mardi 20 septembre 2011
L’œuvre à polémique du guinéen William Sassin a été interprété vendredi 16 septembre 2011 au Centre culturel Français de Douala par le comédien Wakeu Fogaing.
De la pornographie ! La scène en a tout l’air. Presque tous les mots sont des dérivés du sexe. Au-delà de cette rhétorique de nature à blesser quelques sensibilités, le metteur en scène de « Mémoire d’une peau », Kouam Tawa, qui signe également la scénographie, a voulu passer un message : « Tout le monde est un albinos à sa manière ».
1 heures 10 minutes durant, l’interprète de cette pièce théâtrale a éveillé la conscience des spectateurs sur la marginalisation et l’exclusion dont sont victimes certaines minorités à l’instar des albinos.
Seul sur les planches, Wakeu Fogaing incarne par des gammes gestuelles variées, tous les personnages de cette pièce théâtrale. L’acteur principal Milo Kan, est un jeune albinos à qui la vie n’a jamais fait de cadeau. Son père n’est pas son « vrai père » et sa mère n’est pas sa « vraie mère ». Son enfance difficile lui hante sans cesse l’Esprit. C’est sans efforts qu’il se souvient des railleries de ses camarades de classe et des privations illégitimes de ses enseignants du fait de la couleur de sa peau plutôt brune alors que ses « parents » sont de couleur foncée. Un lundi soir après le décès de son « père », sa « mère » décide enfin de lui révéler sa véritable origine. En fait, incapable d’enfanter, celle-ci l’avait volé dans la maternité de l’hôpital où elle officiait comme sage femme. Précision faite : « si j’avais su que tu étais un albinos, je ne t’aurai jamais volé ». Milo Kan devient un monstre. Il est prêt à tout démolir sur son passage. L’albinos noie ses soucis dans l’alcool et fais du sexe son pain quotidien. Le nombre de ses concubines dépasse les prénoms féminins inscrits sur le calendrier romains. Mireille son épouse n’est « ni bonne ni belle », Milo espère trouver dans le regard de toutes ses conquêtes, l’amour vrai. Celui qui l’aidera à « combler son manque d’amour d’enfance ».
Porno
« Mémoire d’une peau » est un ouvrage du guinéen William Sassin publié en 1997 longtemps après sa mort. Le roman est malheureusement censuré par le gouvernement de Conakry parce que qualifié de pornographique. Les mots et les images étaient jugés trop osés, confie Kouam Tawa. Le metteur en scène et scénographe camerounais a eu un regard différent de cette réflexion et a pu dénicher au-delà des mots, un message, sans doute celui que l’auteur voulait transmettre : l’histoire de sa vie. Initialement contenu dans 180 pages, Kouam l’a réadapté en 36 pages pour le mettre en scène. Seul sur la scène avec sa machine à écrire et des boite de bière, il a fallu 200 séances de 4 heures chacune de répétitions pour maîtriser ce chef d’œuvre et toute la gamme gestuelle que cette pièce impose. C’est la vingtième adaptation qui se jouait sur les planches du Ccf ce vendredi 16 septembre 2011 après Conakry en 2010. « Chacun de nous est un albinos à sa manière », le message est également passé du côté du centre culturel français de Yaoundé le 17 septembre 2011.
Par Adeline Tchouakak(Le Messager)