jeudi 15 septembre 2011
1. Martyrs et héros morts pour le Kameroun par millions, millions de kamerounaises et kamerounais vivant dans le triangle national et vous autres millions de camerounaises et de kamerounais conduits par le destin dans la diaspora, ô divins ancêtres et dignes contemporains du Kameroun ! Que les chairs des innocents putréfiés dans nos forêts, savanes, marais et mangroves reprennent vie en ces paroles inaugurales.
2. En cet instant solennel, que le temps s’arrête sur la pointe du Mont Fako pour que le verbe sacré fasse son œuvre créatrice ! En cet instant solennel, que s’inscrivent à jamais dans la mémoire des siècles, devant l’idéal éternel de l’humanité et devant la valse frémissante des peuples de la terre, les paroles qui vont suivre, pour la mémoire des martyrs et héros de notre peuple, à compter de ce treize septembre 2011 ! En cet instant solennel, que les esprits fraternels et solidaires de tous les pays entendent le soupir des âmes sans sépulture qui attendent dans la nuit de notre liberté, une civilisation qui les relève et les élève dans la considération sacrée des vivants !
3. Chères concitoyennes, chers concitoyens, pensons à ces personnes qui auraient voulu regagner la chaleur de leurs foyers, partager les joies et les peines de leurs femmes, époux et enfants, enterrer dignement leurs vieux parents, vieillir et quitter le monde dans la décence et le respect des coutumes sacrées de notre pays.
4. Pensons à ces êtres d’amour et de rêve que leurs amis, que leur village, que leur ville, province ou que notre peuple ne revirent jamais debout parmi les clameurs des vivants, parce que les grands sacrificateurs de la domination avaient disposé de leurs vies comme autrefois on vendait des hommes à l’encan.
5. Pensons à ceux qu’on ne revit jamais sans savoir qui les tuait, où on les tuait, comment on les tuait et pourquoi on les tuait.
6. Nos héros et martyrs, dont la longue file muette s’étend de matins sanglants de l’invasion coloniale des siècles passés en ces jours contemporains ne peuvent plus attendre. Leurs visages se glissent dans nos songes pour demain, et nous devons d’ores et déjà leur ériger un Panthéon Mémoriel , leur réserver une place dans notre vie pour que jamais ne s’oublie leur genre de mort, leur sacrifice pour notre dignité. Nous devons nous préparer à leur réserver un Mémorial dans notre capitale et à donner leurs noms à nos Institutions, rues, avenues et boulevards les plus remarquables. Car ces gens étaient résolument des ‘’ BRAVES’’ , comme on en trouve fort peu aujourd’hui…
7. Evoquons en égrenant respectueusement le chapelet de leurs noms : Le Chef Bakweri KUVA LIKENYE, Le Chef Ewondo OMGBA BISSOGO , Le mahdi GONI WADAY, Le Lamido d’Agorma, le Djaouro de Bamé, le Djaouro de Oubao, le Yérima de Lagdo, le Lamido de Béngui, l‘Ardo de Déngui, Wadjiri Hamidou d’Agorma, Maloum Gorni Savana, Malam Bana, Le Chef Mvokani NKONGO MEKONGO, King Rudolph DOUALA MANGA BELL, Ngosso Din ; Martin Paul SAMBA, Le Chef Batanga MADOLA, Le Sultan NJOYA, Karnou, Ruben UM NYOBE, Dr. Félix MOUMIE, Le Chef Bamileke Kamdem NINYIM, AUGUSTINE NGOM JUA, JOHN NGU FONCHA, Dr. Marcel BEBEY EYIDI, Ernest OUANDIE, Castor OSSENDE AFANA, Monseigneur Albert NDOGMO, Abel KINGUE, Le Chef Mvog Namye MBILONGO à NOMO ONGUENE, Mgr Jean Zoa, le Père Engelberg MVENG, Albert WOMAH MUKONG, Jacques TIWA, Pius NJAWE.
8. Nous ne saurions oublier ni les Mvog Ottou massacrés par les Allemands à Mvog Betsi, Yaoundé, en 1894-1895, ni les Bati massacrés par la colonne Von Morgen en 1894, ni les 400, 000 victimes des massacres de masse des Nationalistes Kamerounais perpétrés entre 1957 et 1962 dans les Hauts Plateaux Bamilékés et entre 1955 et 1971 en pays Bassa, par l’armée française et ses supplétifs camerounais , ni les déportations massives des Eton dans les camps de concentration de Mentum en 1962 sous le régime de Ahidjo et d’ où nombreux ne sont pas revenus , ni les 52 supplicies, militants nationalistes , du train de la mort, wagon N°31 047, qui ont été embarqués le 1er Février 1962 en gare de Douala seront trouvés morts asphyxiés à destination à Yaoundé.
9. Nous ne saurions oublier les milliers de compatriotes morts dans les prisons concentrationnaires de Mentum, Tchollire, Yoko, dans les centres de tortures des BMM, dans la période 1962-1990, au cours des manifestations des ‘’ Villes Mortes’ en 1991 et du soulèvement populaire de Février 2008.
