jeudi 22 septembre 2011
En apparence, elle se serait pendue à l’aide d’une rallonge. En attendant les résultats des enquêtes ouvertes sur ce cas, les circonstances de son décès laissent ses proches sans voix.
La communauté camerounaise de Washington vient d’être frappée par le décès de Tsafack, née Keudem Cécile survenue vendredi, 2 septembre à 14h30, dans des conditions mystérieuses. Agée de 32 ans, Cécile arrive aux Etats-Unis d’Amérique au début du mois d’août, accompagnée de ses quatre enfants âgés entre quatre et onze ans. Son époux y vit depuis trois ans. Elle croit ainsi mettre fin à une période de solitude qui n’a que trop duré. Malheureusement, elle ne participera pas à la fête qu’elle comptait organiser pour remercier le Très- Haut pour avoir exaucé son vœu le plus cher, celui de se retrouver sous le même toit que son époux et leurs enfants. A Washington, la triste nouvelle s’est aussitôt répandue comme une traînée de poudre et les commentaires suscitent des interrogations des plus folles aux plus stupides.
C’est dans son appartement dans la ville d’Adelphi, dans l’Etat du Maryland que nous avons rencontré Jean Tsafack Djiague, l’époux de la défunte. Agé de 44 ans, ce fils de Foto, dans le département de la Menoua , (Ouest-Cameroun) retrace les derniers jours de son épouse. « Lorsqu’elle est arrivée ici, nous avons fait un plan de vie et exploré les différents axes de son intégration dans la société américaine, car lui disais-je, la vie de fonctionnaire (enseignante) que tu menais au pays est finie. Et il va falloir évaluer tes diplômes pour trouver un emploi ». En attendant, la défunte joue les garde-malades auprès d’un de leur fils interné à l’hôpital des enfants à Washington Dc. « Curieusement, de l’hôpital elle m’a appelé de venir au plus vite avec les autres enfants pour qu’elle leur dise au revoir avant de mourir. Je savais que c’est mon gamin qui était souffrant et qu’elle n’avait aucun problème de santé ». Cependant, il se rend à l’hôpital où Cécile lui confie qu’elle a fait un cauchemar dans lequel des gens l’ont copieusement bastonnée. « Je n’ai pas attendu pour en informer ma maman et sa sœur de cette situation inquiétante ». Pendant ce temps, Cécile se tord de douleur en lançant : « Mon père m’a finalement eue, que me veulent les gens ? Avant de conclure « je ne suis plus de ce monde », se souvient Jean qui l’a conduite le lendemain à la paroisse St Camelus à Sylver Spring (banlieue de Washington Dc) afin de rencontrer un prêtre pour une séance d’exorcisme. Aucun n’est disponible. Face à une situation qui lui semble mystique par conséquent au-dessus des compétences de la médecine classique, l’homme ne sait plus à quel saint se vouer. L’état de son épouse empire. Elle délire et raconte des histoires étranges. Du genre : « elle voit une chèvre qu’on est en train d’égorger ». Cependant, la question de savoir si elle reconnaît les auteurs de cet acte reste sans réponse. Le jour de son décès, elle exige que son époux qui se rend au travail sorte avec leur fils sans en expliquer les raisons. De retour de l’école, c’est en vain que les enfants cognent à la porte. Ils passent plus d’une heure à l’entrée, jusqu’à ce que leur aînée qui seule détient le double des clés vienne leur ouvrir la porte. Une fois à l’intérieur de l’appartement, ils n’ont pas ressenti la présence de leur génitrice qui pourtant avait l’habitude de les accueillir. Elle n’est ni au salon, ni dans la chambre. « Inquiète, ma première fille m’a appelé tout en précisant que la porte de la douche était bloquée de l’intérieur. Pris de panique, j’ai appelé certains proches amis qui ont aussitôt fait le déplacement et ont retrouvé sur place dans mon domicile des voisins ont été alertés par ma fille ». La porte de la douche est défoncée et l’on constate que « ma bien aimée s’était servie d’une rallonge pour se pendre. Ce n’est qu’autour de 22 heures que mon collègue est venu assurer la relève au lieu de service que j’ai pu regagner la maison avant de me rendre compte que mon épouse avait été poussée à la mort. Les amis n’ayant pas eu le courage de me dire la vérité, malgré mes incessants appels téléphoniques ».
Meurtre ou suicide ?
Sur les causes du décès de dame Tsafack Cécile, chacun a sa petite idée. Pour son époux, il est clair que : « Cécile a été poussée à la mort par des mains méchantes. Elle était si attachée à moi et à nos enfants qu’il est inadmissible qu’elle se donne la mort par pendaison. Que non ! Nous vivions toujours main dans la main. Elle était bien aimable. Je me suis battu corps et âme pour qu’elle me retrouve ici. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai pris ce nouvel appartement ».
Joint au téléphone, Jacqui White, enseignant de psychologie à l’université intercontinentale de Los Angeles soutient la thèse du suicide volontaire. « Dame Tsafack aura juste voulu mettre fin à une souffrance insupportable. Personnellement, elle a pris la corde est entrée dans la douche, se sera rassurée que la porte est fermée, avant de mettre un terme à ses jours », argue-t-il, précisant qu’elle n’a pas voulu terrifier leur gamin de 4 ans en demandant à son époux de l’emmener avec lui. De l’avis de Jacob Ghemning, infirmier diplômé, « le décès de cette femme épouse les contours du mysticisme. Comment est-il possible qu’une femme de forte corpulence puisse se pendre à l’aide de la corde de la radio ? Elle aura passée trois années à encadrer seule leur progéniture, comment comprendre qu’elle se donne la mort au moment où elle devrait plus que jamais jouir pleinement aux côtél de sa tendre moitié les délices du mariage ? », interroge-t-il. En attendant les résultats des enquêtes et le programme des obsèques, les contributions sont attendues des âmes de bonne volonté chaque jour au domicile familial et à l’église St Camelus, tous les dimanches après la messe de 14h30.
Par Gilbert Tella Tagne à Washington Dc(Le Messager)