mercredi 26 octobre 2011
Vendredi dernier, le premier président de la Cour suprême s’est imposé plus de neuf heures de lecture des procès verbaux de l’élection présidentielle du 09 octobre 2011. Fidèle à un rituel qu’il connaît par cœur parce que l’exerçant depuis 1992, Alexis Dipanda Mouellè a tiré le rideau sur la scène et entériné la réélection de Paul Biya. En dehors de quelques frémissements de très faible amplitude, aucune action d’éclat en terme de contestation des résultats n’a été visible. Même les signataires de la déclaration de Yaoundé sont, tels des rats, restés terrés dans leur trou. On a aperçu certains assis tranquillement dans la salle d’audience, écoutant religieusement le show d’Alexis Dipanda Mouelle. On peu ainsi s’interroger sur les réelles motivations de l’opposition camerounaise, elle qui a invité à descendre dans la rue.
Plus de quatre jours sont passés, après le 21 octobre, l’invitation de l’opposition camerounaise n’est toujours pas suivie. Il y a eu un moment de grandes attentes et des peurs, mais le miracle n’a pas eu lieu. La messe est dite. Le désespoir est immense pour ceux qui se battent de façon loyale depuis 1992, pour que le Renouveau cède le fauteuil à une nouvelle équipe afin que celle-ci assure la transition à la démocratie. En procédant à la proclamation des résultats tels qu’ils ont été transmis par la commission de recensement général des votes malgré les irrégularités diverses, Alexis Dipanda Mouellè consacre l’autocratie. Dans cette enclave de l’insécurité, la démocratie camerounaise hésite à se pencher sur les incubateurs de la fraude, du viol des consciences, de la falsification des résultats et de la tricherie.
Le cirque n’a que trop duré
Des sources dignes de foi révèlent que le bloc des signataires de la déclaration de Yaoundé s’est disloqué, au prix des alliances de gosier et du clinquant. Soupçonnée d’être passées à la caisse, et d’autres pour avoir levé les enchères afin de mettre la pression et faire frémir le régime, l’opposition, du point de vue des stratégies, n’a pas présenté une structuration rigoureuse, ni des indicateurs permettant de lui faire confiance. Ils sont nombreux que l’on a vu défiler dans la surface de réparation de Martin Belinga Eboutou, directeur du cabinet civil auprès de qui ils ont émargé des faramineuses sommes d’argent.
La déclaration de Yaoundé n’a pas été suivie, parce que très rapidement, les populations, qui ne sont plus dupes, ont compris qu’il s’agissait pour certains « larrons enfoirés » d’user en abondance du chantage alimentaire pour obtenir des prébendes débitées dans le Trésor public camerounais. L’opposition avait refusé de décliner ses stratégies lors de la conférence de presse ; estimant que le moment était mal choisi pour se dévoiler. Mais les signataires en avaient-ils une ? « Les Camerounais qui s’étaient jusque-là embarqués par une opposition qu’ils croyaient crédible ou encore qu’elle avait mûri dans la lutte politique comprennent qu’ils sont pris entre deux feux ; dans un piège à cons. 19 ans après, le paysage qui tarde à se clarifier continue de s’assombrir. De plus en plus, s’éloigne la rage d’en finir avec un régime du renouveau aliénant et trop prenant », explique un politologue.
Par Souley ONOHIOLO(Le Messager)