Samuel ETO’O:GRANDS FRÈRES NOUS SERONS DIGNES DE VOUS.

Réponse du capitaine Samuel ETO’O aux huit illustres anciens lions qui se sont rendus dans la tanière, le 11 octobre 2012 pour leur donner quelques ficelles du métier. Ce petit quelque chose qui à une époque permettait aux lions d’être véritablement indomptables.

Chers grands frères, chers parents, avant de commencer mon propos permettez-moi de vous dire grand merci d’avoir pris de votre temps pour passer nous motiver, nous donner quelques secrets que vous détenez toujours. Moi j’ai eu la chance par moments d’être en contact avec certains d’entre vous qui me donnent souvent des astuces qu’ils ont utilisé hier et qui me permettent de mieux faire mon boulot.

Je vais m’arrêter sur les propos de l’un de vous, notre grand frère Jojo (Joseph Antoine BELL). C’est vrai qu’il y a des problèmes. Et il y a deux jours je le disais à mes jeunes frères que le plus important dans un groupe c’est le respect. Il y a des affinités entre les uns et les autres. C’est normal dans un groupe, c’est normal dans une famille. Même dans nos propre familles, il y a des enfants qui s’entendent mieux les uns avec les autres et ça existera toujours. Mais quand il y a du respect dans une famille, tout marche. Il est vrai que le problème de cette équipe nationale ne vient pas de nous. Mais comme je dis souvent et vous-même vous venez de le dire, nous sommes la clé de beaucoup de situations. Mais surtout d’une situation : le terrain. Et je fais une fois de plus appel à vous pour dire qu’il est inadmissible de voir notre pays dans cette situation.

Aujourd’hui nous allons courir face à l’urgence. Tous nous sommes des footballeurs et nous savons que cela est compliqué. Je ne doute pas qu’au bout du plaisir que nous allons prendre dimanche, il y aura une qualification. Je ne doute vraiment pas surtout quand je vois la somme des talents que nous avons ici. Je sais aussi que dans les moments difficiles nous répondons souvent présents. Après il y a un petit facteur chance. Mais l’éternel cette fois-ci sera camerounais. Au-delà de ça, je vous exhorte de luttez pour que nous ne courons plus face à l’urgence. Il est difficile de travailler face à l’urgence et ça c’est votre responsabilité. C’est grâce à vous que nous autres nous sommes assis ici aujourd’hui. C’est le travail des autres qui étaient là avant vous qui a permis que vous preniez cette place et qu’aujourd’hui nous soyons ici. Nous avons donc besoin de vous pour que tout cela s’arrête.

Les gens ne comprennent pas le football. Moi j’ai eu la chance et d’autres frères ont cette chance de comprendre le football. Nous avons besoin des gens qui ont une vision lointaine pour permettre à cette équipe de donner le meilleur d’elle-même, parce que nous avons beaucoup de talents. Nous avons beaucoup à donner à notre peuple. Il est inadmissible et cela me fait mal de savoir que le Cap Vert peut gagner mon pays, j’ai les larmes aux yeux. Cela est inadmissible, parce que quand je regarde mes jeunes frères, je regarde tous ceux qui sont dans cette salle, nous sommes meilleurs, avec tout le respect que nous devons à cette nation du Cap Vert. Comme vous le savez en football ça peut arriver que vous jouez bien, mais vous perdez. Mais lorsqu’on entre dans un stade et qu’on voit un match, on dit toujours, cette équipe est meilleure. Je prends l’exemple du Barça (FC Barcelone). Le Barça perd souvent des matchs, mais on sait qu’ils sont meilleurs. On sait qu’ils ont bien joué. Ça peut arriver qu’ils perdent. Alors, je profite aussi pour vous dire et dire à mes frères que nous irons jouer un match de football certes, mais plus qu’un match de football comme le grand frère NDIP AKEM a dit, c’est un combat de boxe. Et quand on va faire un combat de boxe, on connaît déjà les forces de son adversaire. Mais je vais vous dire, notre premier adversaire c’est nous même. Nous sommes notre propre adversaire, parce que en face de nous même si les Capverdiens viennent avec un avantage de deux buts, si nous sommes nous-même. Si chacun de nous donne le meilleur de lui-même à son poste, au final, nous allons tous jubiler dans le vestiaire et notre peuple sera heureux.

Sur ce permettez-moi quand même de... Mbombo (s’adressant à Rigobert SONG assis juste à côté de lui et en langue Bassa) dit leurs comment nous avons fait contre la Cote d’Ivoire. Petit mot de Rigobert SONG, et toujours en langue Bassa. « Tu es un témoin privilège de cette anecdote. Tu l’as vécu. Je t’ai déjà donné tous les pouvoirs. Alors, je te laisse le soin de tout leur dire ». Rire dans la salle. Et ETO’O de poursuivre. Je vais donc vous raconter cette anecdote. Nous avons fait un match à Yaoundé où je me suis battu face à certains frères camerounais contre la Cote d’ Ivoire en 2005. Certains d’entre vous étaient là. Mais nos grands frères ne savent même pas ce qui s’était réellement passé. Quand nous sommes sortis du vestiaire, nous savions qu’on allait gagner le match. Le capitaine Rigobert SONG est venu, mon frère Didier DROGBA était juste à côté de moi. Et Rigobert a fait quelque chose d’anodin, mais qui sert en football, parce que c’est ça le Cameroun et tout ces gens nous respect pour ça. Il est venu et il m’a dit Samuel, s’il te plait regarde est ce que mes clous sont bien ? Le match de Didier était mort et nous l’avons vu sursauter.

Donc psychologiquement nous avons besoin de ça. Oui, nous avons besoin de ça. On joue chez-nous, on joue devant nos parents, devant nos fils, et surtout on joue devant nos mères. C’est vrai il faut être calme. Vous n’avez pas à vous mettre de pression. Nous sommes trois ou quatre ici qui devons gérer cette pression. Vous autres vous devez jouer. Moi, on ne va plus me tuer. Ils ne vont plus me tuer. Je suis déjà mort, donc je n’ai plus peur du couteau. Mais vous, vous devez jouer. Ils attendent que je vienne faire le miracle et même les Capverdiens attendent ça. Alors, profitez. Nous avons fait çà à Abidjan WEBO a marqué trois buts, nous étions tous heureux et moi le premier. C’est ça une équipe de football. Si leur stratégie c’est qu’ils viennent trois sur moi, vous faites le boulot, c’est comme ça que sa marche.

Donc grands frères dormez tranquille. Si c’est le football, nous allons donner le meilleur de nous-même et nous allons vous montrer que nous méritons le maillot que vous nous avez léguez. Merci.