mardi 1er mars 2011
Le président national du Social democratic front (Sdf) s’est confié hier à Le Messager, en marge de sa propagande contre Elecam à travers le septentrion.
Que peut-on retenir de votre meeting à Ngaoundéré ?
D’abord, je suis fier d’être ici dans l’Adamaoua (Ndlr, 24 février 2011) et j’aimerais remercier les partisans du Sdf et les Camerounais de Ngaoundéré qui sont venus nombreux m’écouter. Le message que nous avons délivré est que les Camerounais ont tellement souffert de la mauvaise gestion des élections et avec l’avènement d’Elecam nous constatons tous ce même disfonctionnement. Nous interpellons M. Biya, stopper cela et qu’ensemble nous fassions d’Elecam un organe indépendant capable d’organiser des élections neutres, libres et transparentes. Ce qui ferait du Cameroun un pays crédible et donnerait plus de dignité aux Camerounais. Les instances de défense des droits de l’homme au Cameroun sont mauvaises, les gouvernants aussi, et nous disons qu’Elecam tel qu’il se présente n’est pas à même d’organiser des élections transparentes et crédibles.
Est-ce à dire que vous êtes contre le processus d’inscription en cours sur les listes électorales ?
Nous disons que l’ensemble du processus est mauvais ; nous ne disons pas que je suis contre les inscriptions. Regardons ensemble, il y a des électeurs qui se sont fait inscrire 5 fois d’affilée. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une bonne inscription ?
Détenez-vous les preuves de votre déclaration ?
Naturellement ! Nous détenons des évidences concrètes. Je ne le dis pas pour le dire, j’ai des évidences concrètes, j’ai même des évidences pour l’élection présidentielle de 2004 où un électeur à dû s’inscrire sept fois.
Quelle est la position officielle du Sdf au sujet des manifestations du 23 février dernier à Douala ?
La position du Sdf est que le Sdf a eu des gens qui sont morts pendant que le parti lançait ses activités en 1990. La journée des martyrs à Douala a été mal préparée. Les gens ont pensé que la journée des martyrs était organisée pour créer la confusion. Si des gens veulent organiser des marches pour exiger le départ de M. Biya, qu’ils affichent clairement leur position et le disent clairement aux Camerounais. Il n’est pas question d’organiser une journée des martyrs et jongler pour la transformer en une marche contre Biya. Lorsque je m’inscris en faux contre Elecam, je ne le fais pas à face voilée et tout le monde est temoin, je ne change pas de discours.
Supposons que les textes d’Elecam restaient inchangés jusqu’à l’élection présidentielle. Quelle serait votre réaction dans ce cas ?
Il n’y aurait pas d’élection…
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire qu’il n’y en aurait pas. Vous ne comprenez pas mon langage ?
Qu’allez-vous faire concrètement, vous retirer ou boycotter l’élection présidentielle ?
Nous disons que les élections ne vont pas se tenir au Cameroun, non pas que nous allons boycotter. Il n’y aura pas élection au Cameroun avec de telles dispositions.
Les Camerounais vous ont vu ces dernières semaines aux côtés du président Biya. Est-ce à dire que vous êtes des amis dorénavant ?
Nous n’avons jamais été des ennemis avant. Et le fait que nous nous sommes donnés la main ne signifie pas que je partage ses aspirations. Si c’était le cas, je ne serais pas venu ici.
Pensez-vous que le vent des manifestions sociales en Tunisie, en Egype, Libye etc. pourrait souffler en direction du Cameroun ?
Si vous m’avez-bien saisi durant mes meetings, alors vous aurez retenu que cela a commencé au Cameroun. En 2008, ce sont les jeunes qui ont lancé les mouvements, ce n’est pas Fru Ndi qui les avait jetés dans la rue. Ceux qui ont voulu accrocher ces mouvements sur le cou de John Fru Ndi savent que ce n’est pas lui qui les avait envoyés. Mon message a toujours été que les Camerounais doivent se battre pour leurs droits. Pour les droits des journalistes, ce n’est pas Fru Ndi qui va se battre, mais vous-mêmes les journalistes et ainsi de suite avec les médecins, les enseignants...Lorsque le gouvernement ne veut pas se battre pour vous, vous avez le droit de vous battre pour vos droits.
Entretien avec Salomon KANKILI (Le Messager)