vendredi 23 avril 2010
La nouvelle s’est répandue hier dans la capitale telle une traînée de poudre, laissant plus d’un observateur en émoi.
Bibi Ngota, est décédé dans la nuit de mercredi 21 avril au jeudi 22 avril 2010, à la prison Centrale de Yaoundé, des suites d’hypertension artérielle, a -t-on appris de l’agence d’information Apa qui avait cité des sources familiales. Le disparu était en détention préventive à la maison d’arrêt de Kondengui depuis le 10 mars 2010. Tout soin lui y avait été refusé en dépit d’un état jugé préoccupant par les siens, précise l’agence.
C’est donc de manière fatale que s’achève pour le DP, le feuilleton qui l’oppose depuis 2 mois à un des dignitaires du régime de Yaoundé. En effet, il avait été enlevé le 3 février dernier, par les éléments de la direction générale de la recherche extérieure (Dgre), en même temps que Serges Sabouang, et par la suite Roger Mintya Meka ( tous deux toujours détenus à Kondengui). Leur mise en détention provisoire était consécutive à une plainte déposée à la police judiciaire (Pj) à Yaoundé par le secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr), Laurent Esso. Ce dernier les accusait de coaction de faux. Notamment d’un document dans lequel la signature du Sgpr était invité. Ladite pièce, qui est datée du 20 juin 2008, est une instruction donnée par Laurent Esso à l’administrateur- directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (Snh), Adolphe Moudiki, de payer une commission globale de 1,342 milliard FCFA à MM. Dooh Collins, Antoine Bikoro Alo’o et Dayas Mounouné, respectivement consultant, directeurs généraux du Chantier naval et du Port autonome de Douala (Pad). Cette somme représenterait des « frais de commission » dans le cadre de l’acquisition d’un bateau-hôtel par la Snh, dont le président du conseil d’administration n’est autre que l’actuel SGPR.
Bibi Ngota, mais aussi Serge Sabouang et Robert Mintya Meka, respectivement directeurs de publication (Dp) des bimensuels La Nation et Le Devoir, et Hervé Nko’o, reporter à l’hebdomadaire Bebela, furent gardés au secret pendant près de deux semaines. A leur sortie des cellules des renseignements généraux, ils présentaient de sérieuses traces de torture. Le dernier cité confiait à de nombreux confrères qui voulaient savoir le fin mot de l’affaire que « nous sommes interpellés alors que nous tentions de recouper les informations y contenues ». Alors que celui qui est aujourd’hui décédé s’était muré dans un silence que certains de ses proches avaient assimilé à une réaction post traumatique, leurs poursuivants opposent toujours à leurs arguments de vouloir faire des recoupements journalistiques, une volonté d’arnaquer de hautes personnalités de la République.
La mort de ce confère a considérablement jeté l’émoi au sein de la coopération des journalistes. Le Syndicat national des journalistes a rendu public hier un communiqué de presse confirmant la mort du directeur de publication de Cameroun Express. Des actions fortes sont envisagées dans les jours à venir. Question de protester contre la volonté des dignitaires du régime Biya de violer la liberté d’expression au Cameroun. En tout cas, la mort de notre confère a déjà fait le tour du monde entier. Ses bourreaux à l’état actuel des choses, sont également connus.
Par Rodrigue N. TONGUE (Le Messager)