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Université de Yaoundé I : La police saute sur le campus

vendredi 5 juin 2009

Munie de canons à eau, elle a dispersé les étudiants qui tenaient en respect les responsables de l’institution.


La situation tendue vécue hier, 03 juin 2009 sur le campus de l’université de Yaoundé I a connu un dénouement brutal dans la soirée. En effet une escouade de policiers venue du commissariat du cinquième arrondissement à Yaoundé a investi les lieux et dispersé les étudiants qui depuis la mi-journée avaient bouclé toutes les issues et "pris en otage" les responsables de l’institution. Aux environs de 18h, il était impossible au recteur de quitter ses services par exemple. Cette intervention musclée des forces de police n’a cependant pas fait de victime à en croire des sources dignes de foi. Toutefois, pour les manifestants estimés entre 2000 et 2500 étudiants, "l’électricité reste dans l’air".

A l’origine de cette situation, le non paiement par le recteur de l’université de Yaoundé I, Oumarou Bouba, des commissions promises aux étudiants ayant aidé au bon déroulement des derniers jeux universitaires. Au terme des compétitions, promesse leur avait été faite de désintéresser les hôtesses, les animateurs de la parade, ceux ayant contribué à la restauration et les pairs éducateurs. Et pourtant, comme le disent aussi bien certains collaborateurs du recteur comme ce dernier lui-même, faute d’argent, il n’a pu honorer ses engagements. D’où les promesses plusieurs fois faites aux étudiants à qui par ailleurs, la direction de l’université exige le paiement des droits universitaires.

"Or, nous avons pré financé les équipements vestimentaires que nous avons utilisés lors des jeux. Nous nous sommes dits qu’une fois désintéressés, nous allions restituer ce que nous avons retiré des droits universitaires. Or, et c’est là où le bas blesse, le recteur que nous avons plus d’une fois sollicité n’a pas fait preuve de compassion", se laisse aller un étudiant qui a requis l’anonymat. Sur la tension qui est brusquement montée mercredi matin, de nombreux témoignages font savoir que le recteur a autorisé le paiement desdites rétribution par rapport auxquelles aucun montant initial n’avait préalablement été arrêté. "Contre toute attente, des discriminations sont nées. Ceux de nos camarades qui ont pris part à la parade ont reçu 7000Fcfa, les hôtesses, 10 000Fcfa, ceux de la commission restauration, 15 000Fcfa et les pairs éducateurs, 25000Fcfa Ce qui a fait crier l’injustice", relate un autre étudiant.

Grève

S’estimant dupés, quelques étudiants mécontents ont décidés de faire arrêter les payements dans toutes les commissions. "Nous nous sommes entraîné pendant deux mois et demi, sous le soleil comme sous la pluie. Il est inconcevable qu’après toute cette peine, l’on décide de nous donner 7500 Fcfa et de donner aux membres du protocole 15.000Fcfa" déclare tout furieux, Laurel K., un autre étudiant. C’est ainsi que la revendication de départ a pris l’allure d’une grève. Quelques membres du bureau de l’Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec) ont pris le contrôle de la situation. "Etudiants non violents, étudiants responsables", scandait un porte parole de l’association, invitant ainsi les étudiants à manifester pacifiquement.

Pour faire entendre leur cause, un millier d’étudiants a pris possession de l’entrée du rectorat en face de la scolarité. Des pistes ont ainsi été envisagées de sortir le recteur Amadou Bouba de son bureau. C’est dans cette mouvance que des barricades ont été érigées à l’aide de bacs à ordures et des branches d’arbres sur l’artère qui conduit au rectorat, empêchant les véhicules de se déplacer. Tandis que quelques-uns faisaient le tour du campus avec ce qui leur servait de pancarte et un haut parleur distillant un son de sirène de police à la main, quelques étudiants étaient assis à même le sol devant le rectorat, empêchant quiconque d’entrer. Impuissante de par son effectif, la police du campus se tenait à l’écart. Pendant ce temps, aucun responsable de l’université n’a voulu s’exprimer sur la situation.

Léger Ntiga et Stéphanie B. Hissoak (Mutations)

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