jeudi 28 mai 2009
Hier, il a fait parvenir sa lettre de démission au ministre des sports. En prenant soin de mentionner les motifs.
Parti de Yaoundé mardi pour le camp d’entraînement des Lions indomptables, à Bruxelles, le staff technique des vices champions d’Afrique s’est aussitôt éclaté dès son débarquement. Selon une source au sein de la tanière des Lions, Otto Pfister, l’entraîneur sélectionneur, est allé remettre en mains propres à André Nguidjol Nlend, le directeur administratif des équipes nationales, sa lettre de démission, en lui demandant avec insistance de la faire suivre. Sans attendre, il a pris un autre vol pour, a-t-il confié à notre source : " retrouver ma famille en Allemagne ".
La lettre de démission, comme il fallait s’y attendre, a été faxée le lendemain, donc hier, à Thierry Augustin Edjoa, le ministre des Sports et de l’Education physique. Après avoir pris connaissance de cette correspondance pour le moins inattendue, le patron des sports l’a également fait déposer au siège de la Fédération camerounaise de football. A la fécafoot, on précise que Otto Pfister a pris la peine d’expliquer les raisons de son départ. Mais, notre source se refuse de les révéler.
En matière d’infidélité à une équipe sous sa responsabilité, Otto Pfister est un récidiviste. En 2006, en pleine coupe du monde, en Allemagne, le technicien allemand avait abandonné le Togo, prétextant que le bras de fer entre les Eperviers et les autorités à propos du paiement des primes n’était pas de nature à préparer sereinement et efficacement le groupe.
En attendant la suite que les autorités réserveront à cette énième infidélité du technicien allemand, il ne fait aucun doute que la démission, tombée au moment où on s’y attendait le moins, est la première conséquence de l’ambiance délétère qui régnait au sein du staff technique de la sélection camerounaise depuis la publication de la liste des 25 joueurs convoqués pour le match capital du 7 juin, entre les Lions indomptables du Cameroun et les Lions de l’Atlas du Maroc, comptant pour la 2e journée du dernier tour des éliminatoires Can et Mondial 2010. Michel Kaham, Martin Ntoungou Mpile et Jean Paul Akono, les trois techniciens camerounais affectés comme adjoints auprès de Otto Pfister, en voulaient à ce dernier d’avoir confectionné seul la liste des présélectionnés. Ce qui était, selon eux, contraire à l’esprit de collégialité imposé par la décision qui instituait un collège d’entraîneurs à la tête de la sélection nationale.
Après avoir amené les trois adjoints et leur patron à fumer le calumet de la paix avant leur embarquement pour la Belgique, les autorités camerounaises pensaient avoir enfin ramener de l’ordre dans les rangs, à une dizaine de jours du match à ne pas perdre contre le Maroc. Le départ du technicien teuton et le manque de précision sur l’organisation du travail des adjoints plongent l’encadrement technique dans l’incertitude.
Otto Pfister, 72 ans, a été recruté au mois de novembre 2007 comme entraîneur des Lions indomptables par Thierry Augustin Edjoa. Une décision contestée par la Fécafoot qui estimait, à l’époque, qu’il y avait eu vice de forme dans le processus de recrutement. Le technicien allemand s’était aussi vu confier la direction technique nationale. Selon des sources non officielles, son contrat de trois ans lui réservait un salaire mensuel d’environ 21 millions F Cfa par mois. Sur le plan sportif, Otto Pfister, trois mois après son arrivée, a conduit les Lions indomptables en finale de la Can 2008, perdue contre l’Egypte. Il quitte la tanière sur une défaite qui hypothèque la qualification des Lions pour la phase finale de la coupe du monde 2010 qui était d’ailleurs l’objectif assigné au moment de son recrutement.
Nana Paul Sabin(NE)