mercredi 17 mars 2010
Ces mesures de révocation, d’arrêt de rigueur assortis de 45 jours de prison font suite aux évènements sanglants de Limbé.
Deux semaines après la présentation à l’étendard des éléments du Bataillon d’intervention rapide Delta (Bir Delta), basé à Man’o War Bay, Edgar Alain Mebe Ngo’o, ministre de la Défense, a sanctionné hier les éléments de cette unité d’élite impliqués dans les exactions de Limbe. Dans un communiqué de presse signé du Mindef, Mebe ngo’o indique que "suite aux exactions perpétrées dans la nuit du 23 au 24 février 2010 par certains éléments égarés Bataillon d’intervention rapide Delta (Bir/Delta), au lieudit Church Street, et au terme des enquêtes menées à cet effet, les sanctions disciplinaires ci-contre ont été infligées aux personnels militaires dont la responsabilité a été établie".
Ainsi, "sans préjudice des poursuites judiciaires en cours" engagées contre ces éléments, précise le communiqué signé hier, 20 jours d’arrêts de rigueur ont été infligés aux trois officiers chargés de l’encadrement des militaires impliqués, "pour négligence dans l’exercice de leurs fonctions d’encadrement". Dans le même temps, 13 militaires de rang impliqués dans les exactions, écopent de 45 jours de prison, "assortis d’une radiation définitive des effectifs des Bir". Les trois militaires de rang reconnus comme principaux instigateurs des exactions de Church Street, écopent de 60 jours de prison et d’une traduction devant le conseil de discipline. Cette sanction est elle aussi assortie d’une radiation définitive des mis en cause, des effectifs des Bir.
Expédition punitive
Après le passage de l’expédition punitive d’une partie des éléments du colonel Syvan, dont les conséquences se mesurent aujourd’hui au nombre de personnes frappées d’incapacité physique, le ministre de la Défense, au lendemain de ces évènements sanglants, avait instruit le commandant du Bir Delta de présenter des excuses aux populations de la ville, et promis que des mesures draconiennes seraient prises à l’encontre des assaillants qui avaient fait 23 blessés et de nombreux dégâts matériels dans leur folie dévastatrice. Dans la foulée, les éléments incriminés avaient été conduits à la prison militaire de Yaoundé, où, sans préjudice des poursuites judiciaires en cours, comme le précise le communiqué du Mindef, ils continuent de séjourner.
Des sources indiquaient déjà que ces éléments du Bir écoperaient des sanctions pénales en plus des sanctions administratives.
Pour mémoire, les éléments du Bir Delta ont, dans la nuit du 23 au 24 février 2010, donné un assaut sur la ville de Limbe, pour venger la séquestration de leur frère d’arme, mis en difficulté à Down Beach quelques jours plutôt par des civiles. Une première expédition punitive arrivée le 21 février pour réparer le tort causé à l’homme en tenue, a emporté des téléphones portables appartenant aux populations du coin. Deux jours plus tard, une autre escouade d’éléments du Bir, fait irruption dans la ville, tabasse, piétine, poignarde, saccage, casse, dépouille des populations autour de 2h. A coups de machettes, de poignards et de gourdins, affirment des témoins ayant vécu ces évènements macabres, une dizaine d’éléments dicte et fait la loi pendant plusieurs minutes.
Par Pierre Célestin Atangana(mutations)