Achille Emana : "j’aimerais jouer au Canon de Yaoundé"

En France, il y a des rumeurs qui annoncent ta venue à Paris et Marseille. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

Bah là je suis à Marbella, en vacances, donc je sais vraiment peu de choses à ce sujet. Les rumeurs c’est bien beau, mais moi je vis sur du concret, pas sur des supputations. J’attends des coups de fil et mon agent aussi. S’il y en a, tant mieux, s’il n’y en a pas, tant pis...

Est-ce que tu as donné des consignes à ton agent ?

J’ai rien demandé de particulier à mon agent, j’ai pas besoin de lui dire quelque chose pour trouver un club. En fait, je n’ai même pas demandé à mon agent de chercher car ce sont les clubs intéressés par mes services qui doivent faire la démarche, pas moi. En Espagne, je suis considéré comme l’une des révélations de la dernière Liga, et comme le transfert le plus rentable de la saison dernière. Malgré la relégation du Betis, j’ai fait une bonne saison, donc je suppose que j’ai éveillé l’intérêt de quelques clubs. Si je n’avais pas joué et que j’étais désespéré, peut-être que mon agent appellerait des clubs, mais heureusement, je ne suis pas dans cette situation-là.

Est-ce que tu ne regrettes pas aujourd’hui d’avoir quitté Toulouse pour rejoindre une équipe aussi instable que le Betis ?

Je vais te citer deux points, qui ont eu beaucoup d’importance dans ma carrière mais également dans ma vie d’homme. Premier point : le Betis m’a servi à grandir comme joueur. J’ai passé beaucoup de bons moments à Séville, j’ai reçu beaucoup d’affection de la part des joueurs, du public et des dirigeants, aussi je leur serai éternellement reconnaissant si je quitte finalement le club, ce qui aujourd’hui est loin d’être fait. Deuxième point : l’année dernière, quand j’ai quitté la France après avoir joué neuf ans dans le championnat, je n’ai pas eu de reconnaissance. Il m’a fallu deux mois au Betis pour que les gens en Espagne m’apprécient à ma juste valeur... Le Betis a cru en moi et m’a démontré que je valais quelque chose. En France, je n’ai jamais entendu ça, même lorsque j’ai marqué un but du milieu de terrain face à Rennes. Donc si je devais te répondre aujourd’hui sur mon passage au Betis, je te dirais juste que je ne regrette rien. C’est un club qui m’a offert beaucoup d’affection… ça n’a pas de prix.

Sincèrement, est-ce que tu as vraiment envie de jouer en deuxième division avec le Betis ?

C’est sûr que je n’ai pas envie de jouer en D2, je ne vais pas le cacher. En toute modestie, je pense que je vaux mieux que ça, mais aujourd’hui, c’est pourtant ce qui va se produire si le club ne reçoit aucune offre satisfaisante. Si je reste au Betis, je ferai tout pour essayer de faire remonter le club en première division, mais ce n’est pas vraiment ce à quoi j’aspire aujourd’hui. J’ai besoin d’autres objectifs.

Justement, quels sont tes objectifs ?

Je veux jouer au plus haut niveau. La France, la Turquie, l’Allemagne, l’Espagne, peu importe, mais moi je veux jouer pour gagner des matchs et prouver que je suis un bon joueur. Achille Emana (sic) peut s’adapter partout, je n’ai pas peur de démontrer ce que je vaux.

Il y a de la rancœur dans tes propos. On a l’impression que tu te sens sous-estimé…

En France, c’était le cas. Si j’avais joué à Marseille ou à Paris au lieu de Toulouse, ça n’aurait pas été pareil : les gens m’auraient peut-être considéré comme un bon joueur. Malheureusement j’évoluais à Toulouse, et médiatiquement, on était mal placés par rapport au PSG ou à l’OM. Notre président (Olivier Sadran, Ndlr), un grand monsieur, s’est battu pour faire en sorte d’exister, mais les gens continuent de penser que Toulouse est un petit club. Quand j’étais au TFC, on en parlait entre les joueurs, et je peux simplement dire que je n’étais pas le seul à souffrir de ce manque de reconnaissance. Si Toulouse avait été Paris, ça se serait sûrement passé différemment, mais bon, je ne suis plus déçu aujourd’hui, c’est comme ça…

Tu suis toujours l’actualité du TFC ? Qu’est-ce que tu penses du forcing de Gignac pour rejoindre Lyon ?

Je continue à m’informer sur Toulouse, c’est mon club de cœur, et puis je suis toulousain aussi ! Concernant Pierre-André, je peux juste dire que c’est comme un frère pour moi. Le mieux pour Dédé, c’est que toutes les parties puissent trouver un accord. Il faut que chacun soit gagnant dans cette histoire. Ça ne sert à rien de s’énerver, il faut bien discuter et je suis sûr qu’au final, tout le monde sera content. Dédé, c’est un très grand joueur, mais je suis de Toulouse, donc si je pense en supporter du TFC, c’est évident que je préfère qu’il reste, mais bon…

Revenons à toi. Il semblerait que les dirigeants de Valence soient très chauds pour t’enrôler. Tu confirmes ?

C’est l’une des pistes les plus sérieuses, mais rien n’est fait là encore. C’est certain que de jouer dans l’un des plus grands clubs espagnols, ce serait bien, mais bon… Moi je veux jouer, et parler sur un terrain, c’est tout ! Les négociations, c’est entre mon agent et les clubs intéressés.

Bon sérieusement, tu préfères le PSG ou l’OM ?

J’aime ces deux clubs. Pour moi, c’est du 50-50. J’aime la ville de Paris, mais j’aime aussi Marseille qui est une grande et belle ville. Si le PSG ou l’OM viennent me voir avec une bonne offre, tout peut se faire ; j’ai des gens qui s’occupent parfaitement du côté administratif pour moi…( rires)

Et un retour à Toulouse, c’est plausible ?

S’il faut repasser par la case départ, je le ferai. J’adore Toulouse, j’ai beaucoup de respect pour ce club et puis c’est aussi le club qui m’a donné ma chance, donc pourquoi pas ?

Si on te donnait le choix, dans quel club tu rêverais de jouer ?

Il y en a beaucoup qui rêvent du Real Madrid, mais moi j’aimerais bien jouer au Canon de Yaoundé. C’est le club où a joué mon père et j’aimerais bien finir un jour ma carrière là-bas. Chacun ses rêves, et moi, c’est les canons de Yaoundé ! (rires)