PUBLICITE.
Pour la création du site Web de votre entreprise, imprimerie, sérigraphie, peinture de vos bâtiments, confiez votre cummunication à ASCOM. Contact 77 64 83 51 - 94 40 85 66

Pr. Albert Mbida : « Je ne ressens pas la disparition de Pius Njawé »

mardi 12 juillet 2011


L’inspecteur général au ministère de la Communication pense que l’équipe actuelle du Messager a su garder la flamme allumée et la félicite car pour lui, ce quotidien est l’un des journaux qui sont rarement accusés de publier de fausses nouvelles, ou de diffamer ou d’injurier les gens. Il suggère néanmoins que Le Messager qui ne s’intéresse qu’au train en retard, relaie aussi les faits non insolites, qui ne sortent pas de l’ordinaire.

Quel souvenir gardez-vous de M. Njawé, Dp de Le Messager, disparu il y a un an ?

Je ne ressens pas la disparition de monsieur Puis Njawé, c’est comme s’il était encore là. C’est ce matin, quand vous m’avez appelé, que j’ai dit ‘Ah ! Tiens ! Il est déjà parti ! Mais je garde de M. Njawé le souvenir d’un professionnel, qui s’est fait un nom à la force de son poignet. Qui a combattu pour la liberté d’expression en général et la liberté de la presse en particulier. Avec ses moyens, avec sa vision qu’on pouvait approuver ou ne pas approuver. Je garde de M. Njawé, le souvenir du manager qui, sans avoir été dans la formation universitaire, a réussi à diriger avec une certaine maîtrise le groupe de presse qu’il a fondé et à la tête duquel il trônait et y faisait pratiquement corps. C’est le souvenir que je garde de ce monsieur. Donc, un homme travailleur, compétent.

En ce qui me concerne, je ne ressens pas son absence dans le fonctionnement du groupe qu’il a créé et plus particulièrement le journal Le Messager. Le thème est le même ; le professionnalisme est le même ; peut-être parce qu’à l’intérieur se trouve un certain nombre de personnes (je vais faire des jaloux), comme Jean François Channon et surtout l’actuel directeur de publication, M. Jean-Baptiste Sipa. Et ce que je peux souhaiter, c’est que Le Messager reste ce journal qu’il a toujours été. C’est-à-dire qui fait preuve de professionnalisme et qui avec - je vais encore faire des jaloux- d’autres quotidiens comme Cameroon Tribune et Le Jour, n’usent pas souvent de fausses informations, n’insultent pas souvent beaucoup. Néanmoins, je donnerai bien un petit conseil : certes, les journalistes du Messager savent que le train qui arrive en retard, c’est ça qui fait l’information, et celui qui arrive à l’heure ne fait pas l’information, peut-être qu’ils pourraient adoucir un peu, même pas leurs critiques, mais cette façon de voir les choses, en disant que même quand un train arrive à l’heure, c’est aussi une information, surtout lorsqu’on est habitué à voir les trains arriver en retard. Là, ce n’est plus une information, mais c’est quand les trains arrivent donc à l’heure que ça devient une information, c’est-à-dire, un fait insolite.

Vous avez le sentiment que cela manque à l’équipe actuelle ?

Cela a toujours manqué au Messager. C’est-à-dire (je ne vous accuse pas, je constate) qu’ils ont toujours bien assimilé ce critère qui fait l’information, c’est-à-dire l’insolite qui sort de l’ordinaire. C’est-à-dire qu’ils ne relèvent que ce qui ne va pas. C’est pour cela que je dis qu’ils essaient de relever aussi ce qui va. C’est pour cela que j’ai pris tout à l’heure l’exemple d’un train qui peut arriver à l’heure. Je ne vais pas demander qu’ils changent leur ligne éditoriale, je veux tout simplement les encourager à persister dans cette voix de l’examen lucide d’un certain nombre de phénomènes de société, et surtout de rester dans cette ligne où ils sont comme Cameroon Tribune et Le Jour, l’un des journaux qui sont rarement accusés de publier de fausses nouvelles, ou de diffamer ou d’injurier les gens. Parce que j’ai l’impression qu’au Cameroun, un journal d’après l’imagerie de certains, n’est crédible que quand il insulte, ou quand il attaque. Or, avec ces trois cas que j’ai pris, ou il n’y a pas d’insultes, pas de diffamation, on voit également qu’un journal peut être crédible sans insulter, sans traîner les gens dans la boue, mais éventuellement, en dénonçant ce qui peut apparaître comme un travers.

