“Pinguis” étouffe “Mignoncité”

C’était jeudi 10 février 2011 à Douala Bercy avec comme arbitre Flavour. Jay-N et Tony Nobody dans le rôle d’assistants.

La 1ere édition du “Jamboo Grooving tour” a vécu. Jeudi 10 février 2011, Douala Bercy a abrité des duels artistiques inédits. D’un côté, le hip hop avec Tony Nobody et Jay-N, de l’autre la musique populaire relayée dans un face à face “Pinguis” contre “Mignoncité” dont les inspirateurs sont Daniel Baka’a et Guy Wattson. En guise de tête d’affiche, un Nigérian qui a le vent en poupe, Flavour et son “Ashawo” torride. Pour ouvrir les hostilités, Tony Nobody s’empare de la scène et met en exergue sa citoyenneté. Debout, poings levés, Nobody entonne le refrain de l’hymne national du Cameroun. Des titres de son premier album “love, peace and respect”, sont enchaînés. Les reprises de Ben Decca, Daouda Le Sentimental, Georges Séba sont exécutés dans un style rap qui a eu le don d’enflammer une salle de Douala Bercy dont le balcon était vide aux trois quarts. “Tout le monde bougé bougé, tout le monde barré collé… ” La ritournelle est reprise en chœur par un public surchauffé et desservi par une sonorisation de qualité approximative. Tony Nobody, harangueur de foule est salué par des claps sporadiques.

Pour le duel, tant attendu par nombre de mélomanes et mordus de la culture, Guy Wattson ouvre le premier le feu en territoire conquis. Pas si sûr ! Sanglé dans un t-shirt blanc zébré et dans un pantalon jean’s bleu aux parements zébrés aussi, le père de “Mignoncité” multiplie des déhanchements. “Bizous sur les lolos” est exécuté. Les danseuses, huit amazones, démontrent leur générosité. Les poitrines sont en ébullition. Les seins en balade. Dans la foulée, Guy Wattson enchaîne avec la “beaugocité”, une chanson contenue dans le prochain album que la star a annoncé à hue et à dia. “Tu es beau, je suis beau. Tu es belle, je suis belle. C’est la beaugocité. Homosexualité, lesbianisme…” Comprenne qui pourra ! En tout cas, les danseuses ont dopé les vibrations au niveau des hanches au grand bonheur d’un public insatiable qui reprend dans tous les sens un refrain bien connu. “Bébé oh, vous êtes jolies… mignon, mignoncité, mignon…” Guy Wattson soulève les cœurs avant de se dissimuler dans la loge. Pour démontrer qu’il s’agit d’un duel artiste, Kelly, co-animatrice de Jambo, un programme diffusé sur les ondes de Canal 2 international, lance dans la foule “Mignoncité ou Pinguis”. “Pinguis”, l’expression fuse des quatre coins de la salle.

Fausse note

Daniel Baka’a, le père du Pinguis, investit la scène chauffée. Une paire de tennis converse blanche, un ensemble blanc, des lunettes de soleil noires et huit danseurs pour l’accompagner. La chorégraphie est imparable. Le public exulte. Tout le monde est debout. Bras en l’air. “Vive le Pinguis” lâche-t-on. “Tu es même quoi ? Tu as quoi ? Papa écoute ooo….En tout cas, chacun danse comme il peut…Pinguis comme il peut… ” Trois titres exécutés en playback comme les autres artistes. Daniel Baka’a montre qu’il est une bête de scène et que son succès n’est pas un leurre. Quand Tchop Tchop se saisit du microphone pour annoncer la prochaine vedette, la salle est en ébullition. On revendique le retour du père du Pinguis. Il a fallu la maestria de Tchop Tchop pour tempérer les ardeurs. Pour cela, l’animateur annonce la présence dans la salle de Dj Arafat, artiste ivoirien, un des chantres du Coupé Décalé.

La star dans un look qui l’a vieillie, se lève, salue le public, fredonne un bout de “Jonathan”, en acapela, avant de regagner sa chaise. Le temps pour Jaz-N aux yeux balafrés et ses danseurs au look de fantômes de dérouler “this is my soul star… ” La chorégraphie est huilée. La mise en scène originale. Applaudissements nourris. Cris de joie pour saluer une prestation de bonne facture.

Quand Flavour, la star nigériane est annoncée, les clameurs se font de plus belles. “Nabania” qui signifie “ce soir” en langue ibo est lancé dans la salle comme pour indiquer que “ce soir, on mettra le feu”. Lunettes de soleil noires, ensemble de couleur noire, assorti de parements dorés, Flavour rentre dans le vif du sujet de plain-pied. “Follow me, follow me…baby fire, you take me higher…”, “Ashawo, waka waka baby, oh yéé…” Les spectateurs explosent. C’est le délire. “Ça, c’est du son ” peut-on entendre. Flavour a confirmé la bonne santé de la musique nigériane sur la place du show biz camerounaise. Lorsque le train du show rentre en gare, on n’a pas vu le temps passé. Sourire aux lèvres, l’on est rentré satisfait. De bons points que la caravane de “Jambo grooving tour” a engrangés pour sa première sortie. Seule fausse note, la qualité approximative du son que beaucoup ont déploré au même titre que l’option du playback au détriment d’un spectacle en life espéré.

Par Alain NJIPOU