mercredi 1er mai 2013
Pour sa 29ème édition (26 avril – 5 mai 2013), le festival Vues d’Afrique de Montréal rendra un hommage à la réalisatrice camerounaise Osvalde Lewat.
Elle recevra au cours de la soirée inaugurale du 26 avril, - en présence du ministre de la Culture et des Communications du Québec, M. Maka Kotto -, le prix Micheline Vaillancourt (décerné par le CIRTEF sur proposition de Vues d’Afrique).
Un prix qui viendra saluer le travail remarquable de cette journaliste devenue cinéaste et qui n’a cessé, depuis son premier film « Au-delà de la peine » (2003) jusqu’au récent « Land Rush » (2012) en passant par « Un amour pendant la guerre » (2005) et « Une affaire de nègres » (2009) de vouloir « nous éveiller de notre somnolence » comme elle nous confiait dans un entretien il y a deux ans.
Plusieurs fois récompensée pour ces films-documentaires engagés, socialement et politiquement, la « grande Osvalde » qui rêvait d’être psychothérapeute, aborde dans ses films la société, « notre société tel qu’elle est. ».
C’est ce travail d’arrache-pied, pour montrer et dénoncer certains maux de notre société, une tâche parfois difficile, mais qu’elle assume : « Je refuse le cinéma facile, où l’on s’assoit dans son canapé et absorbe de la façon la plus aliénante possible les images proposées. Je veux que les gens aient un vrai désir de mon travail. »… C’est cette passion qui sera récompensée le 26 avril prochain à Montréal. Le lendemain, au cours d’un ciné-apéritif, elle fera face au public et aux spécialistes pour parler de ses films, de son travail, du cinéma en Afrique et sans doute au Cameroun, son pays d’origine.
Vues d’Afrique : 29 ans de passion et de détermination
Le festival Vues d’Afrique confirme sa place et son rôle en Amérique du nord : être le reflet de l’Afrique contemporaine ; cette vitrine qui montre le continent africain « tel qu’il est et non tel qu’on veut ou pense qu’il est ». Devenu au fil du temps – 29 ans déjà – un rendez-vous incontournable, indispensable et nécessaire pour les artisans et les amateurs de cinéma.
Et comme pour justifier son appellation « Vues d’Afrique », le festival a misé sur une programmation riche et variée qui reflète les différentes « vues de l’Afrique » : une centaine de films provenant de plus trente pays et classées en cinq catégories : Fiction (8 longs métrages et 8 courts métrages), Documentaire ( 9 longs métrages et 13 courts métrages), Afrique Connexion (5 longs métrages, 18 courts et moyens métrages et des épisodes de 8 séries télévisées), Regards d’ici (plus de 15 films réalisés par des canadiens sur l’Afrique) et Droits de la personne (9 films participent de cette catégorie).
Une programmation éclectique dont se dégagent néanmoins certains thèmes tels que la place des enfants en Afrique dans des contextes de pauvreté, de conflits, etc… ; les révolutions arabes et leur impact ; des portraits de leaders africains (Thomas Sankara, Robert Mugabe, Moïse Katumbi…)
Le festival est aussi l’occasion de rencontres et d’échanges. La 29ème édition n’a pas dérogé à la règle et propose des ateliers, des colloques au cours desquelles les discussions porteront par exemple sur Haïti, la situation au Mali, mais aussi l’avenir des séries audiovisuelles africaines…
Pour tout savoir sur le festival Vues d’Afrique : www.vuesdafrique.org
Focus : Cameroun
Si au Cameroun – pays dans lequel la politique culturelle relève du mirage – le cinéma et ses travaillants tirent le diable par la queue, pour partager leur art, leur savoir-faire avec leurs compatriotes, des lieux comme le festival Vues d’Afrique, sont une extraordinaire opportunité et fenêtre pour l’international. Ils sont nombreux les cinéastes camerounais à être passés par Montréal pour promouvoir des œuvres cinématographiques : Basseck Ba Kobio, Jean-Pierre Bekolo, Francine Kenmegne, Joséphine Ndagnou, Cyrille Masso, Gervais Djimeli, etc...
Pour l’édition 29, en cette année 2013, on retrouvera les œuvres camerounaises dans la section Africa Connexion, cette section présentée depuis environ 5 ans par Vues d’Afrique et qui donne place à ce " nouveau cinéma", celui qui profite de l’essor de la vidéo et de la proximité avec Nollywood pour monter des films rapidement, avec peu de moyens mais une ingéniosité hors pair, et essentiellement destinés aux télévisions locales ou au marché des DVD/VCD. Pour la plupart, ce sont des courts métrages qui varient entre 5 et 8 mn. Et les camerounais semblent s’y adonner goulûment, à en juger par leur nombre dans cette catégorie (7 sur 21). On remarquera tout de même l’excellent film de Alain Fongue consacré à l’icône du football africain et dont le titre est " Roger Milla, les 4 vies d’une légende".
Par Cyrille Ekwalla (CIN / NP)