mercredi 4 août 2010
A presque 54 ans, l’ancienne ministre de la Promotion de la femme et de la famille a succombé à une longue maladie hier à Paris.
Nkul Kumu, ce mardi 03 août 2010. Pas âme qui vive à la résidence de la défunte, isolée au milieu de la forêt. Même le jeune qui en assure la garde d’ordinaire, a pris la route de Yaoundé, non sans avoir propagé l’onde de choc qu’il a reçu ce mardi, en apprenant la mort à Paris de l’ancienne ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille. Et Du coup, le village s’est drapé de tristesse. Les pistes sont désertes. « Plus que d’ordinaire », commente un riverain. « La mauvaise nouvelle nous a assommés », ajoute-t-il. Compréhensible. Car c’est dans ce village de l’arrondissement de Yaoundé 7, que traverse l’ancienne route Yaoundé-Douala, que Suzanne Bomback avait coutume de se retirer, loin du tumulte de la ville de Yaoundé.
Autre lieu, même tristesse. Sa seconde résidence, celle du quartier Essos, à Yaoundé.Sauf qu’ici la tristesse est nourrie par les peurs de la vingtaine de femmes assises à même le sol, dans l’étroite cour de la maison. Sur les circonstances du décès, pas grand-chose ne filtre. Tout juste apprendra-t-on de la part d’un des cousins de la défunte que le décès est survenu dans un hôpital parisien. « La ministre a été évacuée la semaine dernière. Elle était très malade. Mais au moment où l’on annonce son décès ce matin, elle n’était pas encore morte. Ce n’est qu’à 13h (heure de Paris) qu’elle a finalement rendue l’âme », nous indique sous anonymat, l’un des employés de la maison. Joint au téléphone, Serge Tamba, proche parent de la défunte indique que l’ancienne membre du gouvernement a été évacuée en France, après avoir passé « Quelque temps à l’Hôpital de la Caisse de Yaoundé ». « Il est encore très tôt pour parler de la nature de sa maladie », ajoute-t-il. Mutations a cependant apris de sources sûres que l’ex-ministre a eu un Avc le mardi 27 juillet 2010. Evacuée jeudi, 29 juillet 2010 à l’hôpital Cochin dans le quatorzième arrondissement de Paris, elle a succombé à la crise cardiaque.
C’est donc peu dire qu’elle a souffert. D’abord de la maladie consécutive à cet Avc qui a fait craindre le pire à plusieurs reprises, d’autant que l’évacuation de la semaine dernière couronnait plusieurs tentatives infructueuses. Ensuite de ses combats, notamment lors de son passage au gouvernement qu’elle avait rejoint le 08 décembre 2004. C’est elle qui eu l’audace des « mariages collectifs », moqués au début, avant de convaincre par la suite comme l’une des solutions efficaces au concubinage. C’est elle qui eu le courage « d’affronter » les chefs traditionnels de la partie septentrionale, sur la question de l’excision des femmes qu’elle réprouvait et combattait. Même sur le terrain de la politique, elle se signala et s’imposa comme un adversaire redoutable pour certains de ses camarades du Rdpc.
Au moment de sa sortie du gouvernement le 30 juin 2009, au moins un regret la hantait. Celui de n’avoir pas conduit à terme la réforme du code de la famille, réforme à laquelle elle avait consacré tous ses moyens. Elle sait désormais qu’elle ne terminera plus jamais ce chantier, ainsi que tous les autres qu’elle avait entamés. Tout comme elle ne soufflera pas sur sa 54ème bougie, le 10 octobre prochain.
Serge D. Bontsebe(Mutations)