lundi 6 janvier 2014
Beaucoup d’expressions sont vidées de leur sens au pays de Thomas MELONE (Professeur émérite de regrettée mémoire), tellement elles sont mal utilisées, avec, malheureusement, la complicité et la bénédiction de ceux qui se disent linguistes ou sémioticiens, et qui prétendent posséder la langue française qu’ils enseignent d’ailleurs dans nos universités. « Son Excellence » est attribué jusqu’aux Gouverneurs de régions ; « Sa Majesté » désigne même les chefs de blocs dans les quartiers de nos villes ; « Professeur », « Docteur » sont devenus le prénom de tout enseignant de l’enseignement supérieur ; « Maître » précède le nom de tous ceux qui travaillent dans un cabinet d’avocat, d’huissier, ou de notaire, y compris le planton.
Depuis un moment, l’expression « Patriarche » aussi fait partie de ces mots qu’on utilise à tort et à travers ici. C’est tous les jours qu’on entend des hommes de médias et leurs auditeurs affubler de ce titre des individus qui se présentent en cette qualité, sans aucune vérification de leur légitimité à se faire désigner ainsi. Intrigués par le niveau d’éthique, de morale et de vertu que dégagent les interventions de ces « patriarches », nous sommes allés revisiter la définition de ce mot.
Patriarche signifie « vieillard respectable entouré d’une nombreuse descendance ».
Le patriarche est donc d’abord un vieillard, c’est-à-dire un homme très avancé en âge. A bien y regarder, il ne nous semble pas que tous ceux qui se font appeler « patriarche » soient vraiment très avancés en âge.
Le patriarche est ensuite supposé être quelqu’un de « respectable », c’est-à-dire un individu estimable, honorable, probe, vertueux. Le patriarche incite au respect, il s’en montre digne. Alors, quand on voit des « patriarches » transgresser la vérité de façon éhontée pour soutenir des causes iniques, se mettre en lumière pour se donner une fausse image de générosité, insulter ceux qui leur apportent une contradiction objective, dénoncer la tricherie pour mieux la soutenir, proférer des menaces à peine voilées en direction de ceux osent « trahir » leurs combines, tenir des propos orduriers quand la colère s’empare d’eux, alors on n’est pas loin de crier à l’usurpation de ce titre noble.
Point n’est besoin d’évoquer ce qui caractérise enfin le patriarche, qui est d’être « entouré d’une nombreuse descendance », car on sait à quel point notre société a perdu ses vertus de rapprochement dans les familles, de solidarité au sein de grandes familles, pour céder la place à l’individualisme et aux comportements égoïstes. Ceux qui sont proches des « patriarches » en exposition dans les médias camerounais sauront dire s’ils ont une nombreuse descendance et si celle-ci les entoure réellement.
Il n’y a donc pas qu’au foot que la normalisation est nécessaire au Cameroun.
Par Charles MONGUE-MOUYEME( chmongue@yahoo.fr)