente de répondre le secrétaire du chef d’établissement, après une concertation avec son chef. Mais les élèves eux, n’ont pas leurs langues dans la poche. « Elle a accouché en congés. Certains de ses anciens camarades croient qu’elle fréquente ailleurs alors qu’elle est à l’hôpital. Si cela était arrivé au courant de l’année scolaire, nous aurions organisé un mouvement pour protester », explique une jeune élève de la classe de seconde C1 qui a requis l’anonymat.
Quoi qu’il arrive, Vanessa Tchatchou reste plus que jamais déterminée à braver toutes les adversités, pour retrouver son bébé. Elle dit d’ailleurs avoir chaque jour le sentiment que sa fille est en vie et pense à sa mère.
Source : Le Messager