lundi 20 décembre 2010
Une communion entre les artistes et le public, lors du concert de fin de la cinquième édition des Journées camerounaises de la musique (Jcm), samedi 18 décembre 2010 à Douala.
Sur le plateau spectacle de la cinquième édition des Journées camerounaises de la musique (Jcm), le 18 décembre 2010, un speaker annonce la montée sur scène d’un général « sans galon ». Du coup, une clameur s’élève de la foule. Enturbanné, un homme, les traits de jeunesse en évidence apparaît sur l’estrade. La clameur monte de plus belle. Puis un calme relatif s’en suit. L’artiste musicien et interprète peut alors prendre la parole. Général Valsero peut alors dire, dans une emphase dont il a seul le secret : « Le peuple veut parler. Monsieur le président attention ça sent le souffre. » Puis d’ajouter, « le Cameroun se relèvera de sa longue agonie. C’est d’honneur dont je vous parle . » Une dignité qui à en croire l’artiste est sacrifiée dans les manœuvres politiciennes dont le seul argument reste les sacs de riz et du poisson de qualité douteuse. Une évocation qui permet à l’artiste de psalmodier son titre Hold-up.
Une évocation des 28 ans de Renouveau et des tares de la classe dirigeante. Une classe dirigeante à l’assaut de l’économie nationale, pillée sans scrupule. Une élite « en costard, sans cagoule qui a piqué le pouvoir. » puis vient l’hymne à la jeunesse. Un titre repris en chœur par le nombreux public qui a envahi l’enceinte du stade Mbappé Leppe pour ce rendez-vous. Le titre issu de l’album Autopsie appelle les jeunes à plus d’engagement pour le changement du pays. Seule observation de l’artiste, « la jeunesse camerounaise a peur de prendre les coups. Elle doit se regarder en face. » Car, poursuit l’artiste qui allie le slam, le rap, la prose lyrique et le discours, il y a un message à passer auprès de la jeunesse camerounaise. « Va voter sinon tu n’existes pas ». C’est dans ces entrefaites que le général va, une fois de plus, ouvrir la lettre au président. La chanson qui l’a révélé au public comme artiste engagé au talent certain.
Célébration
Moment d’euphorie et de partage, la cinquième édition de la fête de la musique camerounaise a tenu toutes ses promesses. L’équipée de Dinaly a permis une fois de plus d’apprécier sa capacité à mettre en évidence, la quantité des productions locales. Mais aussi, à travers les prestations de certaines icônes de la musique locale, les mélomanes ont salué la diversité et la complexité des productions dont la maturité justifie la longue marche engagée depuis les cinquante dernières années.
Un moment unique avec des prestations « live » du rossignol Ange Ebogo Emérant. Le « Nomtema » d’André Marie Tala et des prestations de nombreux autres artistes de…l’ancienne génération dont les rythmes et les mélodies restent d’actualité. Au final une trentaine d’artistes sont venus affirmer la vitalité de la musique camerounaise.
Plus qu’une rencontre festive, la cinquième édition des Journées camerounaise de la musique aura permis aux mordus de l’art musical camerounais d’évoquer les enjeux et les perspectives d’un mouvement culturel qui se meurt « faute de politique culturelle conséquente » depuis son appropriation identitaire, aux aurores des années d’indépendance jusqu’à nos jours, une question reste posée : « au souvenir de sa grandeur d’antan et au regard de sa misère ainsi que sa décadence actuelle, comment redonner à la musique camerounaise et au monde artistique local leurs lettres de noblesse ? »
Par Joseph OLINGA(LEMESSAGER)