dimanche 30 mars 2014
Monsieur le directeur général, six mois après votre arrivée à la tête de la compagnie, quel est l’état des lieux ?
Votre question m’offre l’occasion de donner quelques chiffres de la situation comparative entre notre arrivée la tête de Camair-Co et aujourd’hui. En commençant par les passagers transportés, entre octobre 2012 et décembre 2012, la Camair-Co avait transporté 77.951 personnes. Entre octobre 2013 et décembre 2013, nous avons transporté 89 857 passagers, soit une variation de 11.906 passagers en valeur absolue et 153 % en valeur relative.
Depuis le début de l’année 2014, nous avons maintenu la même tendance haussière de nos chiffres d’exploitation, avec un taux de croissance moyen global de près de 8 % de nos ventes passagers et fret. La régularité et la ponctualité de nos vols est actuelle¬ment de près de 98 %. Nous avions pour acte premier de resserrer nos liens avec notre clientèle. Et au vu des chiffres ci-dessus, je crois que vous pouvez vous-même juger. En tous cas je vois que la tendance est bonne et nous allons continuer.
Pour le reste, au cours des six premiers mois, nous nous sommes attelés à réduire le déficit d’exploitation de la compagnie qui s’alourdissait chaque mois. Nous avons pour cela résilié certains contrats qui pesaient négativement sur l’exploitation, nous avons revu d’autres. Cela fait partie d’un vaste Programme de « cost-killing » que nous allons poursuivre dans le cadre de notre plan de redressement 2014-2016.
En interne, nous avons engagé des actions fortes pour défendre le climat social et faire du dialogue social une priorité au sein de l’entreprise. La concertation est permanente entre la direction générale et les syndicats représentant le personnel.
Sur le plan de la qualité de l’amélioration, de notre niveau de conformité aux standards internationaux de l’industrie du ’transport aérien a également fait l’objet de Mes préoccupations et nous poursuivons eu en ce moment la dernière étape de notre certification IOSA et que nous espérons passer avant la fin du trimestre trois de cette année.
Au vu de la réalité, quel est voire « plan de vol » pour sortir définitivement Camair-Co de la zone de turbulence ? Des priorités ?
Nous avons plusieurs défis qui nous inter¬pellent dans les délais très brefs. Parmi ceux-là, nous avons fait comme priorité de notre action :
– Le redressement éco - financier de la compagnie. Nous avons pour cela présenté un plan de redressement au gouvernement qui l’a accepté. Nous allons maintenant l’implémenter.
– La certification IOSA de notre compagnie avant la fin de cette année. Cette certification va nous ouvrir plusieurs horizons, avec la possibilité pour Camair-Co de vendre les voyages dans, le monde entier, d’être admise dans les différentes chambres de la profession, ce qui ne se fait pas en ce moment.
– Rentabiliser les ressources humaines de la compagnie en les rendant plus productives - Asseoir la vision stratégique de la compagnie.
A quelles principales difficultés faites-vous face aujourd’hui ? Quelques motifs de satisfaction ?
Comme difficultés principales, on peut citer la taille et la configuration de notre flotte et notre situation de trésorerie. Ces deux aspects nécessitent l’appui de l’actionnaire unique qu’est l’Etat du Cameroun, Et la grande satisfaction est que le chef de l’Etat et le gouvernement tout entier à travers son chef et les ministres en charge de nous appuyer, montrent une disponibilité sans faille à nous aider à régler les problèmes cités plus haut.
En ce qui concerne la flotte, l’Etat met à notre, disposition deux avions cette année pour couvrir les lignes domestiques et deux avions supplémentaires l’année prochaine pour les lignes intercontinentales. En matière de trésorerie aussi, des dispositions sont en train d’être prises par l’Etat pour soutenir notre plan de redressement.
En interne, nous tirons aussi satisfaction de ce que nos recettes propres qui s’améliorent nous permettent de nous prendre en charge sans attendre forcément "la perfusion" de notre actionnaire, l’Etat.
Les créances de la Camair, puis de Camair-Co sûr l’Etat ont semblé être l’un des fadeurs les plus handicapants pour une saine gestion. La donne a-t-elle changé ?
Il faut dire tout de suite que nous ne vendons pas spécialement à crédit les places dans nos avions. Il est donc difficile que l’Etat en tant que client se retrouve fortement débiteur dans nos livres. Les fonctionnaires et ’les différentes administrations le savent, à la Camair-Co, les prestations se payent cash ou presque.
Avez-vous le contrôle de toutes les manettes pour gérer avec une efficacité optimale cette entreprise très sensible ?
Je ne peux me mettre à la place de l’autorité détentrice du pouvoir de nommer à ce poste, en l’occurrence le chef de l’Etat. Je note simplement qu’il m’a fait confiance et je dois mériter cette confiance la en travaillant sérieusement, en remplissant correctement mon contrat, et c’est ce que je fais.
Les lois et les règlements définissent les questions de pouvoirs et d’autorité sur ce qu’il y a faire et puis viennent la compétence et le patriotisme. En ce qui me concerne, je mesure bien les attentes qui Sont celles des Camerounais, des clients de Camair-¬Co, de ceux qui m’ont fait confiance, et je fais tout pour faire rayonner haut « L’étoile du Cameroun ».
D’aucuns trouvent le ciel camerounais un peu trop ouvert. Partagez-vous cette analyse ? La concurrence ne vous fait pas peur ?
Non, pas du tout, Camair-Co n’a pas peur de la concurrence, avec son premier vol le 28 mars 2011, la Compagnie va voir le troisième anniversaire de son lancement le 28 mars 2014. Il n’y a pas avoir peur de la concurrence. Nous avons un gap par rapport à certains confrères qui sont sur le marché depuis des décennies et qui ont plus de moyens matériels que nous, cela est vrai. Mais nous allons sans complexe aucun travailler pour imprimer notre marque, notre marché afin d’être dans moins d’une décennie parmi les cinq meilleures compagnies aériennes d’Afrique.
La flotte actuelle de Camair-Co semble-t-elle à la hauteur de vos ambitions, de votre plan d’action ?
Nous avons bâti notre plan d’action en fonction de notre vision stratégique et de nos moyens. Comme je l’ai dit plus haut, nous avons en ce moment une flotte de trois avions, ce qui est limite. Mais dans les mois à venir, nous envisageons de l’accroître et notre actionnaire unique qu’est l’Etat du Cameroun est résolu à nous aider à cela. Et nous explorons en ce moment aussi en in¬terne plusieurs possibilités de développe¬ment dans ce sens. Nous avons la force de nos ambitions.
Quelles perspectives pour Camair-Co court terme ?
Notre compagnie va s’arrimer dans les prochains mois à tous les standards internationaux de la navigation aérienne et s’engage à améliorer de manière graduelle et permanente ses prestations vis-à-vis de sa clientèle. Nous demandons à cette clientèle de continuer à nous faire confiance comme c’est le cas depuis six mois. Nous demandons étalement aux fonctionnaires et à tous les démembrements de l’Etat de voyager Camair-CO.
Nous allons dans les prochains mois nous mettre au service de nos compatriotes qui vont au pèlerinage à la Mecque et ce sera un plaisir de rendre service à nos frères et sœurs comme on l’a fait à la de¬mande du chef de l’Etat pour ceux qui étaient à Bangui. A court terme, nous allons faire aimer l’avion à nos concitoyens par des actions de marketing fortes.
Propos recueillis par MAKON ma PONDI (Cameroon Tribune)