Le Messager a été classé premier journal privé le plus vendu par Messapresse en 2010. Comment appréciez-vous ce classement en tant que lecteur et observateur de la scène médiatique camerounaise ?

Ça ne fait que confirmer ce que j’étais en train de dire tout à l’heure. Que Le Messager avec Le Jour et Cameroon Tribune qui est un journal public, est l’un de ceux qui insulte le moins, diffame le moins, et veut toujours diffuser une information vérifiée et vérifiable. Et c’est ça qui fait la crédibilité d’un journal. Et je crois que c’est pour cela que les gens achètent Le Messager, parce qu’il ne diffuse pas n’importe quoi. Certes on veut aussi savoir, pour ceux qui ne sont pas d’accord avec la ligne éditoriale du Messager, qu’est-ce qu’ils sont encore en train de dire de mauvais sur cela. Et pour ceux qui sont d’accord avec cette ligne éditoriale, ils veulent savoir si on les conforte dans la vision qu’ils ont des problèmes socio-politiques et économiques du Cameroun. Donc, je ne suis pas surpris que Le Messager soit le journal le plus vendu. On va aussi ajouter qu’il y a l’ancienneté, la terre appartient aux premiers occupants, mais quand on prend le cas des courses, on voit souvent quelqu’un qui part de derrière et qui vient doubler celui qui était en tête de course, ce qui n’est pas encore le cas pour le journal Le Messager.

Au lendemain du décès de son fondateur, beaucoup ne vendaient pas chère la peau du Messager. Mais on se rend compte que depuis sa disparition, le journal n’a jamais cessé de paraître. Est-ce qu’il est précoce de dire aujourd’hui que Le Messager a survécu à son fondateur ?

On ne peut pas dire qu’il est précoce de l’affirmer, puisque ça fait bientôt un an qu’il a disparu, et le journal continu à paraître. De plus, il y a un certain nombre de poids lourds du journalisme qui sont dans la maison, et qui savent respecter les règles qui font qu’un journal soit crédible, puisse vivre et puisse produire. Je l’ai dit tout à l’heure, je ne voudrais pas faire de jaloux, mais ce sont ces deux noms-là qui me sont venus en tête, donc, je ne suis pas surpris que Le Messager ai survécu à son fondateur.

S’il y avait un souhait à l’adresse de l’équipe actuelle, que diriez-vous, par rapport au futur de l’entreprise ?

Qu’ils continuent à porter haut le flambeau quasi allumé du fondateur, Pius Njawé. Parce que c’est quand un journal de référence privé disparaît que l’on se rend compte qu’il y a un vide. Alors que lorsqu’il paraît tous les jours, on ne se rend pas compte de ce vide-là. Ce serait malheureux si jamais ce que Puis Njawé a créé disparaît, parce que ça va encore être un espace de liberté qui va se rétrécir. Et nous avons besoin de beaucoup d’espace de liberté au Cameroun. Parce que, comme je l’ai souvent dit, ce sont les nations qui offrent le plus d’espace de liberté à leurs concitoyens qui sont les nations les plus fortes. Plus il y a la liberté, plus il y a la démocratie, plus la nation est forte et prospère.

