mercredi 15 juin 2011
Avocat au Barreau, il apprécie les conditions de détention dans les prisons camerounaises.
Que prévoit la loi en matière d’incarcération ?
Les dispositions légales prévoient qu’une personne détenue en prison doit être enfermée dans une cellule dans des conditions décentes. Ce qui n’est pas le cas dans les prisons camerounaises. L’article 551 du code de procédure pénal spécifie que toute personne détenue est incarcérée dans une prison. Or, au Cameroun, vous avez des personnes qui sont détenues en vertu d’un mandat de justice comme Alphonse Siyam Siéwé ou Titus Edzoa au Sed (gendarmerie). Ce qui n’est pas conforme aux dispositions précitées.
Des détenus dorment à même le sol ou à la belle étoile. Cela est-il recommandé ?
C’est une atteinte à la dignité de l’homme et une violation des droits de l’homme et des citoyens. Les prisons camerounaises sont surpeuplées (La prison de Douala était prévue pour 600 personnes. Il y en a près de 3000 aujourd’hui. Cette situation est intolérable. Tout cela parce qu’il n’y a pas de politique immobilière des prisons du fait des problèmes d’ordre budgétaire. Nous entendons depuis parler d’un projet de construction d’une grande prison près de Yassa qui serait le bienvenue. A cause de la surpopulation carcérale, les prisonniers sont obligés de dormir à la belle étoile et à même le sol dans l’aire de promenade de la prison. Lorsqu’il pleut, ils essaient de se protéger sous les auvents. Ce qui entraîne une multitude de maladies graves et plusieurs morts à défaut de soins et de moyens financiers.
Cette situation n’est-elle pas en contradiction avec les lois internationales sur les conditions d’incarcération ?
La charte africaine des droits de l’homme et des peuples signée par le Cameroun et ratifié par le parlement condamne cet état de fait qui est déploré par la communauté internationale. Une aide qui doit compléter un financement de l’Etat est prévue pour remédier à cette situation qui transforme les prisonniers en sous hommes, même ceux qui sont présumés innocents et en détention préventive. Le code de procédure pénal a voulu éviter l’inflation galopante de la population carcérale en écartant l’emprisonnement pour les délits commis par une personne qui a les garanties de représentations (domicile, travail…) et qui peut verser une caution. Par ailleurs, au point de vue international, les conditions de détention prévoient les cellules de 14m2 maximum pour deux personnes. Or, à Douala, les gens sont si nombreux que les lits sont superposés. Les détenus cherchent l’air pur à travers les trous dans un environnement irrespirable et pollué.
La cohabitation entre des brigands et des condamnés pour des délits est-il un problème ?
La nouvelle politique des prisons devrait être de placer les grands bandits dans des maisons d’arrêts où les évasions sont impossibles. Ils ne doivent pas être mélangés avec les prévenus parmi lesquels des mineurs. C’est en prison que les crimes, le faux et son usage sont enseignés et on y sort pire que lorsqu’on y entre. Au lieu d’être un lieu de réinsertion, les prisons camerounaises sont des écoles de crime. Le gouvernement est conscient de cet échec, mais n’arrive pas à lui trouver des solutions adéquates.
Propos recueillis par Blaise Djouokep (Jade)
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