vendredi 1er juin 2012
Imaginez le Sahel avec sa savane, ses villages traditionnels, ses montagnes, ses lions, ses pistes de terres, ses griots, les cris et chants des bergers Bororo, sa musique et sa diversité culturelle : Bienvenue dans l’univers sahélien de Wam Kara pour un voyage musical à la découverte du « Kara », un jeu de calebasses d’origine peulh, aujourd’hui en voie de disparition. Premier album à l’actif du groupe Wam Kara, « Divine Spirit » tire son essence de la fusion entre la world music et les sonorités sahéliennes. Dans cette brillante œuvre musicale, la calebasse, la gareaya, la flûte peule (wombéré) et le tambour d’aisselle (kalangou) fusionnent avec les guitares venues d’ailleurs pour produire un genre musical de synthèse. Wam Kara expose aux yeux du monde la culture du grand Nord Cameroun dont les membres du groupe en sont les gardiens. Bâti autour du concept « Djahaangal » littéralement « le voyage » en langue Peuhle, ce périple musical est détaillé à travers neuf chansons que l’on retrouve dans le disque.
Dans la première chanson « Nane Fame », le groupe dénonce le mariage forcé de la jeune fille et défend le droit de celles-ci à choisir son mari. La chanson « Talakaku » parle de la pauvreté et des conséquences de la misère sur les agissements de l’être humain, tandis que « Soynde » parle de deux amoureux et des conséquences de la distance qui les sépare. Le groupe est également engagé dans la lutte contre le VIH. Illustration à travers la chanson « Danso Sine » où Alfa Barry et ses compagnons encouragent l’utilisation du préservatif lors des rapports sexuels car « Barsooban nous guette ». Dans la chanson « Bourdouwa Talla », Waam fait l’éloge des vendeuses ambulantes qui déambulent dans nos rues proposant aux acheteurs divers produits. Par contre dans le très réussi « Waïnabé », c’est le berger peuhl qui est mis en valeur et salué par les membres du groupe qui lui rendent hommage. Et si jusqu’ici la chance sourit au groupe, celui-ci reconnait dans la chanson « Sei Lamou Halla », qu’en plus du travail c’est aussi en partie par la volonté de Dieu de qui tout dépend que leur étoile brille depuis leur épi d’or en 2008 lors du festival national des arts et de la culture à Maroua. C’est en chantant leur passion commune pour la musique sur le titre « Djarraba Bambou », que les membres du groupe bouclent la track list de l’album.
Par Ebah Essongue Shabba (journal du Cameroun)