L’un de ses derniers combats, c’était justement l’aide publique à la communication qu’il trouvait ridicule. En tant que l’une des têtes pensantes du ministère de la Communication , comment avez-vous trouvé son attitude, et quelle suite vous pouvez apporter à ce combat-là, qui reste d’actualité, dans la mesure où l’équipe qui lui a succédé suit ses traces…

Le ministre de la Communication Issa Tchiroma qui avait été le premier à reconnaître (j’espère qu’il ne va pas réclamer les droits d’auteurs à M. Njawé), que l’aide était vraiment ridicule, est en train de se battre pour que le montant de cette aide soit revalorisée, et c’est pour cela qu’il a prévu la création d’un certain nombre de logis fiscaux qui vont faire entrer de l’argent dans les caisses, dans un compte qu’on pourrait appeler compte d’affectation et également qu’il va essayer « d’assiéger » les députés pour que ceux-ci puisse augmenter le volume de l’enveloppe qui est consacrée à l’aide à la communication privée. Quand on prend ce qui se passe dans certains pays, qui sont économiquement moins développés que nous, on peut se demander pourquoi l’aide est à ce niveau. Il faut voir ce que nous nous consacrons aux autres secteurs. C’est peut-être parce que nous consacrons beaucoup à d’autres secteurs que le secteur de la presse n’a pas ce qu’il devrait avoir. Mais étant donné que nous avons pris conscience que le secteur de la presse est un secteur névralgique, il faut absolument tout faire pour que les journaux qui respectent les règles déontologiques, qui font progresser la démocratie et la liberté d’expression dans notre pays, que ces journaux-là puissent continuer à recevoir le soutien de l’Etat parce qu’il s’agit de leur permettre de remplir cette mission de service publique et de la communication.

L’autre reproche qui est fait au gouvernement, c’est de mettre dans le même panier les journaux sérieux et ceux dits « du Hilton » par rapport à cette aide qui profite finalement à monsieur tout le monde alors qu’on sait qu’il y en a quand même qui ne méritent pas cette aide. Qu’en pensez-vous ?

Malheureusement ou heureusement, il y a un texte qui organise l’aide à la communication privée. Il faudrait donc peut-être voir ceux qui sont habiletés à prendre ou à faire modifier ces textes. Les voir pour leurs exposer les griefs que vous venez de soulever. Je ne suis pas mieux placé pour répondre à cet angle de votre question.

Entretien avec Marie-Noëlle Guichi(Le Messager)

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

ConnexionS’inscriremot de passe oublié ?

Marcel Tadjeu : " le multipartisme au... => Marcel Tadjeu : " le multipartisme au Cameroun est à mettre à l’actif du (...)
Cameroun - politique : Lecture de l’homme... => Cameroun - politique : Lecture de l’homme politique et écrivain Julins (...)
Albert Moutoudou " nous avons sobrement et... => Albert Moutoudou " nous avons sobrement et sans tapage célébré le 73e (...)
Kevin William Temphoun : " On a trouvé une... => Kevin William Temphoun : " On a trouvé une formation de Léopard de Bertoua (...)
Easter cup Patricia Berthelot 2021 : Bamboutos de => Easter cup Patricia Berthelot 2021 : Bamboutos de Mbouda entend jouer le (...)
Piepiwo Inouss Lucas " Aujourd’hui , JBL est... => Piepiwo Inouss Lucas " Aujourd’hui , JBL est une association d’élite qui (...)
Philippe Nanga : " Un parti sérieux ne devrait... => Philippe Nanga : " Un parti sérieux ne devrait pas participer aux (...)
Tanko Amadou Camille : " les Haoussas sont... => Tanko Amadou Camille : " les Haoussas sont arrivés à Besseke vers les (...)
Stratégies de sauvegarde des PME face à la... => Stratégies de sauvegarde des PME face à la pandémie du covid19 : le pr. (...)
Jimmy Zakaria Yadib " Je ne fais pas de la... => Jimmy Zakaria Yadib " Je ne fais pas de la politique. Mes actions sont (...)
Copyright © 2008 - 2025 | Powered by OZO Soft | Espace Privé | RSS 2.0