10. Nous ne les oublierons jamais !
11. Considérant que tous les êtres humains méritent respect en raison de leur mérite, de leur courage, de leurs sacrifices et des circonstances de leur vie et de leur mort, qu’une collectivité humaine ne se dresse sous la hauteur du firmament qu’à condition que sa mémoire s’enfonce dans les profondeurs vivantes de ses drames et tragédies historiques, puise dans les sucs de ses souffrances et recueille la rosée de ses plus nobles espérances ;
12. Considérant que l’oubli des sacrifiés d’un peuple accompagne bien souvent la poursuite éhontée du sacrifice banal de ce peuple par les héritiers de son abomination, jusqu’à ce que s’ensuive la mort ou la résurrection physique, morale, symbolique et spirituelle de ce peuple ;
13. Considérant la cohorte impressionnante des millions de sacrifices humains concédés, comme aucun peuple de l’Afrique Noire Francophone, par le vaillant peuple du Kamerun, dans la lutte contre l’invasion impériale, contre la colonisation et contre la dictature postcoloniale des héritiers de la barbarie coloniale ;
14. Considérant le travail de sape et l’œuvre de confusion diabolique poursuivis par les héritiers de la barbarie coloniale kamerounaise, à travers la confiscation, la déformation, la destruction et le viol des archives nationales ; à travers le viol des corps et des âmes, la sous-éducation historique des jeunes générations, et la substitution de la propagande à la connaissance scientifique de l’histoire réelle du Kameroun ;
15.Considérant que la conscientisation historique de notre peuple est l’un de devoirs impérieux de ses intellectuels, de ses entrepreneurs, de ses cadres et de ses citoyens avertis, qu’ils soient dans le territoire national ou dans l’immense diaspora
16. Le Peuple Kamerounais, à travers la présente Proclamation, dès ce jour du 13 Septembre 2011, élève les citoyens expressément cités au Paragraphe 7 et ceux ayant perdus la vie dans les événements et conditions évoqués aux Paragraphes 8 & 9 ci dessus, à la Dignité de Martyrs et Héros Nationaux et les admet au ‘’Panthéon Mémoriel National’’ qu’ en sa conscience, chacun citoyen abrite, jusqu’ au jour de la Grande Victoire où la République aménagera le lieu où la Nation reconnaissante viendra se recueillir sur la mémoire de ses Braves.
17. Le Peuple Kamerounais proclame solennellement et jurent d’une seule et même voix que par devoir sacré, le 13 septembre de tous les ans, jour anniversaire de l’assassinat du Mpodol Ruben Um Nyobè, héros et martyr de l’Indépendance, sera désormais célébré partout où vit la moindre âme kamerounaise et partout où en repose une dans la terre , comme ‘’ Journée Nationale des Héros et des Martyrs ‘’du peuple kamerounais.
18. Le Peuple Kamerounais proclame solennellement et jure d’une seule et même voix que le signe de ralliement de la’’ Journée des Martyrs et des Héros’’ sera la vêture ou la parure noire et rouge, ou entièrement blanche, qu’ils arboreront ce jour de souvenir, quelles que soient les occupations qui les accapareront, partout dans le monde. Ces couleurs leur rappelleront le deuil (noir), le sacrifice (rouge), mais aussi la pureté (blanc) du dévouement de nos martyrs et héros nationaux.
Ainsi Proclamée et Établi, inspiré par et agissant sous la volonté de Dieu, Créateur de l’ Univers, et qu’il en soit ainsi pour les siècles , pour honorer les âmes de ses créatures mortes pour le Kameroun.
Ont signé ce jour, 13 Septembre 2011
Pour le Comité du ‘’13Septembre, Journée Nationale des Martyrs et Héros’’
1/Celestin Bedzigui , USA
2/Franklin Nyamsi, France
3/Kenneth Ndeh , USA
4/ Djeukam Tchameni, Afrique duSud
5/Agnes Taile, USA
6/Roufaou Oumarou, Belgique
7/Yves Beng, France.
8/Daniel Yagnyè, Espagne.
9/Jean Claude Um Mahop, Bénin.
10/ Pierre Ndom, Portugal.
11/ Josué Yetna, France.
12/ Paul Aarons Ngomo, USA.
13/Dibussi Tandé, USA.
14/Cyrille Ekwlla, Canada
15/ Nene Fatimatou, Cote d’ Ivoire
16/ Emmanuel Fonkwa, Cameroun.
17/ Marcel Simé, USA.
18/Dieudonne Nyobe, Cameroon France.
19/ Maurice Makek, Cameroun.
20/Jean-Pierre Djemba, France.
21/ Juliette Abandakwe, Belgique
22/Guy-Thierry Mbousngock, France.
23/Nouk Bassomb, USA.
24/Jean Pierre Boum, Cameroun
25/Venant Mboua, Canada
26/Serge Banyoguem, USA
Source : Le Messager