mardi 21 février 2012
La mère du bébé volé compte continuer son combat, après six mois passés dans son lit d’hôpital.
Cela fait exactement six mois que tu n’as pas quitté ton lit d’hôpital. Comment te sens-tu ?
Je suis fatiguée. Je ne sais même plus où j’en suis. J’ai l’impression que les choses n’avancent pas. J’ai été prélevée de force il y a deux semaines pour que des tests Adn soient effectués. Depuis, plus rien. J’ai l’impression que le gouvernement veut monter une histoire pour faire croire que mon bébé est mort, alors qu’il y a beaucoup de contradictions dans cette affaire. Malgré tout ça, je reste optimiste. Je sais que ma fille est en vie. J’ai espoir de la revoir un jour. Et je ne partirai pas de cet hôpital sans elle. A part ça, j’essaie de vivre chaque jour comme il vient. Si on m’avait dit que je mettrais autant de temps dans cet hôpital, je ne l’aurais pas cru. Mais, je me suis adaptée. C’est vrai que le fait de ne pas pouvoir aller à l’école ou voir mes amis me dérange. Le handball me manque aussi. L’autre jour, mon entraîneur m’a appelé pour que j’aille disputer la finale du tournoi de la jeunesse. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas sortir (elle sourit).
Comment vis-tu avec le dispositif sécuritaire qui est déployé autour de toi ?
Au départ, j’étais réticente. Je pensais que ces policiers étaient là pour me faire du mal. Mais, ils m’ont fait comprendre qu’ils étaient là pour veiller sur moi. On n’a aucun problème. Avec les événements de ces quatre dernières semaines, je commençais vraiment à ne plus me sentir en sécurité dans cet hôpital. D’ailleurs, depuis ma rencontre avec le procureur du tribunal d’Ekounou, je dors sur une chaise de la salle d’attente.
Et comment le personnel de l’hôpital te traite-t-il ?
Le directeur général ne m’adresse plus la parole. Quand il passe, c’est à peine s’il me regarde. Les infirmières, quant à elles, continuent de me lancer des paroles choquantes. L’autre jour, après la reconstitution des faits, l’infirmière major de la maternité s’est mise à danser devant moi, parce que les personnes soupçonnées du vol de mon bébé ont dit qu’elles me connaissaient. Pourtant, lors de la première confrontation, elles ont affirmé ne pas me connaître.
Jeudi, le 23 février prochain, tu vas célébrer ton 18e anniversaire, comment vas-tu le passer ?
Je ne sais pas. Je n’ai rien prévu. Comment pourrais-je dans cette situation ? Je suis sûre qu’aucune fille ne rêve de fêter ses 18 ans dans ma situation. Mais, je ferai le vœu que ma fille me soit restituée. Ce serait mon plus beau cadeau.
Propos recueillis par Irène Fernande Ekouta(Le Jour)