vendredi 18 mars 2011
L’expression est bien française “ impossible n’est pas français ”. Puis les Camerounais l’ont récupérée en en faisant “ impossible n’est pas camerounais ”. Maintenant on en a plein la face. Négativement surtout. Nous en voulons pour preuve, une de plus, quitte à ce qu’on nous prouve le contraire “ le scandale des indemnisations ” du site du port en eau profonde de Kribi, révélé par La Nouvelle Expression dans sa livraison de mardi, 15 mars. Selon notre confrère “ l’enveloppe destinée aux indemnisations est passée de 22 milliards à 23,5 milliards sur le terrain ”. Rien ne semble pourtant justifier cette brusque augmentation de ce montant.
Selon l’enquête de notre confrère, des tripatouillages auraient eu lieu au niveau de l’identification des personnes à indemniser. C’est ainsi qu’un modeste opérateur économique, tenancier d’une petite affaire à Kribi se retrouve sur la liste des bénéficiaires avec des sommes faramineuses respectives de 219 millions, 165 millions et 149 millions de nos francs “ pour des parcelles en voie d’immatriculation ” dans la localité de Lolabe. Ces millionnaires en gestation bourgeonnent un peu partout à Lolabe, Eboundja, Nlende-Dibe, toutes les bourgades que le projet du port en eau profonde va sortir des oubliettes. L’affaire fait grand bruit de Kribi à Yaoundé où le tollé est parvenu à la Présidence de la République qui a aussitôt ordonné une enquête pour clarifier l’affaire.
Le plus curieux dans cette histoire, selon La Nouvelle Expression, “ des autochtones figurant sur la liste des indemnisations ne connaissent même pas où est situé leur terrain, encore moins leur prétendu village. Certaines parcelles décrites comme ayant été mises en valeur, question de renchérir le coût des indemnisations, n’ont jamais reçu la visite d’un homme. Sans compter que certains prétendus occupants sont introuvables. On estime à au moins 60 % les cas suspects dans le processus d’indemnisation. Les enquêteurs auraient même découvert que certaines personnes ont effectué des virements sur le compte des membres des commissions. Des transactions jugées suspectes dans un tel contexte par les enquêteurs. Des sources citent notamment un ressortissant d’un pays du Moyen-Orient, propriétaire de quelques cabanes en matériaux provisoires dans la zone et bénéficiaire d’un montant de 300 millions de Fcfa qu’il a retiré d’un seul trait de sa banque, provocant l’indignation des banquiers ”. Impossible n’est décidément pas camerounais. Surtout en matière d’imposture, de tripatouillage, d’escroquerie et que sais-je encore ?
Voici un pays où même l’Etat fait de l’esbrouffe. Pour le recrutement spécial des 25 000 diplômés à la fonction publique, on est parti d’une promesse de gratuité du dossier de candidature à une série de pièces timbrées au montant total de …5000 francs. Un coup de massue pour de nombreux chômeurs sans le sou, venant qui plus est, pour la plupart d’entre-eux, des localités éloignées des centres urbains où les dossiers doivent être déposés. Sans compter que des réseaux se sont déjà constitués pour arnaquer les postulants.
D’aucuns vont y laisser des plumes parce que pour les 25 000 places, on n’aura pas moins de deux millions de candidats. Et dans cette masse populaire, il faut compter les protégés des grands de l’administration, du Rdpc, voire de la famille présidentielle ou de la fondation… Dieu sait si une véritable émeute ne naître pas de cette opération – là qui laissera sans doute sur le carreau de nombreux jeunes gens pour qui le recrutement spécial est la dernière chance pour sortir de la galère. Hélas, ils seront encore nombreux, les déçus de cette mesure de campagne électorale au terme de laquelle ils apprendront une fois de plus à leur détriment que plusieurs sont appelés mais peu seront élus, comme le prédisent les Saintes Ecritures.
Reste à savoir si les magouilleurs débusqués dans ces opérations seront sanctionnés. Très facilement on nous opposera que M. Biya a de bonnes intentions, malheureusement torpillées par des exécutants pourris. On va donc faire comment ? Le Cameroun, c’est vraiment le Cameroun et, impossible n’est pas camerounais.
Une autre affaire Mounchipou Seidou
L’un des célébrissimes du pénitencier de Kodengui défraie la chronique depuis quelques temps. Avec un procès en divorce dont il est l’initiateur. De sa cellule, il a convolé en justes noces le 25 septembre 2009, pour la troisième fois de sa vie, avec une jeune femme de …28 ans. Alors que l’ancien jeune marié filait vers la soixantaine. Ce n’est pas là le problème puisqu’il est établi que plus les hommes avancent en âge, plus ils rafflotent de midinettes. Même David, le célèbre psalmiste et roi d’Israël , à 90 ans en avait pris une de 18 ans. Question, dit-on, de se renouveler le sang et de montrer que même avec les orteils dans la tombe, on a toujours du répondant.
Le côté curieux de cette nouvelle affaire Mounchipou, c’est que son idylle avec Kimoun Fadimatou Zaratou ne sera qu’une passade. Juste un peu plus d’un an entre le mariage coutumier, le civil puis le divorce à la demande de Mounchipou. Précisément entre le 25 septembre 2009 (Mairie de Yaoundé V) et le 06 décembre 2010 pour la première audience à huis clos au tribunal d’Ekounou à Yaoundé. On a certes le droit de se marier avec le conjoint ou la conjointe de son choix à condition qu’il y ait un libre consentement, tout comme on peut se séparer dès lors que l’idylle tourne au vinaigre.
La nouvelle affaire Mounchipou vient confirmer ce dicton très en vogue selon lequel “ les moutons d’un même troupeau n’ont pas le même prix ”. La Palice n’aurait pas été mieux inspiré. Pendant que certains pourrissent dans les cellules, il y an a qui peuvent s’offrir des week-ends lointains, agrandir leur harem et même menacer ceux qui se “ mêlent de leurs oignons ”. Réponse de Mme Mounchipou dans l’interview qu’elle a accordé aux journalistes de Le Messager : “ …avant de m’amener au tribunal il m’a toujours dit que le Cameroun c’est eux. La justice c’est lui. Il a des amis et qu’avec son argent, il est capable de tout ”. C’est tout dire. Des menaces similaires ont été adressées à nos collègues qui voulaient avoir la version du célèbre détenu dans cette affaire qui l’oppose à sa jeune épouse.
La rengaine est connue. Tous les grands de ce pays tiennent ce langage tous les jours aux “ moins que rien ” que nous sommes. Dieu merci, la faucille de la mort n’épargne personne. Mais quand ceux qui ont les pouvoirs de remporter batailles et guerres nous précipitent dans l’au-delà, ils finissent par nous y retrouver un jour. Car pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes. Même les mousolées de leurs tombes ne les met point à l’abri de la putréfaction.
Voici une jeune femme abusée et abandonnée à elle-même. Son pathétique interview dans Le Messager d’hier jeudi, 17 mars devait mettre en branle les structures de défense des droits de la femme et de la famille dans un véritable Etat de droit. En attendant, on assiste à une confrontation entre la petite graine de je ne sais trop quoi (la petite Kimoun Fadimatou Zaratou épouse Mounchipou) et un gros caillou (son illustrissime époux).
Par Jacques Doo Bell(Le Messager)