jeudi 8 janvier 2009
Ils ont organisé une rencontre à Douala, en réaction au décret du Pm, qui a débouché sur un manque de coordination.
" Celui qui va ramener l’ordre dans les rangs des Benskineurs n’est pas encore né. Nous ne nous reconnaissons pas dans les propos des soi-disant président de syndicat ". Cette déclaration d’un conducteur de moto taxi renseigne sur l’ambiance bruyante qui régnait hier, mercredi 7 janvier, à l’esplanade du stade omnisports de Bépanda à Douala. Le vacarme des klaxons de motos couvrait à peine celui des voix des deux cents conducteurs ayant répondu à l’appel lancé par Fongang Sagbang, président d’un des nombreux syndicats de conducteurs moto taximen.
D’après la banderole brandie par les motocyclistes, la cette mobilisation avait pour but de formuler des doléances au Premier ministre pour la révision du décret réglementant leur activité. Avant de débuter leurs assises, ils ont éloigné les confrères de Canal 2 International et de Cameroon radio television (Crtv). Les premiers, disent-ils, rapportent que les " Benskineurs " gagnent cinquante mille francs Cfa par jour et les seconds sont des émissaires du parti au pouvoir.
Dans le brouhaha des conversations, on retient que les conducteurs de motos taxis protestent les nouvelles mesures réglementant leur activité. " Nous sommes d’accord pour payer l’impôt libératoire, la vignette, l’assurance. Mais pas question de payer toutes les taxes supplémentaires que le Premier ministre a ajoutées à la liste. D’ailleurs, à la mairie de Douala Ier, l’impôt libératoire s’élève à 2.500 Fcfa, dans certaines communes, il coûte 2.000 francs Cfa. Est-ce à croire que ce prix varie d’une mairie à une autre ?", s’interroge un motocycliste, sous le soleil pointant de l’esplanade Omnisports.
Dans la foulée, un autre pense que toutes les mesures du Premier ministre visent simplement à éradiquer le phénomène " Ben skin " au Cameroun. " Ils n’ont qu’à nous trouver des emplois. Au lieu de nous charger des contraintes qu’on ne pourra pas respecter faute de moyens financiers ", déclare t-il avec énergie.
En effet, un récent décret du Premier ministre, Inoni Ephraïm, fixant les conditions et modalités d’exploitation des motocycles à titre onéreux, stipule entre autres que " l’accès à la profession de moto-taxi est subordonnée à la détention d’un certificat de visite technique et d’une police d’assurance en cours de validité ". D’autre part, "toute moto-taxi doit disposer d’un casque pour le conducteur et d’un autre pour le passager ".
Pour crier leur exaspération, chaque conducteur s’improvisait orateur. Les pose-pieds de motocycles servaient ainsi de tribune à qui voulait prendre la parole. Lorsque les déclarations d’un orateur ne vont pas dans le sens des idées de ses interlocuteurs, celui-ci était prié de descendre de son piédestal. " Tu ne dis rien, descends ", pouvait-on entendre de temps en temps. Ainsi, les apprentis leaders se sont succédé. Même M. Fongang, qui a convoqué ses camarades, n’a pas trouvé de mots pour venir à bout de la cacophonie ambiante. Une heure plus tard, la réunion des "Benskineurs " s’achevait en queue de poisson.
Monique Ngo Mayag(Mutations)